Près de 200 personnes se sont rassemblées devant la préfecture, ce lundi 18 décembre vers midi, à l’appel des collectifs AUI-Alerte, Migrants en Isère et Cisem. Ils entendaient protester contre le manque de places d’hébergement d’urgence en Isère et contre la circulaire Collomb visant, selon eux, à trier les migrants en fonction de leur situation administrative.
Le froid et la neige tombant en continu n’ont pas découragé les manifestants. Ils étaient ainsi près de 200 ce lundi midi, devant la préfecture, à avoir répondu à l’appel des collectifs AUI-Alerte (Associations unies Isère), Migrants en Isère et Cisem (Coordination iséroise de solidarité avec les étrangers migrants).
Dans leur viseur notamment, les carences de l’accueil d’urgence dans le département. D’après une enquête menée par ces organisations, il manquerait ainsi environ 3 500 places d’hébergement en Isère (à la fois pour les sans-abri de nationalité française et les demandeurs d’asile), dont 1 600 pour les seuls migrants. « Des chiffres que la préfecture n’a jamais démentis », souligne Monique Vuaillat.
Représentant l’Association de parrainage républicain des demandeurs d’asile et de protection (Apardap) et Migrants en Isère (collectif regroupant plus d’une quinzaine d’associations), celle-ci rappelle qu’il y a aujourd’hui « des gens qui dorment au parc Paul-Mistral, dans des voitures, à la gare ou dans des halls d’immeubles ».
Parmi eux, beaucoup sont des mineurs non accompagnés, selon la militante. « Au parc Paul-Mistral, il y avait des jeunes de 14 – 15 ans. S’ils sont mineurs, ils n’ont pas de papiers et pendant la procédure – ça peut prendre trois, quatre voire six mois – ils n’ont droit à rien, même pas un hébergement. »
« Une remise en cause du principe du droit à l’hébergement inconditionnel »
Les manifestants protestaient également contre la circulaire Collomb consistant à envoyer des “équipes mobiles” dans les centres d’accueil pour recenser les migrants et ensuite les orienter vers des structures différentes selon leur statut.
D’après le projet du ministre de l’Intérieur, « les centres d’hébergement devront donner des informations sur la situation administrative des personnes accueillies pour trier les migrants entre ceux qui ont des papiers et ceux qui n’en ont pas », dénoncent de concert Monique Vuaillat et Jo Briant, du Centre d’information interpeuples (CIIP).
« C’est une remise en cause scandaleuse du principe du droit à l’hébergement inconditionnel, qui est un devoir humanitaire », s’indigne une manifestante. « Jacques Toubon l’a dit ce matin sur France Inter, c’est très bien de sa part », note d’ailleurs Monique Vuaillat.
Invité de la radio publique, le Défenseur des droits a ainsi admis qu’il devait affronter une « situation difficile. Il y aurait un tri, une intervention dans certaines préfectures des services de police à l’intérieur des centres sociaux d’hébergement d’urgence, avec tous les risques de conflits », que cela peut engendrer, a‑t-il déclaré.
Enfin, les collectifs ont de nouveau réclamé l’abandon de la procédure Dublin. Selon celle-ci, l’État de l’Union européenne par lequel est entré le migrant ou dans lequel il a été contrôlé est le seul responsable de l’examen de la demande d’asile.
Or, précise Monique Vuaillat, « les migrants arrivés en France sont souvent venus par l’Italie mais désirent demander l’asile en France, d’une part car l’accueil en Italie est loin d’être optimal et d’autre part pour des raisons linguistiques ».
Manuel Pavard