Les Alpes françaises verdissent. Et les plantes de haute altitude sont parmi les grandes bénéficiaires du réchauffement climatique. Une étude du laboratoire d’écologie alpine de Grenoble, en lien avec le parc national des Écrins, vient de le montrer.
Les sommets des Écrins sont plus verts aujourd’hui qu’il y a trente ans. C’est le résultat d’une étude menée dans le cadre d’une thèse au laboratoire d’écologie alpine de Grenoble en partenariat avec le parc national des Écrins.
Les scientifiques avaient déjà constaté le verdissement de la zone arctique mais, pour la première fois, une étude détaillée montre que le même phénomène est à l’œuvre dans les Alpes françaises.
Contrairement à une idée répandue, les plantes de haute altitude sont donc parmi les grandes bénéficiaires du réchauffement climatique observé ces dernières décennies en Oisans. Avec la diminution de la durée d’enneigement et le réchauffement estival, une fraction importante de l’étage nival se transforme en habitat favorable pour ces plantes.
« Depuis le milieu des années quatre-vingt, la durée de l’enneigement dans les Alpes françaises s’est significativement réduite et les températures estivales ont augmenté », explique Philippe Choler, coordonnateur de ce travail aux côtés de Wilfried Thuiller, dans le cadre de la thèse de Brad Carlson. « Les scientifiques ont donc cherché à voir si ce changement climatique s’était traduit par une réponse de la végétation de montagne au cours des trente dernières années. Ils ont également voulu comprendre quels étaient les types de végétation qui répondaient le plus à ces évolutions du climat. »
Les deux-tiers du parc des Écrins ont verdi entre 1984 et 2015
Des images satellite de haute résolution couvrant la période 1984 – 2015 ont permis d’étudier l’ensemble du territoire du parc national des Écrins, avec ses cent cinquante sommets culminant à plus de 3 000 mètres d’altitude.
Sur cette période, les deux-tiers de la surface du parc connaissent une tendance significative au verdissement alors que moins de 5 % des surfaces révèlent une tendance inverse, constatent les chercheurs. Et cette tendance est particulièrement nette à l’étage nival, c’est-à-dire dans la tranche d’altitude située entre la limite supérieure des alpages et la limite inférieure des neiges permanentes.
« Il s’agit d’une zone faiblement végétalisée dominée par des éboulis, des vires rocheuses, des cordons morainiques, etc. L’analyse complémentaire de photographies aériennes et des échanges avec les agents du parc confirment que la colonisation végétale de ces zones au cours des trois dernières décennies est très nette. »
Des études similaires sont en cours sur d’autres massifs des Alpes françaises, notamment dans le massif du Mont Blanc, dans le cadre du programme Sentinelles des Alpes soutenu par l’Agence française pour la biodiversité. En parallèle, des observations au sol plus approfondies sont conduites pour parfaire la connaissance des mécanismes en jeu dans les secteurs montrant de fortes réponses.
PC