REPORTAGE VIDÉO – Réunissant voyants et déficients visuels, le torball, sport de balle créé en Allemagne après la Seconde Guerre mondiale, prend de l’ampleur dans la capitale des Alpes. La première des trois équipes grenobloises vise notamment l’accession en Première division cette saison.
Chaque mercredi après-midi, le gymnase du groupe scolaire Ferdinand-Buisson à Grenoble se transforme en terrain de jeu pour la pratique du torball. Plots délimitant les buts, six tapis de sol, trois fils tendus avec des clochettes à 40 centimètres du sol, un ballon sonore et c’est parti ! Deux équipes de trois personnes équipées d’un masque opaque s’affrontent sur deux mi-temps de cinq minutes avec une pause au milieu. Objectif : inscrire plus de buts que l’adversaire.
L’attaquant doit lancer le ballon sans qu’il ne touche, ou ne dépasse, les fils ou ne sorte de l’aire de jeu, de seize mètres sur sept. Le défenseur essaie, lui, grâce au bruit du ballon, d’anticiper où l’attaquant va le lancer. Il s’allonge au sol pour l’arrêter et avoir la possibilité ensuite, à son tour, de marquer. Grâce aux masques, voyants et déficients visuels peuvent ainsi jouer ensemble et se retrouvent sur un pied d’égalité.
Retour en images sur quelques séquences de la séance d’entraînement de ce mercredi 22 novembre
Reportage Joël Kermabon
Être à l’écoute et toujours en mouvement
Le torball est une discipline relativement ancienne. Elle a été créée en Allemagne après la Seconde Guerre mondiale pour occuper les soldats blessés et aveugles. Mais elle reste encore relativement méconnue dans l’Hexagone. « En France, le torball n’a pris son apogée qu’en 1984 », explique Marc Vieljus, responsable de la section torball de Grenoble handisport, qui pratique depuis quinze ans et entraîne les féminines.
Les qualités requises ? « Pour être un bon joueur, il faut avoir de l’écoute parce que c’est un sport qui se joue dans le noir [avec le port des masques, ndlr] », précise Marc Vieljus. « Il faut également être actif parce que c’est un jeu où il faut toujours être en mouvement. Il y a trois phases en torball : une phase d’attente, à genoux, une phase de défense, allongé une fois que le ballon arrive, et une position debout, en attaque, pour aller tirer et marquer un but. »
C’est sous l’impulsion de ce Marseillais que ce sport, qui n’existait qu’en loisir à Grenoble, s’est développé et a maintenant des équipes engagées en compétitions. L’équipe masculine évolue en Deuxième division, de même que les féminines, et la réserve en Quatrième division.
« J’ai commencé le torball à l’Arc-en-Ciel, une école des non-voyants, à Marseille, où ce sport existe depuis très longtemps. Cela a été une vraie passion », raconte Marc Vieljus. « Quand je suis arrivé à Grenoble, il y a cinq ans, j’ai vraiment voulu monter une équipe en compétition. Cela a bien marché. Nous sommes fiers aujourd’hui parce qu’à Grenoble il n’y a pas beaucoup de sports pour les déficients visuels. »
Benoît, 14 ans, joueur dans l’équipe réserve, souligne l’apport de la compétition pour lui. « Je joue depuis trois ans. Je prends toujours autant de plaisir si ce n’est plus aujourd’hui parce que, du coup, j’avance. Avant, je me lassais un peu parce qu’il n’y avait que les entraînements. Maintenant que je suis en compétition, je m’amuse plus. »
Un grand tournoi à Grenoble, ou dans l’agglomération, en mai 2018
Les résultats suivent. « Nous avons remporté le tournoi jeunes à Poitiers fin octobre », souligne Benoît. Un succès qui succédait déjà à une victoire à Marseille. « Il y a du niveau », se félicite Marc Vieljus. « Ils ont gagné un match 12 – 2 et un autre 11 – 1. Je suis fier de cette équipe-là, la réserve est assurée. Nous, les “vieux”, pouvons prendre notre retraite », sourit-il.
Des performances qui collent aux ambitions élevées du club grenoblois. « Notre premier objectif est de monter en Division 1, clairement, donc finir dans les trois premiers », annonce le responsable de la section torball. «
Pourquoi pas, du coup, accéder en Division 3 en réserve ? Et pour les filles ensuite, atteindre la Division 1, ce serait sympa. »
En tout cas, ceux qui veulent découvrir le torball pourront notamment le faire le 26 mai 2018. « Nous organisons pour la deuxième année consécutive un grand tournoi avec plusieurs équipes de Division 2 », précise Marc Vieljus. « Nous recherchons un gymnase où il faut qu’il y ait au minimum cinq vestiaires, quatre pour les joueurs et un pour les arbitres. »
Les Grenoblois l’ont emporté à “domicile”, à Gières, en 2017. Bis repetita l’an prochain ?
Laurent Genin