DÉCRYPTAGE – L’installation européenne de rayonnement synchrotron de Grenoble (ESRF) a inauguré, ce 10 novembre sur son site, Cryo-EM, une plateforme de cryo-microscopie électronique. De quoi compléter sa panoplie de techniques exploratoires de la structure des biomolécules dont la cristallographie aux rayons X a fait sa réputation. Dans quel objectif ? Se maintenir dans le peloton de tête des synchrotrons et permettre aux scientifiques du monde entier de combiner les techniques afin d’examiner de près toutes sortes de biomolécules. Le tout sans contrainte de taille ou de complexité.
La dernière acquisition de l’ESRF ? Le cryo-microscope électronique (Cryo-EM), Titan Krios pour les intimes. « C’est le top de ce qu’on peut acheter, une vraie Ferrari ! », se félicite Christoph Mueller-Dieckmann, scientifique principal en charge de l’instrument. D’une valeur de plus de 5 millions d’euros, Titan Krios installé sur le site en juillet dernier, a été inauguré en grande pompe vendredi 10 novembre.
En sus de scientifiques de renom et l’équipe en charge de la plateforme, étaient également présents des représentants des trois autres partenaires* de l’installation Cryo-EM ainsi qu’un parterre de politiques**.
« La biologie structurale connaît au XXIe siècle sa plus grande révolution »
Introduction d’un échantillon dans le cryo-microscope électronique Titan Krios. © ESRF/Stef Candé
Il fallait bien cela. Couplé à un laboratoire de préparation d’échantillons, l’appareil entièrement automatisé est capable de fonctionner vingt-quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur sept. Du reste, cette installation de pointe constitue l’un des nouveaux fers de lance pour accompagner le plein essor de la biologie structurale.
Depuis sa création en 1989, l’Installation européenne de rayonnement synchrotron de Grenoble met ainsi à disposition des biologistes moléculaires des outils exploratoires hors pairs de la structure atomique des biomolécules.
Une dynamique de modernisation continuelle de l’ESRF qui s’avère particulièrement payante. Plus de 9 000 scientifiques du monde entier viennent ainsi y mener des expérimentations chaque année.
Les biologistes moléculaires ne demandent pour leur part qu’à voir pour comprendre. Visualiser la forme des molécules du vivant, seules ou en interaction avec d’autres, leur permet d’en déduire leur fonctionnement, dans la mesure où il existe une relation entre la structure des molécules et leur fonction dans l’organisme. Mais pas seulement. Visualiser la structure des biomolécules leur permet également de dresser le profil structural de cibles thérapeutiques.
Et les avancées scientifiques dans le domaine vont bon train. « Au XXIe siècle, la biologie structurale connaît, au même titre que le spatial, sa plus grande révolution grâce aux avancées technologiques », rappelle Geneviève Fioraso, ex-ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Avec ce nouvel équipement, qui vient compléter sa panoplie de techniques microscopiques, « le synchrotron européen se dote d’une force de frappe unique au monde en matière de biologie moléculaire », souligne Francesco Sette, directeur général de l’ESRF, soucieux de maintenir le rang mondial de l’installation.
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