DÉCRYPTAGE – « ABC », démonstrateur de logements très innovants, sera bien construit fin 2019 sur l’écocité Presqu’île par Linkcity, filiale de Bouygues Construction. Avec la bénédiction de la majorité Rassemblement citoyen solidaire écologiste (RCSE) de la Ville de Grenoble, qui déroule le tapis rouge à la multinationale, sans rechigner sur les surcoûts. Reniement, renoncement ou pragmatisme ?
Fin 2019, les logements livrés par Linkcity, filiale de Bouygues Construction, sur l’écocité Presqu’île, quartier Cambridge à Grenoble, seront une première pour la multinationale du BTP. Cette dernière va en en effet tester son concept « ABC » pour « Autonomous Building for Citizens » conçu avec Valode & Pistre architectes.
De quoi s’agit-il ? De concevoir un immeuble d’habitation visant l’autonomie en énergie et même en eau, et le « mieux vivre ensemble », entre autres… A fortiori, ce sera aussi une première pour la Ville de Grenoble qui compte tirer avantage de ce coup d’essai.
« Ce qu’on va apprendre sera diffusé ailleurs », assure Vincent Fristot, adjoint EELV à l’urbanisme. Si toutefois le concept est effectivement probant. Point qui sera à vérifier à l’issue d’une évaluation du projet sur une période de cinq ans, prévue conjointement par le bailleur Grenoble Habitat et Bouygues Construction.
Perspective du projet ABC construit par Linkcity, filiale de Bouygues Construction, sur l’écocité Presqu’île à Grenoble. DR
Favoriser le partenariat entre des collectivités et des entreprises qui veulent innover pour la transition écologique : tel est l’un des principes caractérisant les territoires labellisés « écocité » en France, dont la Presqu’île de Grenoble fait partie.
Au passage, et l’État s’en félicite, la croissance économique a tout à y gagner. Les entreprises expérimentent et se font la main, développent leur savoir-faire qu’elles vont ensuite capitaliser et proposer dans leurs prestations en France et à l’étranger.
Les Verts, opposés au projet à l’époque de Michel Destot
Jouant le jeu de l’écocité, en juillet 2013, Michel Destot, maire de Grenoble et sa majorité PS-Modem vote en conseil municipal (délibération 37) une convention de partenariat de recherche et de développement avec Bouygues pour la construction d’un « démonstrateur ».
Outre le groupe “Ensemble pour Grenoble” (UMP-Nouveau Centre et Société civile), les écologistes figurent parmi les opposants. Motifs avancés par les Verts : il vaudrait mieux faire travailler les PME locales et les centres de recherche publique plutôt que les multinationales. Une intervention toujours consultable sur le site du groupe.
Trois ans plus tard, aux commandes de la Ville, les écologistes ont visiblement revu leur jugement et changé leur fusil d’épaule. Ils ont voté sans hésitation, de concert avec leurs collègues du Parti de gauche et du Réseau citoyen, en faveur de la vente et de la cession du terrain à Bouygues Construction, lors du conseil municipal du 25 septembre dernier.
Le projet a‑t-il évolué ? D’une certaine manière, oui. Mais sur le fond, les acteurs sont toujours les mêmes. Quant au montage financier, il est susceptible de soulever quelques interrogations.
Le 25 septembre dernier, en conseil municipal, la majorité RCSE a donc voté, avec 48 voix, la cession et la vente des terrains à Linkcity, la filiale de Bouygues Telecom.
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