FOCUS – La compagnie de danse Épiderme présente sa nouvelle création : Saisons f®ictions. Un danseur et une danseuse évoquent sur scène le cycle des saisons, et le rapport au temps comme le rapport au corps et à la peau qu’elles sous-tendent. Première représentation à La Rampe d’Échirolles, mardi 7 novembre 2017.
Après avoir revisité Stravinsky dans sa Crasse du Tympan (et non Sacre du printemps) en 2015, la compagnie de danse Épiderme menée par le chorégraphe Nicolas Hubert investit les saisons dans Saisons f®ictions. Un titre où l’on retrouve le goût de la parenthèse, récurrent dans nombre des créations de la compagnie, symbole des croisements et des ambiguïtés.
L’origine de ce nouveau projet ? Partir d’un sujet universel, lourd de sens pour chacun d’entre nous, et qui nourrit l’imaginaire humain depuis des millénaires : les saisons. Avec ce grand avantage que les saisons ne nécessitent aucun prérequis culturel. Une volonté de la part du chorégraphe : « Si on lui parle de saisons, un enfant de quatre ans sait déjà ce que c’est, et je voulais un sujet qui ne soit pas du tout référentiel », explique ainsi Nicolas Hubert.
Travailler les états de corps
Cette fois, seuls deux danseurs seront présents sur scène : Nicolas Hubert et Giulia Arduca, également chorégraphe. Sans oublier le musicien, batteur et compositeur, Emmanuel Scarpa, toujours visible mais plus ou moins impliqué dans la scénographie en fonction des saisons. Un homme et une femme, donc, pour danser les saisons avec la volonté affirmée « d’inventer un langage corporel ».
« Nous avions envie de travailler sur ce que l’on appelle les états de corps, quelque chose qui ne soit ni dans une danse abstraite, ni une danse théâtrale, qui traduit de la façon la plus expressive des états ni complètement psychologiques, ni complètement physiques », résume Nicolas Hubert. De fait, Saisons f®ictions parle du temps mais aussi… des corps.
« Les saisons imprègnent les corps »
« Les saisons imprègnent fortement les corps : un corps en plein hiver n’est pas un corps en plein été, ils n’ont pas le même tonus », ajoute encore Nicolas Hubert. Tandis que Giulia Arduca développe la « théorie de l’oignon » : « changer de saison, ça nous fait changer de peau. On travaille avec des strates, des couches, que l’on enlève ou que l’on rajoute. »
Teaser de Saisons f®ictions – compagnie Épiderme © Nicolas Hubert – Viméo
Nicolas Hubert le fait d’ailleurs remarquer : alors que la compagnie Épiderme existe depuis 2002, cette création est sans doute celle qui correspond le plus à son nom. La notion de peau revêt toute son importance dans Saisons f®ictions, entre peau nue contre peau nue, ou pelisses épaisses aux saisons froides. Les saisons posent la question de l’espace domestique, du dedans et du dehors autant que de l’espace intime, celui d’une peau couverte ou dénudée.
La friction est ici, dans ce rapport aux corps, cette proximité fusionnelle des peaux que souhaitent mettre en scène les deux danseurs. Et la fiction ? « C’est une notion importante, mais nous ne racontons pas une histoire », insiste le chorégraphe. « J’aime poser des images, que le spectateur puisse se raconter plusieurs fictions. Je n’impose pas une direction, mais j’aime que cela soit un support », précise-t-il.
Un couple-métaphore ?
Les deux artistes se défendent par ailleurs d’avoir voulu raconter la “simple” histoire d’un couple, quand bien même cette configuration leur a permis d’explorer certaines pistes. « On n’a pas voulu en faire un sujet, mais c’est devenu l’objet par moment », reconnaît Nicolas Hubert. Un couple-métaphore, comme le sont les saisons, porteuses de temps et de mémoire sensorielle ?
Soutenue par la Ville de Grenoble, le Département, la Région comme la Drac (Direction régionale des affaires culturelles), Saisons f®ictions sera représentée pour la première fois le mardi 7 novembre à 20 heures à La Rampe d’Échirolles. Prochaine date connue en mars 2018, au Théâtre Jean Vilar de Bourgoin-Jallieu. En souhaitant à la compagnie de nouvelles dates… pour que la saison soit bonne.