Un groupe anonyme composé de personnes auto-déclarées « meufs » revendique l’incendie de la caserne de gendarmerie de Meylan. Dans la nuit du 25 au 26 octobre, plusieurs véhicules personnels de militaires avaient en effet été détruits par les flammes, sans qu’aucune victime ne soit à déplorer.
Un « empowerment de praxis ». À savoir, une “autonomisation des actions”. C’est avec ce titre qu’un groupe anonyme de « meufs » revendique l’incendie volontaire de la gendarmerie de Meylan, survenu dans la nuit du 25 au 26 octobre. Publié sur le blog Attaque, le texte inscrit l’acte criminel dans le cadre… de la lutte contre le sexisme et le genre.
« Nous ne voulons pas rester dans la position de victimes dans laquelle la société voudrait nous placer en nous reconnaissant comme meufs », revendique le groupe en question. Qui refuse le « besoin de figures fortes » pour sortir les femmes de ce statut de victime, « de médecins pour [les] soigner, d’hommes pour [les] épauler, d’enfants pour [les] épanouir, de flics pour [les] protéger ».
Un incendie motivé par la « revanche » contre le découragement
Quel rapport avec l’incendie d’une gendarmerie ? Une « envie de revanche », écrivent les auteurs de la missive. « On prépare nos revanches pour toutes les fois ou l’on s’est découragées en se persuadant que l’on était pas capables, qu’on avait pas les compétences, pas la force, pas les moyens, pour désamorcer cette logique qui nous fait repousser à toujours plus tard le moment d’exprimer nos colères et nos désirs. »
Une missive qui indique encore avoir pris sciemment pour cibles les véhicules personnelles des « flics »* : « On avait envie de s’attaquer plutôt aux individus qui portent les uniformes qu’à leur fonction, plutôt à leurs biens personnels qu’à leurs outils de travail. […] Si derrière l’uniforme il y a un humain, c’est à lui que nous avons cherché à nuire. »
Une narration sur le mode de l’aventure
Par la suite, le texte décrit le mode d’action de l’incendie avec quelques détails pratiques et à travers une mise en scène insistant volontiers sur le champ lexical de l’aventure entre amies.
« Un dernier sourire et un câlin », « un éclat de rire », « on se sentait légères, fortes, soudées »… Autant d’éléments narratifs qui débouchent sur l’affirmation d’un fantasme de toute-puissance que les « meufs » auto-déclarées n’entendent pas se laisser ôter, mais comptent bien au contraire « faire grandir ».
Enfin, la lettre se termine sur une dédicace aux « deux personnes incarcérées de l’affaire de la voiture de flics brûlée » et « aux inculpé.es de Scripta Manent »**. Sans oublier bien sûr, en post-scriptum, d’évoquer les « journaflics » en renvoyant vers le traitement médiatique de cette « magnifique attaque ».
FM
- * Pour rappel, le terme argotique “flic” désigne usuellement les policiers, et non les gendarmes.
- ** Du nom d’une opération menée par la police italienne contre des groupuscules anarchistes.