FOCUS – Le 15 octobre, l’équipe féminine du GF38 a disputé son dernier match à Lesdiguières avant un long moment. Sans stade fixe, les footballeuses grenobloises joueront leurs deux prochaines rencontres à domicile à Moirans. Pour la suite, elles sont dans l’expectative. La Ville de Grenoble va leur proposer d’évoluer au Clos d’Or en s’engageant à y ériger une tribune en 2018.
On peut être leader invaincu en Deuxième division et se retrouver STF : sans terrain fixe. C’est ce qui arrive aux footballeuses du Grenoble Foot 38. Dimanche 15 octobre, la réception d’Yzeure (1−0) a en effet correspondu au dernier match qu’elles ont disputé au stade Lesdiguières avant plusieurs mois.
Il faut dire que l’enceinte est très demandée à la Ville de Grenoble. La semaine, les rugbymen du FCG s’y entraînent. Le week-end, elle accueille les rencontres du GF38 féminin, des Amazones en rugby féminin, des Centaures en football américain et même des Espoirs du FCG.
La piste du stade Vercors écartée
Plusieurs équipes se partageant le stade, cela demande une certaine organisation. « Cela fait deux saisons que nous avons un quota de matches à Lesdiguières », explique Nicolas Bach, directeur sportif et entraîneur du GF38 féminin.
« Cette année, nous en avons cinq, nous en avons déjà joué quatre. Nous avions normalement deux matches de prévus à la fin de la saison, contre Saint-Étienne et Dijon. Nous avons perdu le premier. Pendant la période hivernale, nous n’avons plus accès à ce stade. » La Ville de Grenoble veut en effet épargner la pelouse l’hiver, quand les conditions climatiques se dégradent, pour qu’elle soit de bonne qualité au printemps.
Alors, où va donc jouer le GF38 féminin ? « Le choix de la Ville est de favoriser le sport féminin sans aucune discussion », insiste Sadok Bouzaïene pour lever toute ambiguïté. L’adjoint aux Sports de Grenoble pensait d’ailleurs avoir trouvé la solution pour les féminines. « Nous leur avons proposé de prendre le terrain du stade Vercors qui a été rénové l’année dernière, avec un synthétique de dernière génération, pour pallier en hiver l’utilisation des pelouses en gazon. C’était un choix réfléchi de la Ville », assure l’adjoint. Problème : les blessures plus nombreuses avec le synthétique, avance le club. Les joueuses ne veulent donc pas y retourner après s’y être entraînées et y avoir parfois joué la saison dernière.
Océane Grange, joueuse du GF38 : « Lesdiguières, c’était vraiment la maison »
Pour leurs deux prochains matches à domicile en novembre, les footballeuses grenobloises vont s’exiler à Moirans. « Après, nous ne savons pas. Nous continuons à chercher », confie Nicolas Bach. « Nous souhaitons pouvoir avoir un minimum en termes d’accueil et de conditions de match. C’est-à-dire une bonne pelouse, une petite tribune pour 500 à 1 000 personnes maximum et des installations qui permettent d’accueillir les adversaires dans une salle de réception pour la collation d’après-match, et éventuellement les partenaires, pour créer une dynamique autour de l’équipe », détaille le patron du sportif.
« En 2018, nous aurons cinq matches importants. Nous aimerions bien tous les jouer à un seul endroit, poursuit Nicolas Bach. C’est mon souhait, histoire de créer une identité, des habitudes pour les joueuses. Nous mettons les adversaires dans de bonnes dispositions en recevant ailleurs. »
Les Grenobloises regrettent déjà l’enceinte de l’avenue Albert-Reynier, à l’image d’Océane Grange. « Lesdiguières, c’était vraiment la maison. Nous avions nos habitudes. Nous avons toujours gagné là-bas. En allant à Moirans, ce qui est assez loin, nous avons vraiment l’impression de jouer à l’extérieur un match à domicile. » La joueuse ajoute : « Ne pas savoir où nous allons jouer après, c’est encore plus embêtant. Nous aimerions bien avoir nos repères. »
Alors que le GF38 féminin pourrait accéder à la Première division en fin de saison, « nous ne cherchons pas la polémique, nous faisons des constats, c’est tout », indique Nicolas Bach. « Je constate que sportivement nous n’allons pas être dans les meilleures dispositions pour pouvoir jouer cette montée et je trouve ça dommage », déplore l’entraîneur, sans toutefois vouloir s’en servir d’excuse en cas d’échec.
Le Clos d’Or, la solution ?
Pour tenter de résoudre ce problème de stade, Sadok Bouzaïene va formuler au directeur sportif grenoblois une autre proposition : jouer au Clos d’Or, rue de Stalingrad, et y ériger « une petite tribune de 180 – 200 places » durant l’année 2018, comme il nous l’a confié ce mercredi 25 octobre.
« La volonté de la Ville est de mettre les filles tout près du centre-ville pour avoir plus facilement un public qu’à Lesdiguières », précise l’adjoint aux Sports de Grenoble. « À Lesdiguières, 60, 70 ou 100 personnes grand maximum sont perdues dans une enceinte de 12 000 places. […] Je suis convaincu que si elles jouent au Clos d’Or, elles auront plus de spectateurs et spectatrices parce qu’il y a une meilleure accessibilité [en transports en commun, ndlr] le dimanche qu’à Lesdiguières. »
Avec les très bons résultats du GF38 féminin et la perspective de la Coupe du monde féminine en 2019, dont le stade des Alpes accueillera plusieurs rencontres, le contexte est propice à la promotion et au développement du foot féminin au niveau local. Il ne faudrait pas que ces questions de stade viennent les freiner.
Laurent Genin