FOCUS – En l’absence de toute avancée significative de la part du gouvernement ou de leur direction, les salariés grévistes de GE Renewable Energy (GE Hydro) ont entamé, ce lundi 9 octobre, leur sixième jour d’occupation du site. Réunis en assemblée générale dans le courant de l’après-midi, ils ont voté la reconduction de leur mouvement au moins jusqu’à ce mercredi 11 octobre.
Les lignes ne bougent pas dans le conflit qui oppose la direction de GE Hydro à ses salariés. Toujours en cause, le plan social menaçant 345 emplois dont ils demandent la suspension.
Faute d’avancées tangibles, tant du côté de l’État que de celui de la direction, l’intersyndicale qui bloque le site depuis le 4 octobre a convié les salariés à une assemblée générale, ce lundi 9 octobre dans l’après-midi. Objectif ? Outre la reconduction de l’occupation de l’usine, décider, ensemble, des actions à venir et de la forme qu’elles pourraient prendre.
Le blocage de l’usine a été assoupli
Durant le week-end écoulé, les grévistes, qui assurent « ne rien lâcher », ont reçu la visite de différentes personnalités politiques locales. Notamment des maires de Fontaine, Grenoble, Saint-Martin-d’Hères et Échirolles. Mais aussi celle de Guillaume Gontard, sénateur de l’Isère fraîchement élu, qui leur a assuré son total soutien pour la sauvegarde la filière hydroélectrique.
En fin de semaine dernière, la direction avait évoqué la possibilité d’une assignation en référé qui aurait permis aux salariés qui le souhaitaient de reprendre normalement leur travail. Une menace qui semble avoir fait long feu puisque, dans l’après-midi, l’intersyndicale a appris par courriel qu’elle était relancée par la direction.
De fait, si Laurent Carme, le directeur du site, estime que le blocage du site depuis six jours « a et aura une incidence significative » sur l’activité de l’entreprise, ce dernier tempère, en espérant « qu’une issue non judiciaire soit trouvée ».
L’intersyndicale et les grévistes ont, de leur côté, assoupli le blocage du site. Désormais, tous les salariés qui veulent entrer dans l’usine le peuvent, y compris la direction. « Mais il n’y en a aucun qui se soit présenté », souligne malicieusement Claude Villani, délégué CGT.
« Notre salut ne pourra passer que par la médiatisation »
« Les deux jours à venir sont très importants, il faut vraiment qu’on mette le paquet », lance au micro un membre de l’intersyndicale CFDT, CFE-CGC et CGT de GE Renewable Energy (GE Hydro). « Nous avons demain [mardi 10 octobre, ndlr] une très grande fenêtre médiatique qui s’ouvre devant nous qui est la manifestation des fonctionnaires », harangue le syndicaliste.
Qui propose de profiter de cette occasion pour qu’une délégation rejoigne le cortège une fois parvenu à son arrivée place de Verdun en vue d’une prise de parole.
Comme autre proposition, celle qu’une autre délégation puisse monter à Paris – tout en continuant à tenir le site –, ce mercredi 11 octobre.
La raison de ce déplacement ? L’audition par la Commission des affaires économiques du Sénat de Henri Poupart-Lafarge, président-directeur général d’Alstom. « On va leur montrer à l’Assemblée là-bas (sic) ce que les salariés sont prêts à faire ! », tempête le syndicaliste.
« Notre salut ne pourra passer que par la médiatisation […] Les manifestations nationales nous intéressent pour gagner de la visibilité », souligne Grégory Vauclin, délégué syndical CGC au CE de GE Hydro. Qui tente de motiver son auditoire. « Il faut rappeler qu’on existe devant l’Assemblée nationale, devant le Sénat et demander à l’État d’agir. »
« S’ils pensent qu’avec la moitié de l’équipage le bateau flottera… »
Reste que les conséquences financières de la grève commencent à inquiéter certains salariés. C’est du moins ce que rappelle un autre membre de l’intersyndicale, qui précise qu’une commission sociale existe et qu’il sera tenté « par tous les moyens de faire payer les jours de grève à la direction ».
Nadine Boux, la secrétaire du CE, rappelle également que la population peut soutenir financièrement les grévistes « avec priorité aux salaires les plus bas » via des liens sur le blog de GE Hydro, ainsi que sur les comptes Facebook et Twitter des grévistes.
Et pour ceux qui douteraient de l’utilité de la grève, le syndicaliste met dans la balance les 345 emplois menacés et la viabilité de l’entreprise, une fois le plan social terminé. « S’ils pensent qu’avec la moitié de l’équipage le bateau flottera, moi je pense que non », explique-t-il, mettant chacun en face de ses responsabilités. « Je pense qu’il faut aller jusqu’au bout. »
Joël Kermabon