FOCUS – Pour l’année 2017 – 2018, L’Heure bleue, salle de spectacle située au cœur de Saint-Martin‑d’Hères, propose une programmation placée sous le signe de l’humain. Avec comme objectif de dépasser, voire d”“éclater”, toute frontière artistique et sociale. Tour d’horizon d’une nouvelle saison éclectique, qui s’annonce riche en surprises.
« Une programmation construite avec un désir profond d’ouvrir des fenêtres sur notre monde contemporain, dans tous ses aspects, pour le regarder d’une autre manière, l’admirer, pour mieux le comprendre, et s’en émerveiller également ». C’est avec ces mots que le directeur Vincent Villenave a ouvert la soirée de présentation de saison de L’Heure bleue, ce mercredi 20 septembre.
Cette salle de spectacle « festive et populaire », qui occupe une place centrale dans le panorama culturel martinérois, entend ainsi « décloisonner, déverrouiller et ouvrir toute case qui segmente, limite ou renferme » la condition humaine. Une invitation à « aller vers ce qui n’est pas soi, vers l’étranger, vers l’autre », que Vincent Villenave adresse à un public d’habitués, tout comme aux spectateurs occasionnels, en leur proposant de le suivre au fil de l’année dans un parcours jalonné de créations, performances et ateliers.
Le crédo ? « Éclater et défaire les frontières »
Du cirque à l’humour, du conte à la danse, en passant par la musique et la chanson urbaine… Cette année encore L’Heure bleue, labellisée scène régionale en 2013, offre une programmation très diversifiée afin d’« éclater et défaire les frontières », y compris celles qui séparent les différentes formes d’expression artistique et théâtrale.
Cette saison débute samedi 23 septembre avec Échecs et Mâts de la Fabrique des petites utopies – spectacle acrobatique circassien qui, à travers la métaphore du jeu de l’échec, dévoile et tourne en dérision les cases où la société nous enferme – pour se clore le 2 juin 2018 avec Les gens d’à côté, deuxième épisode du triptyque Vies violences de la compagnie Malka.
Avec ce projet participatif et intercommunal impliquant jeunes et adolescents amateurs de Saint-Martin‑d’Hères, d’Échirolles et de Grenoble, le chorégraphe Bouba Landrille Tchouda entend aborder le thème de la violence « lorsqu’elle nous empêche de construire ensemble, d’avancer ». Entre ateliers d’écriture, prises de vidéo et moments de partage, ces réflexions amèneront ensuite à la réalisation d’une performance de danse poétique ouverte sur le monde, qui sera mise en scène dans plusieurs théâtres de l’agglomération grenobloise en juin 2018.
Une programmation pour tous les goûts
Côté théâtre, de grands artistes français seront à l’affiche dont le comédien Luc Chareyron et son Surchauffe, l’auteur et acteur Jacques Gamblin qui présentera Je parle à un homme qui ne tient pas en place, ou encore l’humoriste Fred Testot avec Presque seul, dialogue paradoxal entre un régisseur perturbé et les personnages imaginaires qui habitent dans sa tête.
Côté cirque, les artistes, trapézistes, musiciens et chanteurs du groupe La Faux populaire Le Mort aux dents, accueillis également par La Rampe d’Échirolles, se produiront dans un hilarant spectacle au croisement entre cabaret, tradition foraine et cirque contemporain. Quant à la Compagnie Sans Gravité, elle s’interrogera sur les secrets de l’existence quotidienne avec Déluge, une création aux tons à la fois magiques et burlesques.
Pour ce qui est du jeune public, plusieurs propositions artistiques sont au programme, dont Marre mots du duo Yoanna et Brice Quillon et le récit musical Loli la Goutte du collectif Les Phosphorescentes en scène. Ces spectacles se tiendront hors les murs, à savoir à l’Espace culturel René Proby de Saint-Martin‑d’Hères.
Un mois dédié à la chanson
Deux temps forts devenus désormais incontournables rythmeront en outre la saison. Tout d’abord, le Mois de la chanson qui, à sa quinzième édition, démarrera en octobre pour se poursuivre jusqu’à la moitié de novembre.
Au total, cinq rendez-vous avec chanteurs et rappeurs, tant français qu’internationaux, s’enchaîneront dans une série de rencontres à la découverte de musiques en tout genre.
Avec L’empire de papier, les chansons de HK résonneront pour raconter une histoire d’indignation, révolte et, en même temps, d’amour fraternel.
« Artiste engagé politiquement, mais festif, très accessible au public et populaire, HK incarne l’esprit de l’Heure Bleue », déclare Vincent Villenave, en se félicitant de la présence de ce jeune rappeur français dans sa programmation.
Parmi les autres invités d’honneur : La Cafeteria Roja, groupe de musiciens et chanteurs espagnols, autrichiens et français, Carmen Maria Vega, qui revient sur la scène française avec sa voix débordant à la fois de sensualité et mélancolie, et le trio musical burlesque Blond and Blond and Blond. Ces trois frères et sœurs suédois offriront notamment « une parodie caustique et irrésistible du répertoire de la chanson française », revisitée à travers leur regard scandinave noir et ludique.
Entre musique, danse et culture urbaine
Le mois de février, deuxième moment central de la saison, sera ensuite consacré aux danses et cultures urbaines dans le cadre de la deuxième édition de l’Hip Hop Don’t stop festival. Cet évènement, ouvert à la collaboration avec la compagnie martinéroise Citadanse, offrira un ensemble de propositions chorégraphiques s’étalant sur quatre soirées.
Au menu : Têtes d’affiche, l’« opéra sur la course au désir » réalisée par la compagnie Malka, Trois solos, hommage que Fred Bendongue, l’un des pionniers de la danse hip-hop en France, rend « aux personnages résistants et combattants de la Grande guerre », et enfin Résistance « l’histoire d’une chute » racontée par compagnie Stylistik.
Le festival se terminera avec l’incontournable Battle Hip-Hop Don’t Stop Festival, où le public participera au spectacle non seulement comme spectateur, mais aussi comme membre du jury évaluant les performances des danseurs.
Giovanna Crippa, correspondante à Saint-Martin‑d’Hères
Une salle ouverte sur le panorama culturel martinérois
Salle de spectacle, mais aussi lieu d’échange et de rencontre, L’Heure bleue est au cœur de la vie culturelle de Saint-Martin‑d’Hères. En travaillant en collaboration avec l’espace culturel René Proby, cette scène propose différentes activités artistiques : résidences théâtrales, créations, ateliers-débats et même des répétitions publiques.
Dans un esprit de découverte et d’échange culturel, L’Heure Bleue accueille en outre entre ses murs la compagnie du Théatre du Réel, qui entame sa deuxième saison de résidence dans la salle martinéroise.
Au cours de la saison, cette dernière présentera deux spectacles – une reprise en novembre et une nouvelle création en avril – qui visent, à explorer la question des « Étranges frontières ». Si avec Infâmes, la compagnie porte l’attention sur la condition féminine et sur les inégalités de genre, Le chemin de la maison, en revanche, donnera la voix « aux déracinés de toute contrée » qui, au cours d’un voyage initiatique, se plongent dans la recherche de leurs origines.
Depuis cet été, les artistes du Théâtre du Réel errent dans les quartiers de la commune dans la peau des Catacriseurs pour proposer quatre épisodes clownesques, et autant des rediffusions, d’un feuilleton en plein air. Le dernier rendez-vous avec ces « clowns agitateurs d’ordinaire et provocateurs de crises » – comme les a définis Cosima Vacca, adjointe à la culture de Saint-Martin‑d’Hères, lors de la présentation de saison – est prévu pour le 14 octobre dans le quartier Champberton.