TROIS QUESTIONS À – Rémy Absalon s’alignera une nouvelle fois au départ de la Mégavalanche de l’Alpe d’Huez dimanche 9 juillet à 9 heures. Quintuple vainqueur de cette course de VTT de descente de renommée mondiale, le Vosgien confie la peur qu’il ressent chaque fois avant de s’élancer du glacier du Pic Blanc à 3 330 m d’altitude pour rejoindre Allemont, 2 600 m plus bas. Ce qui ne l’empêche pas de revenir l’année suivante !
Place Gre’net – Qu’est-ce que représente la Mégavalanche de l’Alpe d’Huez pour un champion de VTT ?
Rémy Absalon - C’est vraiment une épreuve mythique. Elle fait peur, elle motive. Je viens depuis plusieurs années mais je ne suis jamais blasé d’être sur le glacier avec ces beaux paysages. On part sur le glacier. Cela fait quand même assez peur. Dès le départ, c’est très raide. En reconnaissance tout seul, cela fait déjà un peu peur de s’élancer et de prendre de la vitesse mais se dire qu’on va le faire avec une paire d’énervés [sic] derrière le guidon… je ne préfère pas trop y penser avant dimanche [Le 9 juillet, jour de la course, environ 2 000 participants, professionnels et amateurs, devront partir par vagues successives selon le classement établi lors des qualifications vendredi 7 juillet, ndlr].
Chaque année avant le départ, je me dis : “Je ne la fais plus, c’est trop dangereux, j’ai peur, je n’y vais pas”. Je me demande ce que je fais là. Et puis une fois la ligne d’arrivée passée, je me dis : “c’était trop cool, allez je recommence”. […]
Quand on gagne la Mégavalache pour la première fois, c’est un moment fort. Je pense que tout le monde est un peu dans le même cas : les premières années, on n’a pas forcément beaucoup de réussite. Il faut avoir un peu d’expérience avant de s’en sortir et de finir. Moi, au début, soit j’ai crevé, soit j’ai eu un souci. Le premier soulagement, c’est quand on arrive en bas pour la première fois. Il faut commencer par là. Gagner, c’est le top. Chacune de mes cinq victoires est différente parce que ce ne sont jamais les mêmes caractéristiques de course, jamais le même genre de départ, ni la même bataille avec les concurrents. Mais dans tous les cas, à chaque fois, c’est dur !
Place Gre’net – Comment se prépare-t-on pour une telle épreuve ?
Rémy Absalon – Cela nécessite de l’entraînement car c’est physique. C’est quarante minutes très intenses [de course, pour les meilleurs, ndlr] où il faut quand même pédaler. Il faut la préparer à l’avance. C’est un entraînement assez complet.
Pour travailler le physique, il faut s’y prendre plusieurs mois à l’avance : du foncier sur route, dans l’intervalle un peu du cardio et de l’intense. Et puis après, de la descente pour piloter sur le plan technique.
Personnellement, je ne fais pas énormément de vidéo parce que cela fait des années que je fais cette course. Je commence à la connaître.
Faire quelques reconnaissances [du parcours] avant, cela suffit pour bien choisir ses lignes [trajectoires] et s’en sortir. Surtout, comme on n’est pas tout seul, il faut aussi improviser un peu le jour J en fonction de sa place, des concurrents qu’il y a devant, etc. Sur le plan de la nutrition, il ne faut pas manger n’importe quoi. Après, il y a un peu toutes les écoles. Moi, je ne me prive pas. Bien sûr, je ne vais pas manger une tartiflette samedi soir. Il y a des aliments, comme la viande blanche, qui vont bien.
Place Gre’net – Vous vous êtes imposé le 2 juillet lors de la Mountain of hell aux Deux Alpes, autre course de VTT de descente importante en France. Quelles sont les similitudes et les différences avec la Mégavalanche ?
Rémy Absalon – C’est le même genre de format : on part sur un glacier pour les deux courses et c’est le premier arrivé en bas qui l’emporte. J’ai vraiment pris du plaisir sur la Mountain of hell. Je l’ai courue un peu moins souvent que la Mégavalanche. La “Méga” a un peu plus de renommée. Et un peu plus de participants et de monde aussi.
Aux Deux Alpes, le départ est moins stressant. Le glacier est large et droit. À l’Alpe d’Huez, c’est plus aléatoire. Le glacier est raide, il y a des virages. Le risque existe de s’accrocher et de faire des tonneaux avec les autres riders [concurrents, ndlr] à tout moment. Même si on est très entraînés et prêts, cela peut mal se passer sur le glacier et on ne peut rien y faire.
Je ne me mets plus de pression parce que je sais que c’est une course un peu aléatoire, où il peut se passer beaucoup de choses. Même si avec l’expérience on s’en sort souvent un peu mieux, il y a un facteur chance. Il ne faut pas tout miser sur la Mégavalanche mais clairement c’est un grand rendez-vous de la saison, une des plus grandes courses du monde.
Propos recueillis par Laurent Genin