FOCUS – La Société dauphinoise pour l’habitat vient de dévoiler sa stratégie d’entreprise pour les six prochaines années. Son objectif ? Établir son patrimoine immobilier à 20 500 logements d’ici 2022, afin de conserver son rôle majeur de bailleur social en Isère. Un projet qui nécessite d’investir plus de 400 millions d’euros dans la construction de nouveaux logements et dans la réhabilitation des anciens.
« Favoriser l’accès aux logements des salariés, notamment des plus modestes d’entre eux, et garantir à nos clients des services abordables et de qualité, tout en promouvant le bien-vivre ensemble ». Tels sont les objectifs que se donne la Société dauphinoise pour l’habitat sur les six prochaines années. Issu d’une concertation collective conduite au printemps 2016, ce programme, nommé Imag’In 2022, a été dévoilé le vendredi 16 juin.
« L’idée de l’imagination est fortement ancrée dans la SDH, explique la directrice générale, Patricia Dudonné. Qui dit imaginer, dit innover. Pour nous, « innovation » signifie une petite pratique qu’on change au quotidien, dans une perspective de transformation sociale. »
Le défi majeur ? « Rester le premier producteur de logements sociaux sur le territoire de l’Isère en élargissant le parc immobilier à 20 500 logements en 2022 », annonce la directrice générale de SDH. Avec un patrimoine de 19 000 logements, répandus sur 145 communes, un rythme de production annuelle de 350 logements neufs, et autant en réhabilitation, la SDH peut en effet se vanter d’être la première entreprise sociale pour l’habitat en Isère. Une position à laquelle la société n’entend pas renoncer…
« Imag’In 2022 » : 420 millions d’euros à repartir entre innovation et réhabilitation
D’ici 2022, ce projet ambitieux implique d’investir 420 millions d’euros dans l’amélioration du patrimoine existant. Concrètement, outre la réhabilitation de 2 300 logements, il prévoit la production de 1 800 logements locatifs sociaux ainsi que de quelque 500 logements en accession sociale sécurisée.
« Avec SDH Access, nous comptons proposer des produits non seulement abordables, mais aussi sécurisés, avec une garantie de rachat et d’accompagnement personnalisé pour les locataires », précise Patricia Dudonné.
Tout en s’adressant aux familles qui souhaitent devenir propriétaires de leur habitation, ce dispositif a l’avantage de garantir des revenus supplémentaires à l’entreprise.
« Un moyen d’anticiper l’avenir », selon Bertrand Converso, président de la SDH, qui explique : « L’accession sociale sécurisée nous permet de rentrer des fonds propres à travers la vente de logements et d’assurer une autonomie financière à notre entreprise. »
Cibler les salariés pour promouvoir la mixité sociale
Pour se distinguer des autres bailleurs sociaux, la SDH a décidé de miser sur un public plus aisé : « Nous ciblons prioritairement les salariés », affirme Bertrand Converso. Entendez par là des titulaires de CDI touchant un salaire égal ou supérieur au Smic, ceux en CDD, contrats précaires, ou encore en apprentissage.
« Des gens à la porte du monde du travail, en cours d’insertion dans l’emploi […], ayant des besoins de logements très spécifiques et auxquels on se doit de répondre », souligne Patricia Dudonné. Qui met les points sur les i : « En nous adressant également aux salariés, on se donne une orientation forte là où nous avons des leviers possibles dans les discussions avec les réservataires, sans renoncer en aucun cas à nos obligations réglementaires qui nous imposent l’attribution des logements à un pourcentage de gens très démunis. » Chaque année, 25 % des logements sont destinés à un public très défavorisé, orienté par la préfecture, et 20 % réservés aux candidats proposés par les établissements publics de coopération intercommunale.
Pourquoi cette nouvelle politique commerciale de la SDH ? Pour promouvoir la mixité sociale. Un objectif qui s’inscrit dans le cadre du Nouveau programme national de renouvellement urbain (NPNRU) porté par l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru). Avec la nécessité d’attirer des ménages plus aisés dans les quartiers prioritaires de la ville… mais aussi, à l’inverse, celle de loger des publics plus fragiles dans des secteurs neufs du centre-ville.
Le quartier de l’Arlequin pour tester la mixité sociale
Le premier terrain d’essai pour tester ce concept de brassage de la population sera le quartier de la Villeneuve, à Grenoble. Remis à neuf dans le cadre d’un projet de revalorisation de l’Arlequin, les appartements libres du 40 devraient accueillir un public très varié qui se mélangera avec les locataires déjà sur place. A la différence que les nouveaux entrants connaîtront une augmentation de 12 % du loyer. Un différentiel qui, selon la directrice générale de la SDH, « correspond au montant investi lors des travaux de réhabilitation thermiques et énergétiques ».
D’ailleurs, le même principe vaudra pour tous les projets de rénovation. « L’équation est simple, déclare Bertrand Converso. Remettre à neuf les bâtiments nous permet à la fois de préserver notre « outil industriel » [le parc immobilier, ndlr] et de fidéliser nos locataires en leur rendant un meilleur service. L’augmentation consécutive du loyer sera toutefois balancée par la baisse des quittances et des charges ».
Toujours dans le cadre du NPNRU, la SDH entend s’engager dans nombreux autres projets concernant les “quartiers politique de ville”, tels que le Village olympique à Grenoble, le Village 2 à Échirolles, ou encore Les Iles de Mars au Pont-de-Claix. Parmi eux, la construction de 140 logements sur la Villeneuve d’Échirolles et de cinq au Pont-de-Claix.
Quelque 1 500 logements sur les trois sites pourraient par ailleurs faire l’objet de gros travaux de réhabilitation. Inévitables, enfin, sont programmées les démolitions de bâtiments plus anciens sur les secteurs concernés par le programme de l’Anru : « Une action qui aura un fort impact sur les finances de la SDH, mais nécessaire en vue la rénovation urbaine des quartiers », se résigne la directrice générale.
Un rayon d’action « sur tous les bassins d’emploi de la région »
Après ces estimations approximatives, il faudra attendre la signature d’une convention avec le NPNRU pour connaître la réelle envergure de ces opérations. Entre temps, Patricia Dudonné rappelle le rayon d’action de la SDH : « Nous sommes présents sur tous les bassins d’emploi de la région, avec des axes de développement très forts aussi dans le Nord Isère et dans la Vallée du Rhône ». Et celle-ci d’ajouter que la SDH mène également des petites opérations dans des communes plus reculées, dans le Trièves, la Matheysine ou le Grésivaudan.
L’atout de l’entreprise serait d’ailleurs, selon elle, « la capacité d’analyser les besoins de différents territoires à travers la mise en place d’un plan stratégique de patrimoine ».
Suite au diagnostic dressé par ce dispositif, la SDH peut donc décider dans quelles zones déployer plus de ressources matérielles ou humaines.
D’où la présence, sur plusieurs quartiers populaires, d’une équipe de collaborateurs expressément consacrée au bien-vivre ensemble.
Leur mission ? Sensibiliser les locataires à l’écologie et au développement durable, à travers des animations. Comme quoi projets de renouvellement urbain et dynamisation de la vie de quartier peuvent parfois aller de pair.
Giovanna Crippa, correspondante à Échirolles
CONSTRUIRE, RÉHABILITER ET SENSIBILISER… RETOUR SUR L’ANNÉE 2016
« Entre 2011 et 2016, nous avons construit plus de 2 300 logements neufs et nous en avons réhabilités autant, résume Bertrand Converso, président de la SDH. Cela représente 405 millions d’euros d’investissements sur le territoire, dont 300 millions d’euros pour le neuf et 105 millions d’euros pour la réhabilitation-amélioration du parc existant. Et celui-ci d’ajouter que 537 logements ont été acquis sur cette même période, « ce qui porte le parc immobilier de la SDH sur le département à 19 000 logements. »
Parmi les temps forts de 2016 ? L’inauguration, en décembre, de la galerie de l’Arlequin, après la réhabilitation de 154 logements aux 40 – 42 et l’amélioration des performances énergétiques des bâtiments. Mais aussi la construction de deux bâtiments dans la résidence intergénérationnelle L’Eau vive, au cœur de l’écoquartier de Pré Nouvel à Seyssins. Ou encore les travaux de rénovation thermique effectués à Saint-Etienne-de-Saint-Geoirs, ou l’aménagement de 18 logements dans la résidence du Clos à Vif.
Quant au partenariat avec le Syndicat mixte de transports en commun de l’agglomération (SMTC) signé en septembre 2016 et à la collaboration avec l’association Delphis Habitat & Innovation en novembre, ils s’inscrivent dans le cadre d’une démarche visant à sensibiliser le public au respect de l’environnement. Transports en commun, économies d’énergies, tri sélectif… Autant de sujets que la SDH envisage de relancer sur les six prochaines années.