FOCUS – Sur les dix circonscriptions de l’Isère, le Modem a réussi à en arracher une aux macronistes, la neuvième. Mais, là, la candidate du parti centriste est critiquée à droite comme à gauche, accusée non seulement d’avoir été parachutée mais également de n’être qu’un pion dans les tractations d’appareils. Ce lundi 5 juin, François Bayrou est venu à Voiron voler à son secours et accessoirement apporter son soutien aux dix candidats macronistes sur l’Isère…
Si François Bayrou était à Voiron ce lundi 5 juin, face à un parterre choisi d’acteurs économiques, c’était pour soutenir les candidats de La République en marche. Et plus particulièrement la représentante du Modem, candidate marcheuse sur la 9e circonscription.
Sur ce territoire qui court de Voiron à Rives, Élodie Jacquier-Laforge est la cible de critiques groupées, à droite comme à gauche.
Sur son parachutage d’abord. Car si elle est née dans la région, si elle a grandi à Voiron, si elle y a encore ses racines et même une maison de famille (quoique pas tout à fait dans la circonscription), la candidate a fait ses classes ailleurs. En fait dans la région parisienne où elle vit depuis plus de vingt ans… Estampillée comme beaucoup “société civile”, Élodie Jacquier-Laforge n’est pas une novice en politique pour autant. Collaboratrice d’une sénatrice Modem du Loir-et-Cher depuis 2004, elle s’est également présentée en 2008 aux municipales dans le 9e arrondissement à Paris, toujours sous l’étiquette du parti centriste.
Les négociations d’appareils en toile de fond
Le retour aux sources, à la faveur de tractations d’appareils – François Bayrou a finalement obtenu 80 des 511 circonscriptions – est d’autant plus au cœur des critiques que d’autres candidats, LREM ou Modem, battaient la campagne depuis plusieurs semaines lorsque la déléguée générale de la fédération des entreprises de crèches a été choisie par la commission nationale d’investiture à un mois du premier tour des législatives…
Lundi, François Bayrou a balayé ces critiques d’un revers de la main. « Je connais Élodie Jacquier-Laforge depuis longtemps, a insisté le président du Modem. Je sais les qualités qui sont les siennes. Elle est enracinée. Il y a des implantations qui peuvent prendre. Le maire de Grenoble est bien de Pau… »
Sur les dix circonscriptions de l’Isère, elle est la seule titulaire à se présenter sous la bannière La République en marche mais avec l’étiquette Modem. Une appartenance que la jeune femme – qui se définit non pas comme une professionnelle de la politique mais une « professionnelle de la vie publique » – ne renie pas. Pas plus que son parachutage. « Je ne suis pas une super élue locale, nous avait-elle répondu quelques jours auparavant. Cela me permet d’avoir des relations d’égal à égal, constructives, plus de recul aussi. Je compte travailler avec tous les élus locaux, sans distinction. »
De fait, mandat national oblige, rien n’interdit à un candidat à la députation de se présenter sur une circonscription où il ne réside et donc ne vote pas. Mais les accords qui ont présidé à cette candidature restent en travers alors que le gouvernement – et son ministre de la Justice en tête – se sont engagés à faire de la moralisation de la vie politique l’acte premier du quinquennat. Un quinquennat déjà secoué par l’ouverture d’une enquête préliminaire visant le secrétaire général d’En marche Richard Ferrand.
Aujourd’hui ministre de la Cohésion des territoires, Richard Ferrand est soupçonné d’avoir favorisé sa compagne dans une affaire de transaction immobilière lorsqu’il était directeur général des Mutuelles de Bretagne. Jusque-là particulièrement silencieux, François Bayrou est sorti de sa réserve dans Le Journal du dimanche, où il a reconnu que l’affaire pesait sur les législatives. A Voiron, il n’en a pas dit plus, se bornant à un « Je suis le ministre de la Justice. Mon obligation par la loi est de ne pas intervenir dans une enquête. »
Quant au projet de loi de la moralisation de la vie politique, qui devait initialement être présenté le 7 juin en Conseil des ministres, il a été repoussé au 14 juin.
Patricia Cerinsek