DIAPORAMA – Après quatre échecs, les footballeurs grenoblois ont rempli leur objectif : accéder en National, la 3e Division. Grâce à sa victoire sur son dauphin Le Puy (1−0), le GF38 a pu faire la fête avec ses supporters samedi soir au stade des Alpes. L’enceinte iséroise a d’ailleurs battu son record d’affluence pour un match de CFA, la 4e Division.
La cinquième tentative fut la bonne pour le GF38. Il jouera en National, la 3e Division, la saison prochaine. En 2011, le club grenoblois déposait son bilan. Il était contraint de repartir en CFA 2, au cinquième échelon français. Après une première saison, en 2011 – 2012, couronnée d’une montée en CFA, la 4e Division, les footballeurs grenoblois restaient depuis bloqués à ce niveau. Troisièmes en 2013, troisièmes en 2014, deuxièmes en 2015, deuxièmes en 2016.
Au niveau de la régularité, Grenoble aurait peut-être mérité d’accéder en National plus tôt. Mais cela ne fonctionne pas comme ça… Il faut terminer premier de sa poule pour monter à l’étage supérieur. Et cette saison, le GF38 s’était placé dans d’excellentes conditions pour ne pas connaître un nouvel échec. Depuis sa défaite le 18 novembre 2016 à Andrézieux-Bouthéon, dans la Loire, il n’avait plus perdu une seule rencontre.
10 518 spectateurs au stade des Alpes pour un match de 4e Division !
Avant de recevoir Le Puy, le leader grenoblois restait sur 13 victoires, dont neuf consécutives, et trois matches nuls. Et comptait six points d’avance sur son dauphin auvergnat à deux journées de la fin de la saison. Un résultat nul, un point, lui était donc suffisant pour composter son ticket pour le National dès samedi soir. Les supporters grenoblois avaient coché cette date du 13 mai sur leur agenda pour venir fêter cette probable accession avec leurs joueurs. 10 518 spectateurs avaient garni les travées du stade des Alpes. Le record du club en CFA a volé en éclats. Le précédent datait du 11 mai 2013 face à Strasbourg : 7 600.
Les supporters grenoblois, les Red Kaos, donnaient d’ailleurs le ton du match avec une banderole au message clair : “Nous avons toutes les armes pour monter ce soir [samedi, ndlr]. Faites-nous triompher.” Et des chants nourris. Mais Le Puy comptait gâcher la fête. Et se donner ainsi encore un petit espoir de coiffer le GF38 au poteau lors de la dernière journée.
Les Auvergnats se procuraient d’ailleurs un premier corner dès la première minute. Assez vite, les Grenoblois réussissaient à prendre le dessus, avec deux occasions coup sur coup dans les 7 premières minutes par leur avant-centre Edwin Maanane. Ce dernier ratait notamment un duel face au gardien ponot bien sorti de son but. L’occupation du terrain et la maîtrise du ballon étaient du côté du GF38.
Sotoca, buteur samedi soir
Avec des tacles engagés des visiteurs, cela tournait à l’orage, comme le temps, avant la demi-heure de jeu. Sur un coup franc vite joué sur l’aile gauche, le numéro 10 Gherardi se jouait de la défense auvergnate pour servir parfaitement Florian Sotoca. D’un plat du pied, le numéro 7 grenoblois ouvrait le score. Et faisait chavirer de bonheur le stade des Alpes (1−0, 33e).
La fin de mi-temps était marquée par de longs ballons, des arrêts de jeu et l’apparition de la pluie. Le speaker était aussi obligé d’intervenir deux fois au micro pour demander à une petite frange du public d’arrêter de jeter des projectiles sur le terrain.
Grenoble n’était plus qu’à 45 minutes d’une grande joie et de la délivrance après une si longue attente. Il ne fallait pas bêtement gâcher la fête. Elle le fut pourtant un peu avant l’heure de jeu. Sur un tacle à retardement, le numéro 9 ponot, Do Pilar Patrao, blessa sérieusement Gherardi, sans doute à la cheville, contraint de sortir sur une civière. On apprendrait plus tard qu’il avait été conduit à l’hôpital. L’Auvergnat écopa quant à lui logiquement d’un carton rouge.
Le Puy termine la rencontre à 9 contre 11
À 11 contre 10, le GF38 a ensuite tranquillement géré son avantage. Et laissé même un peu le ballon au Puy qui ne se montrait pas dangereux. Les Ponots ont complètement craqué à une dizaine de minutes de la fin. Pour un nouveau tacle dangereux, Tack, entré en jeu quelques instants plus tôt, a alors été expulsé.
Grenoble a terminé le match à 11 contre 9. Tout en maîtrise, il a manqué de peu d’aggraver le score. On en est resté à ce score de 1 – 0, qui suffit amplement au bonheur des Grenoblois.
Comme un symbole, le soleil a fait son retour dans les dernières minutes. Pour accompagner la montée du GF38.
« Je pense que c’est une libération pour la ville, oui. Quand j’ai vu Selim [Bengriba, son coéquipier] pleurer, ça m’a touché », a confié Edwin Maanane. « Moi, c’est ma première année à Grenoble. Je ne pensais pas que c’était aussi fort [au niveau des émotions, ndlr]. Au final, nous sommes tous grenoblois, au fond. »
Edwin Maanane, attaquant du GF38 : « C’est magique ! »
Après cinq longues années d’attente en CFA, c’est enfin la délivrance. « C’est magique. Il faut des mots forts, il n’y en a même pas. C’est incroyable, je suis super content ! », s’est exclamé le meilleur buteur grenoblois cette saison.
« Je suis très fier d’être président de ce club. Félicitations à tous ! », a de son côté assuré Stéphane Rosnoblet en s’adressant aux joueurs et aux supporters.
Pour sa première saison à Grenoble, l’entraîneur Olivier Guégan a réussi là où ses prédécesseurs, Olivier Saragaglia et Jean-Louis Garcia, avaient échoué : ramener le club au troisième niveau hexagonal.
« Cela prouve que des choses ont été mises en place, que les joueurs ont adhéré, mais pas que les joueurs. Ce soir [samedi], nous voyons que le public est venu nombreux. Il a poussé son équipe même dans les moments un peu plus durs. Je pense qu’il se retrouve en l’équipe », s’est pour sa part félicité Olivier Guégan. « Ce dont je suis le plus fier c’est d’avoir amené plus de 10 000 personnes à un niveau de CFA. C’est du jamais vu ! Il y a beaucoup de signaux positifs. Il va falloir les maintenir pour ambitionner d’autres choses très rapidement. »
Olivier Guégan, entraîneur : « Créer notre histoire et avancer en ayant des ambitions très rapidement »
D’abord, les joueurs grenoblois vont savourer cette montée. Il leur reste ensuite un dernier match sans enjeu, le 20 mai, à Chasselay (18 heures). Ensuite, ils profiteront de quelques semaines de vacances. Avant d’attaquer leur préparation d’avant saison.
Le GF38 a peut-être franchi l’obstacle le plus difficile dans son parcours pour retrouver un jour le plus haut niveau. Marseille-Consolat et Lyon-Duchère, en National, qui évoluaient avec le GF38 en CFA, respectivement en 2013 – 2014 et en 2015 – 2016, sont en course pour accéder en Ligue 2, la 2e Division, en fin de saison.
Mieux encore, Strasbourg, qui était à la lutte avec Grenoble en CFA en 2012 – 2013, est en passe de retrouver la Ligue 1, l’élite du football français, la saison prochaine. « S’il y a un exemple à suivre, c’est celui-là. Strasbourg avance vite, se structure et avait déjà un bagage certain. Maintenant, nous allons créer notre histoire et avancer en ayant des ambitions très rapidement », estime Olivier Guégan. Compte tenu de ces exemples récents et du potentiel grenoblois, voir le GF38 jouer les premiers rôles en National la saison prochaine ne serait pas surprenant.
Laurent Genin
Retour en image sur ce moment historique pour le club.
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Photos : Chloé Ponset