Nuit debout Grenoble appelle à "combattre le fascisme et le capitalisme" le 1er mai sans donner de consigne de vote. Certains voteront malgré tout Macron.Place Saint Bruno, Nuit Debout Grenoble, le 27 avril 2017 après le 1er tour de la présidentielle. © Séverine Cattiaux – Place Gre’net

Nuit debout Grenoble se mobi­lise ce 1er mai pour « com­battre le fas­cisme et le capitalisme »

Nuit debout Grenoble se mobi­lise ce 1er mai pour « com­battre le fas­cisme et le capitalisme »

REPORTAGE – Les “nuits­de­bou­tistes” gre­no­blois seront dans la rue ce lundi 1er mai, « pour com­battre le fas­cisme et le capi­ta­lisme ». Le mou­ve­ment Nuit debout qui tenait son assem­blée géné­rale jeudi soir place Saint-Bruno, n’ap­pelle donc pas les élec­teurs à voter pour Emmanuel Macron le 7 mai pro­chain, en vue de faire bar­rage à l’ex­trême-droite et à sa can­di­date Marine Le Pen.

Place Saint Bruno, Nuit Debout Grenoble, le 27 avril 2017 après le 1er tour de la présidentielle. © Séverine Cattiaux – Place Gre’net

Place Saint-Bruno, Nuit debout Grenoble, le 27 avril 2017 après le 1er tour de la pré­si­den­tielle. © Séverine Cattiaux – Place Gre’net

« Je suis cho­qué qu’on ne soit pas tous dans la rue comme en 2002 ! », s’é­meut un jeune homme qui se lève sur les marches de la fon­taine fai­sant office d’am­phi­théâtre, ce jeudi 27 avril au soir, lors de l’as­sem­blée géné­rale heb­do­ma­daire de Nuit debout Grenoble, place Saint-Bruno. Au len­de­main du 21 avril 2002, les mani­fes­ta­tions spon­ta­nées écla­taient en effet un peu par­tout en France pour reje­ter le Front natio­nal. L’annonce de la qua­li­fi­ca­tion de Jean-Marie Le Pen au second tour des élec­tions pré­si­den­tielles était reçue comme un choc, un séisme… On appe­lait illico au bar­rage du FN, en exhor­tant à voter Jacques Chirac.

Quinze ans plus tard, le même scé­na­rio se repro­duit avec Marine Le Pen, mais la réac­tion des poli­tiques, comme celle des citoyens n’est plus du tout la même. Et ce soir-là, le jeune homme est bien le seul à s’en éton­ner, ou pas loin. Il n’y aura d’ailleurs pas d’autres prises de paroles pour abon­der dans son sens ou appe­ler à une mani­fes­ta­tion d’am­pleur contre le Front national…

Le contexte a beau­coup changé depuis 2002

Non, à l’é­vi­dence, il semble admis par les par­ti­ci­pants de Nuit debout et bien d’autres que la vie poli­tique et le contexte ont beau­coup changé. « Quinze ans ont passé, tous les par­tis ont repris les thèmes du FN. C’est pour cela que les gens ne sont pas dans la rue… », ten­tait d’a­mor­cer comme expli­ca­tion, une jeune fille venue au ren­dez-vous de Nuit debout, signi­fiant par là que les idées du FN se sont quelque peu normalisées.

Né dans la fou­lée des pre­mières mani­fes­ta­tions contre la loi El Khomri, Nuit debout adopte par consé­quent la même pos­ture que Jean-Luc Mélenchon, can­di­dat de la France insou­mise que de nom­breux nuits­de­bou­tistes ont sou­tenu par ailleurs. Et tous deux de fus­ti­ger le can­di­dat du néo­li­bé­ra­lisme, qui sou­haite ampli­fier la loi Travail.

Place Saint Bruno, Nuit Debout Grenoble, le 27 avril 2017 après le 1er tour de la présidentielle. © Séverine Cattiaux – Place Gre’net

Place Saint Bruno, Nuit Debout Grenoble, le 27 avril 2017 après le 1er tour de la pré­si­den­tielle. © Séverine Cattiaux – Place Gre’net

Pour cet autre fidèle de Nuit debout, ce n’est pas que les idées du FN ne soient « plus aussi abjectes » qu’elles ne l’é­taient, mais qu’au­jourd’­hui, étant donné les dif­fi­cul­tés éco­no­miques entre autres, les gens en ont plus qu’as­sez d’un non-choix : « Ils sont dégoû­tés, parce qu’entre le néo­li­bé­ra­lisme et l’ex­trême droite, ils n’ont pas un choix nor­mal. S’il n’y a pas beau­coup de mobi­li­sa­tion dans la rue contre le FN, c’est parce qu’en face, il y a un can­di­dat néo­li­bé­ral éga­le­ment dan­ge­reux. »

Face à cette alter­na­tive sans issue posi­tive, le mou­ve­ment Nuit debout défi­lera « pour com­battre le fas­cisme et le capi­ta­lisme », ce lundi 1er mai, en tête de cor­tège. Le ren­dez-vous est donné à 14 heures à la gare. « Venez avec vos pan­cartes ! », glis­sera Romain en fin de réunion aux par­ti­ci­pants qui auront été plus prompts à par­ler poli­tique qu’organisation…

S’abstenir ou voter Macron, des mili­tants hésitent encore…

Pas d’appel donc à faire bar­rage au Front natio­nal, le 7 mai pro­chain, par les nuits­de­bou­tistes. Mais pas de consigne de vote non plus… Chacun votera en son âme et conscience.

Place Saint Bruno, Nuit Debout Grenoble, le 27 avril 2017 après le 1er tour de la présidentielle. © Séverine Cattiaux – Place Gre’net

Place Saint-Bruno, Nuit debout Grenoble, le 27 avril 2017 après le 1er tour de la pré­si­den­tielle. © Séverine Cattiaux – Place Gre’net

Ne pas voter du tout, comme au pre­mier tour, sera éga­le­ment l’option prise par un cer­tain nombre d’entre eux. Cédric ne s’en cache pas, il fait par­tie de ceux qui s’abs­tien­dront : « Entre l’es­cla­va­gisme finan­cier et le racisme, je n’ar­rive pas à don­ner une légi­ti­mité à ce pou­voir. »

Un autre ren­ché­rit : « Macron va aug­men­ter les conflits sociaux. Faites ce que vous vou­lez mais je ne peux pas choi­sir entre le racisme et l’ul­tra­li­bé­ra­lisme. » Voter Macron pour cette jeune femme, qui hésite encore, c’est « peut-être réali­men­ter le FN pour cinq ans ». Une crainte que semblent par­ta­ger quelques par­ti­ci­pants sur les marches ou debout autour du bas­sin, qui secouent les mains en l’air, signi­fiant leur approbation…

Place Saint Bruno, Nuit Debout Grenoble, le 27 avril 2017 après le 1er tour de la présidentielle. © Séverine Cattiaux – Place Gre’net

Place Saint-Bruno, Nuit debout Grenoble, le 27 avril 2017 après le 1er tour de la pré­si­den­tielle. © Séverine Cattiaux – Place Gre’net

Cet autre mili­tant est par­tagé éga­le­ment : « J’hésite à voter Macron, mais je sais que si le FN passe, ce n’est pas moi qui me ferait tabas­ser avec ma peau blanche. » S’il y a bien quelques votes pour Macron dans l’as­sem­blée, ils sont pure­ment prag­ma­tiques : « Je vote­rai Macron parce qu’a­vec Le pen, on va se prendre l’ar­mée en pleine gueule. »

D’autres s’abs­tien­dront le 7 mai en espé­rant que ce soit tout de même Macron qui passe. Marc votera blanc, tout en étant ras­sé­réné de savoir que, d’après ses cal­culs, « Macron devrait pas­ser ». En est-il sûr ? A les entendre, un homme, lui, ne l’est pas, et tente cette ultime mise en garde : « Je suis un citoyen nor­mal, se pré­sente-t-il. Le FN est un parti extré­miste, fas­ciste, anti-Islam, anti-juif… On ne peut pas accep­ter un parti comme cela, je veux que vous vous mobi­li­siez contre le FN ! »

Pour Nuit debout, les médias tra­di­tion­nels sont à la solde de Macron 

Assis en demi-cercle sur l’amphithéâtre, place Saint-Bruno, la petite cin­quan­taine de par­ti­ci­pants venus ce jeudi 27 avril s’étiole peu à peu. Il faut dire qu’il fait un froid gla­cial. Écourtée de fait, la majeure par­tie de la soi­rée aura été consa­crée à tirer le bilan du 1er tour de la pré­si­den­tielle, mais aussi à copieu­se­ment fus­ti­ger les médias de masse « mani­pu­la­teurs », qui ont sou­tenu le can­di­dat Macron, et « influencé l’o­pi­nion ».

Place Saint Bruno, Nuit Debout Grenoble, le 27 avril 2017 après le 1er tour de la présidentielle. © Séverine Cattiaux – Place Gre’net

Place Saint-Bruno, Nuit debout Grenoble, le 27 avril 2017 après le 1er tour de la pré­si­den­tielle. © Séverine Cattiaux – Place Gre’net

Néanmoins, pour quelques-uns des par­ti­ci­pants de la soi­rée, la bou­teille reste tout de même à moi­tié pleine : « Après réflexion, le bilan n’est pas si néga­tif. On a rebattu les cartes, avec un can­di­dat de gauche radi­cal qui fait 20 % », consi­dère l’un d’entre eux. Avant d’a­che­ver son pro­pos par cette inter­ro­ga­tion, qui res­tera en sus­pens : « A pré­sent qu’est-ce que cela per­met comme dyna­mique ? » Nuit debout Grenoble devra s’at­te­ler à y répondre dans les semaines à venir…

Séverine Cattiaux 

Séverine Cattiaux

Auteur

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

A lire aussi sur Place Gre'net

ANVCop21 et Parlons-Y Vélo réclament une sécurisation des carrefours pour les cycles et les piétons
ANVCop21 et Parlons‑Y Vélo réclament une sécu­ri­sa­tion des car­re­fours pour les cycles et piétons

FLASH INFO - Une vingtaine de militants des organisations ANV-Cop21 et Parlons-Y Vélo se sont donné rendez-vous à l'intersection entre le boulevard Joseph-Vallier et les Lire plus

Villages d'avenir, programme issu de France Ruralités, fait étape dans le Trièves avec des projets communs portés par cinq localités
France Ruralités : des pro­jets com­muns por­tés par cinq loca­li­tés du Trièves label­li­sées Villages d’avenir

FLASH INFO - Laurent Simplicien, secrétaire général du préfet de l'Isère, et Marius Gatouillat, chef de projet France Ruralités auprès de la préfecture de l'Isère, Lire plus

Le festival de cirque Courts-CIRCuits revient pour une 5e édition à Seyssinet-Pariset du mardi 16 au dimanche 28 avril 2024. Présenté par l’école de cirque grenobloise, Vit’amin, il aura lieu dans un chapiteau dans le parc Lesdiguières. ©FB Vit'anim
Seyssinet-Pariset : le fes­ti­val de cirque Courts-Circuits lance sa 5e édition

ÉVÉNEMENT - Le festival de cirque Courts-Circuits revient pour une 5e édition à Seyssinet-Pariset du mardi 16 au dimanche 28 avril 2024. Présenté par l’école Lire plus

Après Un bon début, le grenoblois Antoine Gentil présente sa méthode éducative "starter" avec son livre Classe réparatoire
Après Un Bon Début, le gre­no­blois Antoine Gentil pré­sente sa méthode édu­ca­tive « star­ter » avec son livre Classe réparatoire

FOCUS - Antoine Gentil, enseignant grenoblois au lycée Guynemer, responsable du dispositif "starter" à destination des élèves au bord du décrochage scolaire, a présenté son Lire plus

Domène : l’élu RN Quentin Feres s’op­pose à une lec­ture théâ­trale, qua­li­fiée de « pro­mo­tion du wokisme », à la médiathèque

EN BREF - Le conseiller municipal Rassemblement national de Domène Quentin Feres, membre de la majorité, s'oppose à l'organisation d'une lecture théâtrale du livre La Lire plus

Saint-Égrève : le Chai inau­gure l’hô­pi­tal de jour soins conjoints parents-bébé, « une struc­ture unique en Isère »

FOCUS - Le Centre hospitalier Alpes-Isère (Chai) de Saint-Égrève a inauguré, jeudi 11 avril 2024, l'hôpital de jour soins conjoints parents-bébé. Ouverte en décembre 2023, Lire plus

Flash Info

Les plus lus

Agenda

Je partage !