FOCUS – Le collectif « Stop Antenne Cachin » composé d’habitants de la commune de Fontaine s’est réuni, jeudi 6 avril, pour mener une action symbolique devant l’école primaire Anatole France. L’objectif ? Montrer leur opposition farouche à l’installation prochaine d’une antenne-relais, située à 60 mètres environ de l’école, alors que les ondes électromagnétiques comportent des risques de santé publique non négligeables.
« Faire du fric sur le dos de notre santé ! » Voilà à quoi servirait l’installation d’une antenne-relais à Fontaine, estime Chengly Lotfi, un membre du collectif « Stop Antenne Cachin ». Jeudi 6 avril, un groupe d’une trentaine de personnes – composé de membres du collectif et de parents d’élèves – se sont réunis symboliquement devant l’école Anatole France. Pourquoi ? Pour s’opposer à l’installation de cette antenne, qui sera située à moins de 60 mètres de ladite école.
De quoi mettre en colère les parents d’élèves, qui considèrent que « ce projet implique de graves risques pour nos enfants en terme de santé publique ». D’autant plus que ce secteur est d’ores et déjà couvert par une antenne-relais, non loin du stade Marcel Cachin. Autour, ce quartier abrite des établissements aux publics particulièrement « vulnérables », tels que des maisons de retraites, des crèches et des écoles.
Plusieurs riverains font état de migraines récurrentes et de cas d’insomnie. Pour Chengly Lotfi, ces maux seraient « symptomatiques d’une exposition prolongée aux ondes électromagnétiques ».
Le lien avec les antennes-relais n’ayant toutefois pas été avéré, le collectif compte demander l’ouverture d’une expertise médicale.
Alors que l’installation de l’antenne est prévue pour le courant du mois d’avril, le collectif ne perd pas espoir. Après avoir lancé une pétition, qui compte désormais plus de 500 signatures, ils espèrent que leurs actions fera pencher la balance des décideurs locaux.
L’antenne-relais, un projet de longue date
L’implantation d’une nouvelle antenne-relais à Fontaine, qui répondrait à des besoins de couverture de réseau mobile, était négociée depuis 2014. En 2016, la municipalité délibère et se positionne finalement en faveur de l’installation.
Ce n’est toutefois qu’en mars dernier que les habitants prennent connaissance de ce projet. Raison pour laquelle ils déplorent l’absence de consultation citoyenne préalable.
La municipalité de Grenoble avait tapé du poing pour tenir à distance les antennes-relais des zones “sensibles”. En 2014, elle avait voté un plan local d’urbanisme (PLU), interdisant l’installation des antennes dans un rayon de 100 mètres autour des écoles et des maisons de retraite. La ville de Fontaine ne dispose pas, elle, d’une telle réglementation. « Si Grenoble l’a fait, pourquoi ce n’est pas possible à Fontaine ? » s’interroge Chengly Lotfi.
En somme, le collectif considère que le principe de précaution – qui figure d’ailleurs dans le bloc constitutionnel – n’est pas respecté par la municipalité. « Faut-il attendre de tomber malade pour agir ? » s’indigne-t-il. La première loi française sur l’encadrement de l’exposition aux ondes a été adoptée tardivement, le 29 janvier 2015. Cette législation apporte des premiers éléments de réponse sur le principe de précaution, mais demeure toutefois en deçà des normes d’autres pays européens.
Les opérateurs, des « prédateurs » ?
Contacté par nos soins, Jean Michel Lachaud, inspecteur salubrité de la ville de Fontaine – dont la fonction est caractérisée par son indépendance vis-à-vis de l’exécutif local – assure « comprendre » les revendications des habitants. Il se charge tant bien que mal de renouer le dialogue entre les pouvoirs publics et le collectif ; et s’engage à répondre à leurs interrogations.
Concernant le taux d’émission des ondes électromagnétiques, il invite les citoyens à consulter l’Agence nationale des fréquences radioélectriques (ANFR). « L’ANFR est en quelque sorte la « police » des opérateurs téléphoniques » explique Jean Michel Lachaud. Les habitants pourront effectuer des simulations permettant de connaître le taux d’émission électromagnétique des antennes-relais déjà implantées. « Il est en effet impossible d’évaluer ce taux tant que l’antenne n’a pas été installée » explique-t-il.
En réalité, la mairie de Fontaine ne disposerait que d’une « très faible marge de manœuvre », face aux opérateurs téléphoniques, qui ont autant la capacité de s’implanter sur le domaine public, que sur le domaine privé. « Ils peuvent s’installer plus ou moins où ils veulent » assure-t-il. La police spéciale des communications électroniques relève en effet de la compétence de l’État.
Le contrat, conclu entre la mairie de Fontaine et les opérateurs Free et Orange, apparaîtrait finalement comme un moyen de contrôler et de réguler la localisation des antennes. Faute de quoi, les opérateurs se seraient implantés sur le toit d’une résidence privée ou d’un immeuble, à condition d’avoir obtenu l’aval des syndicats de copropriétaires. En somme, « ils auraient trouvé un moyen de les installer sur la commune dans tous les cas » poursuit l’inspecteur. Ce serait donc dans une logique de régulation, que la ville de Fontaine a finalement accepté cette occupation du domaine public.
Jean-Michel Lachaud relativise : fort heureusement, la mairie a pu mutualiser les projets des deux opérateurs, pour obtenir d’eux leur installation sur un seul et unique poteau. Il tient aussi à rappeler que l’exposition aux ondes électromagnétiques est, selon lui, davantage le fait des téléphones portables et du Wi-Fi, qui « envahissent » notre quotidien. Pas de quoi rassurer les opposants qui rappellent que des expertises médicales, scientifiques et environnementales ont prouvé que les ondes des antennes-relais ont bel et bien des effets néfastes sur la santé.