FOCUS – Samedi 25 et dimanche 26 mars, les Yeti’s, l’équipe de roller-hockey de Grenoble, disputent le Final Four de la Coupe de France à la Halle Carpentier, à Paris. Le vainqueur de ces deux matches en deux jours soulève la Coupe. En demi-finales samedi, les Grenoblois retrouvent leur bête noire Rethel qui les a battus en finale les deux dernières années. Nous sommes allés à la rencontre des Yeti’s avant cette échéance importante, eux qui sont en quête d’un premier titre sur la scène nationale chez les seniors.
Mardi 21 mars, il est environ 20 h 40 au gymnase Charles-Munch, à deux pas du conservatoire de Grenoble. L’entraînement des Yeti’s, l’équipe de roller-hockey de Grenoble, qui évolue en Première division, va commencer avec quelques minutes de retard. Après un rapide briefing sur le duel face à Rethel samedi, l’entraîneur Thibault Nier explique ce qu’il attend sur le premier exercice. Rollers aux pieds, casques vissés sur la tête et crosses en main, concentrés, les joueurs grenoblois écoutent les consignes avec attention. Et c’est parti ! Si Nier trouve le rythme un peu faible au début, au fil du temps, les Grenoblois montent en température.
Dextérité avec le palet, changements de direction, contacts dans les limites du raisonnable, vitesse, shoots puissants, le roller-hockey c’est ça. « À l’avant, il faut être plus rapide, à l’arrière peut-être avoir une meilleure vision de jeu pour pouvoir relancer vers les attaquants », explique Jérémy Lapresa, avant et capitaine des Yeti’s, infirmier libéral au civil. « Et les attaquants doivent aller vite à la cage et être efficaces. » Marquer des buts en résumé.
Nier : « Dans le roller-hockey, il y a 30 % de jeu et 70 % dans la tête »
Deux équipes, quatre joueurs de champ plus un gardien de chaque côté qui s’affrontent lors de deux mi-temps de 25 minutes de jeu effectif. Voici la base de ce sport. Les règles ressemblent à celles du hockey sur glace, à deux grandes exceptions près : il n’y a pas de hors-jeu au roller-hockey et les charges doivent être moins dures. « Ce qui nous démarque en mieux, c’est que ça amène beaucoup plus de vitesse au jeu. Il y a moins de coups de sifflet », indique Thibault Nier.
« Et d’un autre côté, le fait qu’il y ait moins de contacts peut permettre aux joueurs de faire beaucoup plus de gestes techniques : tout ce qui est maniement de palet, feintes de corps, etc. Il y a plus de rapidité d’une cage à l’autre. »
Quand on lui demande quelles qualités il faut avoir pour être un bon joueur de roller-hockey, l’entraîneur répond travail et envie.
« À partir de ce moment-là, le gars sera forcément meilleur sur le terrain que l’autre qui est bon mais qui a pas ou moins envie. Dans le hockey, il y a 30 % de jeu et 70 % dans la tête. Ce que je veux, c’est que toute l’année mes joueurs soient concentrés, appliqués et s’investissent dans ce qu’ils ont à faire, c’est-à-dire jouer du mieux qu’ils peuvent. Je n’ai pas à me plaindre. Je suis très satisfait de ce qui se passe en ce moment dans mon équipe. »
Jérémy Lapresa, international français, complète : « On a une équipe bien homogène entre les jeunes et les moins jeunes. Ça a bien pris. On tire tous dans le même sens et, pour l’instant, ça fonctionne. »
Lapresa : « J’espère qu’on va enfin battre Rethel »
Troisième du championnat de France pour le moment, les Grenoblois ont rendez-vous les 25 et 26 mars à la Halle Carpentier, à Paris, pour le Final Four de la Coupe de France. En demi-finale samedi (20 heures), Grenoble retrouve sa bête noire Rethel, contre qui Nier n’a gagné qu’« une fois en quatre ans ».
« Les deux dernières années, on perd en finale de cette Coupe contre les Ardennais dont la dernière fois 7 – 2 », détaille Lapresa. « Là, on joue contre eux en demi-finale. On va aborder différemment ce match. Il ne faut pas avoir peur d’eux. On verra bien ce qu’il se passe. Rethel, c’est des titres et des titres de champions d’Europe, de France et en Coupe. Peut-être qu’inconsciemment il y a une petite peur qui s’installe et on joue un peu moins libérés contre cette équipe mais bon, on est sur une bonne dynamique, j’espère qu’on va enfin la battre. »
Dernière saison pour Nier en tant qu’entraîneur
Si l’obstacle est franchi, Grenoble retrouvera en finale Rouen ou Garges. Pour tenter de s’offrir un premier trophée en Élite sur la scène nationale. « Pour le club, ce serait génial, surtout qu’il n’en a pas gagné en seniors, sauf deux Coupes d’Europe des confédérations. Ce serait mon premier titre avec Grenoble. J’ai déjà gagné cette Coupe avec Anglet, à Carpentier aussi, en 2013. C’est un de mes meilleurs moments de roller-hockey », raconte Lapresa originaire de Crolles.
Cette Coupe récompenserait aussi le travail effectué depuis quatre ans par Thibault Nier, qui arrêtera de coacher en fin de saison. « Si je peux gagner un titre, ce sera le Saint-Graal. Il n’y a pas à tortiller, ce serait énorme ! », confie l’entraîneur.
Nier renvoie l’image d’un homme entier, meneur d’hommes et au verbe fleuri, maniant la carotte et le bâton avec ses joueurs. « Si tu es trop strict, tu les perds. Si tu es trop gentil, tu n’as aucune crédibilité. Ce n’est pas évident. C’est un juste milieu à trouver. C’est un peu comme une mayonnaise. Tu la remues trop fort ça ne monte pas, tu ne la remues pas assez fort, ça ne monte pas, c’est pareil. Il n’y a pas de recette miracle. Si ton équipe va bien, tu peux lui en demander un peu plus. Tu ne rabaisses pas les joueurs mais tu leur dis qu’ils ne sont pas encore au top. À l’inverse, quand ça passe moins bien, tu les rassures pour, après, leur en demander plus. C’est de la gestion. »
Avant de défier Rethel, on peut penser que Thibault Nier va chercher à rassurer ses joueurs, à chasser cette éventuelle peur. Pour cette fois-ci triompher.
Laurent Genin