FOCUS – Lancé ce mardi 21 mars à 4 heures du matin, le mouvement de grève des agents de collecte de Grenoble-Alpes Métropole organisé par le syndicat Force ouvrière se poursuit. Parmi les revendications, l’augmentation de salaires, le respect des visites médicales, des dérogations pour circuler durant les pics de pollution… Si le site de tri et de revalorisation d’Athanor à La Tronche a été libéré ce matin par les forces de l’ordre et est de nouveau opérationnel, les quatre sites de collecte de la métropole sont toujours bloqués…
« Ces agents de collecte, on les croise à 4 heures du matin et on a tendance à les mépriser. » Jean Philippe Garrido, secrétaire général du syndicat FO Grenoble-Alpes Métropole, nous le dit d’entrée de jeu.
Le soleil n’était pas encore levé que le blocage des sites d’Eybens, Vizille, Fontaine et Meylan avait commencé ce mardi 21 mars. Sans oublier le site collectant et revalorisant tous ces déchets d’Athanor à La Tronche. Seul ce dernier, débloqué par les CRS ce mercredi matin, est de nouveau actif.
Leurs revendications ? Les agents, par le biais de FO demandent une majoration de 200 euros et un respect du délai de leurs visites médicales. Elles devraient être faites tous les deux ans mais la plupart des chauffeurs ou des “rippers”, qui sont à l’arrière des camions, n’en ont que tous les six ans. D’autant qu’une grande partie des déchets est toxique… « Quand les camions arrivent à Athanor, le contrôle détecte de la radioactivité », nous dit Philippe Garrido. « On ne sait pas ce qu’on transporte. Les agents vont inhaler ça à longueur de journée. » Raisons pour lesquelles ils demandent « des analyses par des laboratoires indépendants » et « un meilleur suivi pour la fin de carrière de ces agents, qui risquent des maladies professionnelles ».
« Je suis pour l’écologie cohérente »
Une autre point de friction porte sur les moyens de transport des agents. « Les agents de collecte sont souvent en dehors de l’agglomération pour des raisons financières et, pour les mêmes raisons, ils ont des véhicules d’un certain âge. » Un âge qui les empêche d’accéder à leur lieu de travail lors des pics de pollution…
Et les transports en commun ? « Il n’y en a pas à 4 heures du matin ». La collectivité a mis en place des dérogations pour les poids lourds mais, pour les agents, « il n’y en aura aucune », leur a‑t-elle répondu par communiqué. Et « si vous ne pouvez pas vous déplacer, posez un jour de congé ». « Les agents ne sont pas d’accord pour poser un jour de RTT lors des pics de pollutions parce qu’on ne peut pas se déplacer », explique Philippe Garrido.
« Nos demandes d’augmentation sont légitimes »
La métropole leur a communiqué qu’elle refusait d’augmenter leur salaire en arguant que « l’augmentation de la masse salariale dans le cadre du budget primitif 2017 est supérieure à l’ensemble des communes de la métropole. La collectivité a fait le choix du service public et continue de créer des postes » mais, pour le secrétaire générale du FO, ce n’est qu’une excuse. Car « on a eu les chiffres du comité technique. On a 460 cadres de catégorie A et 900 cadres de catégorie C […] On est d’accord […], les économies il faut les faire, mais en ce moment tous les postes qui paraissent c’est des catégories A. C’est des personnes qui ont un salaire entre 3 000 et 8 000 euros. C’est pas les agents de collecte qui créent un déficit […] Les rippers, eux, commencent à 1 300 et finissent à 1 900 euros net, toutes primes comprises. »
Parmi les revendications, un meilleur statut et une formation pour les intérimaires. « On travaille avec beaucoup d’entreprises ou d’associations de réinsertion comme la Fourmi » mais « le métier de ripper demande beaucoup de vigilance. Il y a la circulation avec tous ses dangers au quotidien. Ça demande une habitude de bosser en équipe, on ne peut pas changer tous les deux jours de rippers. » La solution ? « On veut valoriser leurs capacités. Quand on a des personnes qui tiennent la route, on veut les garder. On veut que la collectivité s’engage à les embaucher. »
« On est déterminés »
La Métropole explique, quant à elle, que certaines des revendications « font d’ores et déjà l’objet d’échanges » et que celles-ci sont portées par « 40 grévistes sur 160 agents ». Elle déplore « une action disproportionnée » et annonce que « toutes les suites utiles seront données aux abus constatés ».
Mais alors jusqu’à quand durera cette lutte ? Après la remise en fonction du site d’Athanor, les agents se préparent à « des actions coup de poing ». Pour tous les autres sites, « on a une équipe le matin, une l’après-midi et une la nuit. On est présent vingt-quatre heures sur vingt-quatre ». Les grévistes pensent « que les négociations vont commencer à partir de jeudi ». Dans tous les cas, M. Garrido nous assure : « On est déterminés, les équipes sont déterminées, on est capables de tenir deux ou trois semaines ».
Albéric Marzullo, correspondant à Fontaine