REPORTAGE PHOTO – « Éclectique et chaleureux ». Tels sont les maîtres mots qui définissent le restaurant-cabaret égyptien Le Karkadé, qui a fêté ses 15 ans en musique ces 3 et 4 mars. Tenu par Mahmoud Bayoumy, personnage haut en couleurs, ce lieu tout autant poétique que politique est devenu “la deuxième maison” de nombreux artistes, musiciens, poètes et amateurs d’art. Ambiance.
« J’ai l’impression que Mahmoud sort des Mille et une nuits. C’est un conteur », raconte avec le sourire Hanane, chanteuse habituée du Karkadé, situé rue Servan, dans le cœur historique de Grenoble. Mahmoud Bayoumy, créateur et gérant de ce restaurant-cabaret égyptien, se faufile entre les tables pour saluer ses invités. Il échange quelques mots avec chaque personne venue ce samedi soir fêter les 15 ans du lieu qu’il a créé à son arrivée à Grenoble : Karkadé, du nom d’une boisson préparée à partir de fleurs d’hibiscus à fleurs rouges.
Le restaurant-cabaret égyptien Le Karkadé fête ses 15 ans. © Yuliya Ruzhechka – Place Gre’net
Aujourd’hui, Le Karkadé est un lieu culturel, « un lieu de brassage, de rencontres et d’amitié » pour ses habitués ainsi que pour les nouveaux arrivants. « C’est ma deuxième maison », confient même de nombreux invités. Ce n’est pas seulement pour les repas-concerts et l’amour de l’art qu’ils viennent ici, mais pour revoir Mahmoud, qui s’emploie à créer une atmosphère conviviale et à donner à chacun le sentiment d’être le bienvenu.
« Pourquoi pas faire un lieu avec de la musique, des spectacles et de la cuisine ? »
Parti d’Égypte en 1974, Mahmoud s’est d’abord installé à Paris. Associé dans une entreprise du bâtiment, il a amené en France sa passion pour l’art, la poésie et la musique. « J’ai toujours eu un contact avec des associations. J’avais beaucoup d’amis musiciens, on organisait beaucoup de soirées de poésie, de musique, de chant…
Mahmoud, gérant du restaurant-cabaret égyptien Le Karkadé. © Yuliya Ruzhechka – Place Gre’net
Avec la famille [sa femme Anne-Marie et leurs cinq filles, ndlr], on avait un grand appartement à Paris et on invitait souvent beaucoup de monde à la maison. J’ai toujours cuisiné. À Grenoble, je me suis donc dit : pourquoi pas faire un lieu avec de la musique, des spectacles et de la cuisine ? »
En 1997, il s’installe donc à Grenoble avec sa famille. Mais, pendant les cinq premières années, il fait encore des allers-retours à Paris, avant de quitter définitivement son ancien travail et d’ouvrir un lieu de restauration et de rencontres culturelles dans la capitale des Alpes.
Concert intimiste pour les 15 ans du restaurant-cabaret égyptien « Le Karkadé ». © Yuliya Ruzhechka – Place Gre’net
Pour Mahmoud, « poétique et politique » vont toujours ensemble. Le restaurateur s’intéresse ainsi de près à la vie politique française et internationale et continue de suivre la situation en Égypte, son pays natal. « Ce qui se passe là-bas est très lié avec ce qui se passe dans le monde qui, aujourd’hui, va très mal. En Égypte, il y a eu une grande révolution en 2011 […] Mais tant que le monde occidental riche ne changera pas, il n’y aura pas de changements en Afrique ou dans des pays pauvres. C’est très lié. Je pense que le changement doit se passer avant chez les riches, parce qu’ils contrôlent ce qui se passe chez les pauvres. » Quel type de changement faudra-t-il faire ? « Avoir un peu de social et d’humain ! »
« Le Karkadé est une porte du Moyen-Orient à Grenoble »
Jérôme Soldeville, conseiller municipal de la ville de Grenoble, a connu Le Karkadé par ses relations politiques, il y a une dizaine d’années. Depuis, il a à son tour fait découvrir ce lieu cosmopolite à de nombreux élus et même à Eric Piolle, le maire de Grenoble.
Jérôme Soldeville, conseiller municipal habitué des lieux.
« Après l’élection de 2014, on est venus ici », confie-t-il. Pour Jérôme Soldeville, « Le Karkadé est une porte du Moyen-Orient à Grenoble, la rencontre entre le Moyen-Orient et l’Occident. Le lien d’amitié favorisé par ce lieu est l’illustration de l’ouverture vers le monde que l’immigration peut apporter à une ville ».
Autre habitué des lieux, Mohammed arrivé à Grenoble il y a deux mois environ. Ce jeune Syrien a entendu parler du Karkadé lors de son séjour en Égypte.
Amateur de musique et de culture française, ce musicien de 27 ans est venu à Grenoble pour changer de vie et se lancer dans une carrière musicale.
Depuis sa première semaine en France, il vient au Karkadé plusieurs fois par semaine et participe au “jam-sessions” (séances d’improvisation). « Pour moi, Le Karkadé c’est comme ma maison ! », se réjouit-il.
Pour Luc, Le Karkadé c’est « l’amitié, la rencontre et le partage ». © Yuliya Ruzhechka – Place Gre’net
Pour l’artiste Luc Quinton aussi, Le Karkadé est une « deuxième maison » : « C’était une rencontre et un coup de foudre avec Mahmoud. J’en avais entendu parler et je suis venu le découvrir lors d’une fête de quartier. Mahmoud est quelqu’un de très chaleureux, c’est un vrai poète et amateur de poésie et d’art. Le Karkadé, c’est un état d’esprit ! C’est un lieu où tout le monde se rencontre, où il y a un mélange. »
Après la soirée festive et conviviale, des invités se quittent en lançant : « Rendez-vous au 30e anniversaire ! », tout en sachant qu’ils se reverront sans doute dès la semaine prochaine autour d’une table lors d’un nouveau concert, un verre de karkadé à la main.
Retour en images sur la soirée du 4 mars.
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Yuliya Ruzhechka