FOCUS – Le 26 janvier 2017, une trentaine de militants du Parti de gauche de l’Isère annonçaient leur démission pour dénoncer la politique d’austérité de la Ville de Grenoble. Si chacun continue à soutenir la candidature de Jean-Luc Mélenchon, les mots et les positions sont à présent tranchés.
« Dialogue de sourds » d’un côté, « ressentiment » de l’autre… Au Parti de gauche isérois en ce moment, l’ambiance est aux petits règlements de comptes entre camarades. Ou plutôt entre ex-camarades, depuis qu’une trentaine de militants ont annoncé démissionner du parti, signant dans la foulée un communiqué pour le moins explicite. Prochaine étape : créer leur propre mouvement.
31 militants qui démissionnent, ce n’est évidemment pas anodin au sein d’un mouvement qui compte environ 300 membres sur le département. Les raisons de la colère ? Sans surprise, le plan de sauvegarde des services publics de la Ville de Grenoble. Un plan d’austérité soutenu par les élus du Parti de gauche siégeant au sein du conseil municipal.
« Une méthode qui n’est pas de notre culture »
L’ancien co-secrétaire du PG38 Dominique Mulé compte parmi les démissionnaires. Il ne mâche pas ses mots : « Le maire de Grenoble réagit comme cet ancien cadre dirigeant d’une multinationale. Éric Piolle avait probablement l’habitude de traiter des plans de redressement, et il a utilisé une méthode qui n’est pas de notre culture. »
Et Dominique Mulé de critiquer le Parti de gauche, tant au niveau national que départemental, qui interdirait tout débat démocratique au sein même du mouvement sur les orientations de la Ville. Quitte à « censurer » son site Internet, en interdisant par exemple la publication d’un communiqué de parents d’élèves de Saint-Bruno inquiets pour la sécurité de leurs enfants.
Alors, le Parti de gauche a‑t-il trahi sa « culture » en s’alliant avec les Verts pour remporter Grenoble ? « Ce sont les conditions de fonctionnement qui ne sont pas satisfaisantes. À partir du moment où le principe est un groupe unique dans lequel, à chaque fois, on recherche l’unanimité et le consensus, cela étouffe la discussion », juge encore Dominique Mulé.
« Un processus psycho-sociologique »
Son successeur au titre de co-secrétaire du Parti n’est pas tendre non plus. « C’est presque un processus psycho-sociologique », estime ainsi Alain Dontaine à l’endroit des militants démissionnaires. « Ces gens très actifs ont eu le sentiment que l’organisation leur appartenait, et le retour à la réalité a été un peu dur pour eux. »
Le « retour à la réalité » ? Autrement dit, l’assemblée générale du mois de septembre, où Alain Dontaine a été élu co-secrétaire en lieu et place de Dominiqué Mulé. « Ce sont des gens qui se retrouvent minoritaires et en conçoivent beaucoup de ressentiment. »
Mais parler d’absence de débat démocratique au sein du parti fait rire, un peu jaune, Alain Dontaine. « Franchement, c’est ridicule ! Nous sommes un parti démocratique comme la plupart des partis en France. Et comme tous les partis, nous considérons que quand il y a des désaccords profonds, cela doit faire l’objet de débats internes. Pas sur la place publique. »
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