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Guillaume Meurice © Nicolas Grandi

Guillaume Meurice : “Les spec­ta­teurs me sifflent, me huent… C’est une forme de duo !”

Guillaume Meurice : “Les spec­ta­teurs me sifflent, me huent… C’est une forme de duo !”

ENTRETIEN – L’humour a son nou­veau fes­ti­val isé­rois : Aux rires etc. Soit cinq soi­rées répar­ties sur cinq salles de l’agglomération gre­no­bloise, du 25 au 29 jan­vier. Tête d’affiche, Guillaume Meurice jouera « Que demande le peuple ? » à L’Heure bleue le 28 jan­vier. La forme du spec­tacle a tou­te­fois peu à voir avec les chro­niques radio de l’humoriste estam­pillé France inter, même si on retrouve son goût immo­déré pour la satire. Explications du prin­ci­pal intéressé.

Guillaume Meurice alias Xavier, le communicant aux dents qui rayent le parquet

Guillaume Meurice alias Xavier, le com­mu­ni­cant aux dents qui rayent le par­quet. © Nicolas Grandi

À la croi­sée du jour­na­lisme de ter­rain et de la satire. Voilà ce qu’on pour­rait dire du comique d’investigation que pra­tique Guillaume Meurice dans l’émission Si tu écoutes, j’annule tout, ani­mée par Charline Vanhoenacker et Alex Vizoreck, tous les jours, de 17 heures à 18 heures, sur France inter.

Envoyé (un peu) spé­cial, Guillaume Meurice tend son micro aux inter­lo­cu­teurs les plus divers. Même s’il excelle par­ti­cu­liè­re­ment lors des mee­tings poli­tiques et autres réunions de par­tis. Inutile de pré­ci­ser que ses inter­lo­cu­teurs ont de fortes chances d’en prendre pour leur grade.

Dans son seul en scène, Que demande le peuple ? – vu à la Basse cour en 2015 et cri­ti­qué ici –, il incarne un com­mu­ni­cant aux dents longues. Un per­son­nage que le public adore prendre en grippe grâce aux talents de comé­diens de Guillaume Meurice. Qui eut cru que ce gau­chiste patenté se glis­se­rait si bien dans la peau d’un tel arriviste ?

Votre spec­tacle « Que demande le peuple ? » est passé à la Basse Cour en avril 2015. Il est main­te­nant pro­grammé à L’Heure bleue au sein du fes­ti­val Aux rires etc. dont vous êtes la tête d’affiche. Un signe parmi beau­coup d’autres de votre noto­riété gran­dis­sante. Est-ce que cela vous réjouit ?

Oui, bien sûr ! Je ne vais pas cra­cher dans la soupe. Mais je reste vigi­lant. Je ne veux pas faire de trop grosses salles. Le spec­tacle est vrai­ment inter­ac­tif. Je pose des ques­tions aux gens. J’ai besoin d’entendre leurs réponses. Et puis, je n’ai aucun rêve de jouer dans des zéniths ou dans des han­gars à bes­tiaux de ce genre. Ça ne m’intéresse pas du tout.

Guillaume Meurice © Nicolas Grandi

Guillaume Meurice. © Nicolas Grandi

Le public qui vient vous voir connaît vos chro­niques sur France inter. Est-ce que leur récep­tion en est modifiée ?

C’est vrai que les gens viennent en connais­sant déjà à peu près le style d’humour, si on veut uti­li­ser un gros mot. Après, en tant que comé­dien et auteur, il ne faut pas se lais­ser ber­ner. C’est un public assez exi­geant, je crois. « Bon, il nous fait mar­rer sur cinq minutes mais est-ce que ça va tenir la route sur une heure et demie ? » Ils ne savent pas for­cé­ment que je viens du théâtre et que je fais ça depuis long­temps. C’est vrai que c’est un spec­tacle, dans sa forme, qui n’a rien à voir avec ce que je fais à la radio. Mais dans le fond, ils ne vont pas être sur­pris. Je ne vais pas défendre le nazisme et le sexisme sur scène !

Dans la pre­mière mou­ture de « Que demande le peuple ? », vous incar­niez le com­mu­ni­cant de Manuel Valls. Au vu de l’actualité de l’ex-Premier ministre, avez-vous dû réécrire par­tiel­le­ment le spectacle ?

Oui, j’ai un peu modi­fié le texte. Du coup, je ne joue plus le rôle du com­mu­ni­cant de Manuel Valls mais un com­mu­ni­cant de manière géné­rale, qui tra­vaille sur l’élection pré­si­den­tielle avec plein de can­di­dats. Toute la par­tie poli­tique est actua­li­sée. Par exemple, j’ai ajouté Macron qui gueule à la fin de son mee­ting, Valls qui dit qu’il veut sup­pri­mer le 49.3, Ségolène Royal qui dit des conne­ries à Cuba…

Lorsque vous avez joué à la Basse Cour en 2015, les spec­ta­teurs ado­raient hous­piller votre per­son­nage de com­mu­ni­cant aux dents longues. Le public joue-t-il tou­jours aussi bien le jeu ?

Oui, c’est ça qui est mar­rant. Le public est un per­son­nage du spec­tacle. C’était vrai­ment dans mon cahier des charges d’écriture. Je suis un peu gêné avec le fait de dire aux gens « fer­mez vos gueules, regar­dez-moi, écou­tez-moi pen­dant une heure et demie ». J’ai besoin d’interaction et puis de savoir ce qu’on fait là, tous ensemble, dans la même salle. Le fait qu’ils me répondent et qu’ils pigent la conven­tion théâ­trale, c’est hyper agréable. Ils me sifflent. Ils me huent. C’est une forme de duo.

Abordez-vous éga­le­ment la poli­tique locale selon les salles dans les­quelles vous vous produisez ?

Oui, je me ren­seigne tou­jours sur la poli­tique locale. J’aime bien. A Grenoble, vous avez tou­jours un maire écolo ? Bon, je vais pou­voir faire des blagues là-des­sus. Je demande tou­jours au régis­seur de la salle dans laquelle je vais jouer ce qui s’est passé d’un peu mar­quant dans les semaines qui ont précédé.

Comment arti­cu­lez-vous la tour­née du spec­tacle avec les chro­niques quo­ti­diennes sur France inter ?

Il faut avouer que je dors assez peu (rire). Les tour­nées le week-end, les chro­niques la semaine : le rythme est assez sou­tenu, je ne vais pas le cacher. Mais je m’amuse tel­le­ment que j’aurais vrai­ment du mal à me plaindre. J’ai quand même du bol d’être exposé dans une émis­sion faite avec des copains et, en plus, le week-end, de tour­ner mon spec­tacle dans des salles pleines avec des gens accueillants. Si le sacri­fice, c’est de ne pas dor­mir beau­coup, ça va !

Votre entrée à France inter a‑t-elle si for­te­ment changé la donne ?

Oui, sur­tout depuis que j’ai inté­gré l’émission Si tu écoutes, j’annule tout. Avant, j’étais chro­ni­queur dans l’émission de Frédéric Lopez, entre 11 heures et 12 h 30 [de 2012 à 2014, On va tous y pas­ser, ndlr]. Mais je n’y étais pas tous les jours et on était nom­breux. Ma chro­nique avait une forme plus clas­sique aussi.

Ce “comique d’investigation”, mélange de témoi­gnages recueillis sur le ter­rain et d’interventions en direct, l’avez-vous spé­cia­le­ment conçu pour Si tu écoutes, j’an­nule tout ?

À la base, je ne devais pas être en stu­dio quand Charline Vanhoenacker et Alex Vizoreck ont pensé l’émission. Alex savait que j’aimais bien dis­cu­ter, aller au contact des gens, emmer­der un peu le monde. En rap­por­tant les sons de mes entre­tiens sur le ter­rain, on s’est rendu compte que ça mar­chait mieux si je contex­tua­li­sais en expli­quant où je me trou­vais. Du coup, comme j’étais pré­sent en stu­dio, je me suis mis à ajou­ter des blagues dans les textes, à essayer de trou­ver un angle mar­rant. Aujourd’hui, il y a une moi­tié de sons rame­nés du ter­rain et une moi­tié d’écriture.

Les audi­teurs font-ils beau­coup de retours sur vos chro­niques ? De quelle nature ?

Guillaume Meurice © Nicolas Grandi

Guillaume Meurice © Nicolas Grandi

J’ai pas mal de retours sur les réseaux sociaux mais plu­tôt de la part de gens qui me suivent et qui m’aiment bien. Comme je fais une chro­nique par jour et qu’à chaque fois il y a un thème dif­fé­rent, il arrive qu’on m’envoie des mails du type : « D’habitude, je t’aime bien mais, là, t’as déconné. » Souvent, le thème en ques­tion les concerne direc­te­ment. Une fois, un flic m’a dit : « J’aime bien tes chro­niques. Même s’il y en a deux, trois que j’ai moins aimées. – Celles sur les flics ? – Oui. »

Quand je fais des chro­niques sur la reli­gion, il y a for­cé­ment des gens qui écrivent pour dire que c’est un scan­dale. Dès que tu fais un truc sur une reli­gion pré­cise, on te dit : « Vous n’oseriez pas le faire sur les autres. » Alors je leur envoie les liens des chro­niques que j’ai faites sur les autres. Normalement, ça les calme.

Mais bon, en règle géné­rale, c’est plu­tôt des réac­tions de gens qui m’encouragent. C’est con, d’ailleurs, parce que j’aime bien les mails d’insultes !

Dans les chro­niques à venir, on peut ima­gi­ner que les pré­si­den­tielles seront très pré­sentes. C’est du pain béni pour vous, non ?

Il y a plus de sujets, oui. Forcément, il va y avoir les petites phrases. Les can­di­dats vont être obli­gés de se posi­tion­ner sur tous les sujets. Et puis, après ces quatre mois, il y aura les légis­la­tives. Jusqu’à juin, il va y avoir beau­coup de mee­tings, de réunions publiques, de confé­rences de presse… Ça va être riche, je pense. Mais je vais quand même faire gaffe de ne pas faire que ça. Aujourd’hui, par exemple, j’ai parlé du can­na­bis, his­toire de varier un peu les plai­sirs. J’avais vu que Macron s’était posi­tionné sur le sujet. Alors j’ai saisi l’occasion !

L’émission sera-t-elle recon­duite l’année prochaine ?

On ne sait pas. Là, j’ai un contrat jusqu’à juin. Ça se fait année par année. Ils appellent ça des “contrats de grille”.

Au rayon des pro­jets, vous fait-on des pro­po­si­tions côté fic­tion (théâtre, cinéma), au vu de votre for­ma­tion de comédien ?

Pas du tout ! Ah si… J’ai reçu une pièce qu’il faut que je lise.

Des regrets ?

Ah, non ! Le cinéma, avec le peu d’expérience que j’en ai, ça m’a tou­jours fait chier. Je ne dis pas que je n’en ferai jamais plus. Mais il fau­drait vrai­ment un pro­pos que j’aime bien. En fait, le cinéma, tu attends deux heures pour tour­ner trois minutes. Après, il faut que les camé­ras se replacent, ça prend dix minutes. Moi, j’aime bien jouer. Avoir la scène pen­dant une heure et demie où tu peux t’amuser, impro­vi­ser, ça c’est génial ! Je n’ai même jamais très bien com­pris le plai­sir que les comé­diens pre­naient au cinéma, mis à part ce truc égo­tique d’avoir sa tête en quatre mètres par trois !

Propos recueillis par Adèle Duminy

Infos pra­tiques

Festival Aux rires etc., créé par TéléGrenoble et De la Lumière dans la Boîte

Du 25 au 29 jan­vier 2017

L’heure bleue de Saint-Martin-d’Hères

28 jan­vier / Complet

Programme des cinq soi­rées sur le site du fes­ti­val Aux rires etc.

AD

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