PORTRAIT – Samedi 26 et dimanche 27 novembre, le Nautic club Alp’38 organise son 2e Open des Alpes de natation à la piscine du domaine universitaire de Saint-Martin‑d’Hères. Cette compétition réunit un plateau royal, avec sept nageurs sélectionnés aux Jeux de Rio dont Camille Lacourt, Mehdy Metella, Clément Mignon et Jordan Pothain. Nous avons rencontré l’Échirollois, double champion de France en petit bassin la semaine dernière à Angers, après son entraînement de vendredi. Gros travailleur, exigeant avec lui-même et son entourage, le finaliste olympique sur 400 m nage libre incarne à 22 ans le présent et l’avenir de la natation française.
Pour rencontrer Jordan Pothain, il faut se lever tôt. L’Échirollois plonge dans le bassin d’Échirolles ou celui de la piscine du campus de Saint-Martin‑d’Hères dès 6 h 30. « Par semaine, j’ai dix séances de deux heures dans l’eau et, à côté, j’ai deux à trois séances de musculation », explique le nageur licencié au Nautic club Alp’38.
Mais son programme ne s’arrête pas à la natation. Il suit une formation à l’école de kiné de l’Université Grenoble-Alpes (UGA). Si bien que ses journées sont très chargées. « J’essaye de bien concilier les deux et de me reposer aussi. Mes journées sont rythmées par ça : nager, bosser les cours et me reposer. À 5 h 30, je suis debout. Du coup, le soir, je n’ai pas trop le temps de bosser tard, parce qu’il faut faire une bonne nuit. Je me couche vers 21 heures, 21 h 30 maximum. »
Jordan Pothain se donne ainsi les moyens de réussir à la fois ses études et sa carrière de sportif de haut niveau. « C’est un trait de caractère, cette capacité à faire deux choses en même temps et à vouloir la réussite sur les deux projets », souligne Guy La Rocca. Son entraîneur en natation le décrit comme « quelqu’un de très intelligent et de très réfléchi ». Quand il s’est fixé un but, il met tout en œuvre pour l’atteindre. « Il est très exigeant avec lui-même mais aussi envers l’entourage, envers moi et c’est réciproque. C’est pour ça qu’on s’entend bien. »
Guy La Rocca, son entraîneur :
« Il a effectué environ 480 entraînements jusqu’aux JO.
Il n’a eu qu’une seule absence, justifiée…
C’était un examen qu’il ne pouvait pas déplacer ! »
Guy La Rocca insiste sur la « grosse capacité de travail » du jeune homme de 22 ans. Un investissement qui se résume à travers quelques chiffres : « L’année dernière, il a effectué environ 480 entraînements jusqu’aux Jeux olympiques. Il n’a eu qu’une seule absence, justifiée car c’était un examen qu’il ne pouvait pas déplacer ! »
Pulvérisant de plus de deux secondes son meilleur temps en série, Pothain se qualifiera pour la finale du 400 m nage libre à Rio. Après ces premiers Jeux plein de promesses, le nageur ne s’est reposé que dix jours… Avant de reprendre l’entraînement pour préparer la nouvelle saison. Une reprise en douceur au début. La semaine dernière, il a réussi le doublé 200 – 400 m lors des championnats de France en petit bassin, à Angers.
Samedi et dimanche, il sera l’une des têtes d’affiche du 2e Open des Alpes de natation aux côtés de Camille Lacourt et Mehdy Metella. L’occasion d’évoluer devant sa famille, à la piscine du campus universitaire. « C’est toujours agréable de nager à la maison et ça fait de la pub pour le club. Ça fait venir de belles têtes d’affiche. Cette année, j’en fais partie, c’est sympa ! Au niveau des performances, le meeting est placé entre les championnats de France et les championnats du monde [à Windsor au Canada, en décembre, ndlr]. Donc il n’y a pas spécialement d’objectif, sinon de m’amuser et de faire des prestations. Ma famille va pouvoir venir me voir, c’est plus simple qu’au Canada ! Ça fait plaisir d’avoir du soutien, ça va être sympa », se réjouit Jordan Pothain.
Objectif : les Mondiaux en petit bassin au Canada, début décembre
« Ça nous tient à cœur parce qu’on est vraiment à la maison, renchérit Guy La Rocca. Il va nager pour le club, devant son public. C’est intéressant. Le fait que Jordan ait atteint ce niveau mondial nous permet d’accueillir d’autres nageurs de l’équipe de France. Ça va faire un beau spectacle. Après, on n’oublie pas que ce n’est pas forcément l’échéance majeure. Parce qu’on part au Canada le samedi 3 décembre avec début des courses le 6 (jusqu’au 11). Il ne faut pas se tromper. On est encore en préparation des championnats du monde. Le réel test c’est là-bas. »
En vue des Mondiaux, le nageur échirollois « n’aura pas un programme trop chargé », dixit son entraîneur, à Saint-Martin‑d’Hères. Il s’alignera sur 100 et 200 m nage libre ainsi que sur 50 et 100 m dos.
À Windsor, dans moins de deux semaines, Pothain espère faire aussi bien, voire mieux si possible, qu’à Rio. « L’objectif est de faire mes meilleurs temps. J’espère que cela me permettra déjà d’accéder à la finale du 400 m. Et puis pourquoi pas aller chercher un top 5, ce qui serait mieux qu’aux Jeux (8e). Sur 200 m, entrer en finale ce serait pas mal. » Il participera également au relais 4 x 200 m, en reconstruction.
S’il parvient à atteindre ses objectifs, Jordan Pothain sera récompensé, une nouvelle fois, de tous les sacrifices qu’il consent au quotidien. « J’en fais une force quand j’arrive en compétition pour me dire que je n’ai pas le droit d’échouer à ce moment-là. » Sacré tempérament.
Laurent Genin