DÉCRYPTAGE – Baisse de la masse salariale, maintien du niveau des investissements, poursuite du plan d’économies… Pour redresser ses finances, Grenoble entend maintenir le cap. A un mois du vote du budget, pas question pour la coalition rouge-vert aux manettes de la ville de déroger à la ligne qu’elle s’est tracée. Une politique d’austérité contestée sur le fond comme sur la forme et dont l’objectif affiché est d’éviter la mise sous tutelle de l’État. Mais Grenoble risque-t-elle seulement d’être placée sous tutelle financière ?
Comment vont les finances de la ville de Grenoble ? Pas très bien. Depuis le dérapage amorcé au début de la décennie et une reprise en main semble-t-il tardive, la capitale des Alpes s’approche dangereusement de la ligne rouge.
La ligne rouge ? C’est la capacité qu’a une ville à se désendetter.
Soit le nombre d’années nécessaires pour rembourser la totalité de la dette si elle venait à stopper tout investissement. Huit ans ? Elle est dans les clous. Onze ans ? Cela commence à déraper. Quinze ans ? Le mal est fait…
Avec plus de treize ans au compteur, les voyants sont passés à l’orange à Grenoble. C’est ce qui a conduit la majorité municipale à serrer la vis et à mettre en branle, de manière quelque peu abrupte, un plan d’austérité en juin 2016. Entre 11,3 et 13,6 millions d’euros d’économies à réaliser sur les services publics de la ville avec, comme mesure phare, et très contestée, la fermeture de trois bibliothèques.
Une gestion “à la louche” pour l’opposition
Six mois après l’annonce de ce plan, qui doit s’échelonner entre 2016 et 2017, on ne sait toujours pas à combien exactement les économies vont se monter. La fourchette reste en travers de la gorge des oppositions, à droite comme à gauche, lesquelles reprochent à la majorité rouge-vert de naviguer à vue.
Lundi, lors du débat d’orientations budgétaires préalable au vote du budget en décembre, l’adjoint aux finances s’en est défendu alors qu’à l’extérieur, une centaine de manifestants, avec force casseroles, ont pendant plus de deux heures tambouriné aux portes de l’Hôtel de ville, obligeant, pour la troisième fois consécutive, à placer une séance du conseil municipal sous protection policière.
Réalisation : Joël Kermabon
« On garde le cap, a confirmé droit dans ses bottes Hakim Sabri. Notre objectif est de respecter les ratios légaux et d’éviter la mise sous tutelle. »
C’est peut-être aller un peu vite en besogne… Le 24 mai 2016, le préfet de l’Isère s’est certes fendu d’un courrier au maire de Grenoble, dans lequel le représentant de l’État tirait la sonnette d’alarme. Mais il s’agit d’une procédure somme toute habituelle qui ne justifie guère d’agiter avec tant de vigueur le chiffon rouge de la mise sous tutelle, font remarquer ceux, hors des cercles politiques, qui connaissent bien le dossier.
« C’est de la com… », résume un fin connaisseur. Agiter le chiffon rouge pour mieux faire passer la pilule ? Il y a sûrement un peu de ça.
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