FOCUS – Conseil municipal très chargé ce lundi 7 novembre, avec un ordre du jour riche de 84 délibérations. Au nombre de ces dernières : les finances de la Ville avec le débat d’orientation budgétaire 2017, le projet d’aménagement et de développement durables (PADD), l’égalité hommes – femmes et la rénovation de la tour Perret. L’occasion pour les groupes d’opposition de s’exprimer sur les délibérations mises en avant par la majorité.
À l’orée du conseil municipal de ce lundi 7 novembre, les différents groupes politiques, majorité comme oppositions, fourbissent leurs arguments. En jeu : les quelque 84 délibérations à l’ordre du jour. Un conseil municipal fleuve donc – qui devrait durer jusqu’à 1 h 40 –, auquel vont s’inviter, dès 17 h 30 et ce sans grande discrétion, les bibliothécaires de Grenoble en lutte.
Nom de code de leur nouvelle opération : « Une casserole dans ton conseil ». L’occasion pour ces derniers, après l’édification d’un mur de livres devant la mairie et l’opération « Une tuile dans ton urne », de « faire plus de bruit pour enfin se faire entendre ». Le décor de ce quatrième conseil municipal consécutif susceptible d’être fortement perturbé est planté.
Des orientations budgétaires 2017 dans un « contexte contraint »
Mais revenons sur le fond. Qu’en est-il des délibérations phares figurant à l’ordre du jour ? Le débat d’orientation budgétaire 2017 (DOB) mis en avant par la majorité du Rassemblement citoyen de la gauche et des écologistes (RCGE) en est sans conteste l’un des poids lourds.
La majorité qui décrit un « contexte contraint, très difficile financièrement » et « un héritage lourd qui a fragilisé la ville de Grenoble en entraînant une chute de l’épargne nette depuis 2011 », reste cependant optimiste. Et se targue même d’être à la hauteur pour « préparer l’avenir ».
N’annonce-t-elle pas une « stabilisation de la situation budgétaire, pas de hausse des impôts locaux, la priorité à la transition sociale, écologique et démocratique et un bon niveau d’investissement » ? Notamment 12 millions d’euros pour les écoles, 2,4 pour les zones d’aménagement, 4,7 pour le sport, 2,2 pour les aménagements de proximité et 1,6 pour la culture. Autant d’axes forts de ce budget 2017 dont les élus vont avoir à débattre au cours de cette délibération.
Autre délibération sur laquelle la majorité entend donner un coup de projecteur : celle concernant les orientations générales du Projet d’aménagement et de développement durables (PADD) du Plan local d’urbanisme intercommunal (PLUI) de Grenoble-Alpes Métropole.
« Il s’agit de définir les orientations stratégiques à l’horizon 2030 – 2050. On ne fait pas des PLU tous les jours », déclare Vincent Fristot, conseiller municipal délégué à l’urbanisme, au logement, à l’habitat et à la transition énergétique, par ailleurs rapporteur de la délibération.
Quid des enjeux ? « Il s’agit là de reconnaître la spécificité de notre métropole de montagne, d’améliorer son attractivité, de trouver les bons équilibres en terme d’habitat, d’équipements et de mobilité pour répondre au mieux aux besoins des habitants et en leur apportant la meilleure qualité de vie possible », explique le conseiller municipal.
Égalité homme – femme et réhabilitation de la tour Perret
La lutte contre les discriminations sera également au centre des débats, avec le rapport sur la situation en matière d’égalité hommes – femmes, notamment au travail, que présenteront Emmanuel Carroz, délégué à l’égalité des droits et à la vie associative, et Maud Tavel, déléguée au personnel et à l’administration générale. Ces derniers ont travaillé sur un plan d’action visant à améliorer la situation en matière d’égalité. « Nous avons travaillé sur quatre axes de travail prioritaires : l’espace public, l’éducation et la jeunesse, le sport et, en qualité d’employeur public, les ressources humaines », expose Maud Tavel.
Enfin, il sera aussi question dans ce conseil municipal de l’Arlésienne qu’est devenue la réhabilitation de la tour Perret. « L’affaire de tous », selon la municipalité qui « ne [peut se] résoudre à laisser ce monument en si piteux état et [souhaite] engager la mise en œuvre de sa restauration ». De fait, le fameux monument en béton, classé au patrimoine mondial de l’Unesco, est interdit au public depuis cinquante-six ans pour des raisons de sécurité.
Le projet, estimé à environ huit millions d’euros et qui doit s’étaler « sur environ cinq ans », a vu son coût s’alourdir jusqu’à doubler en dix ans. Reste que, pour assurer la réussite de l’opération, encore faut-il trouver de quoi la financer… La mairie a des idées. « En plus de la participation des collectivités locales et de l’État, la ville de Grenoble étudie des modalités de lancement d’une souscription populaire, tout en poursuivant la recherche de mécènes institutionnels privés », explique Martine Jullian, conseillère municipale déléguée au patrimoine historique. Qui précise que la Ville est sur le point d’engager un prestataire pour évaluer la faisabilité de l’opération, tant en matière financière qu’en ce qui concerne la stratégie à appliquer.
Marie-Josée Salat : « Tout est obéré par le plan d’austérité »
Du côté de l’opposition de gauche et notamment celle du groupe Rassemblement de gauche et de progrès, on n’a toujours pas digéré le plan de sauvegarde des services publics. Pour Marie-Josée Salat, conseillère municipale, qui se refuse à utiliser la dénomination officielle, « ce n’est qu’un plan d’austérité qui cache son nom ».
Pour elle, le flou persiste. « Les agents de la Ville attendent toujours des précisions sur ce plan et sont très inquiets. Il n’a d’ailleurs toujours pas fait l’objet d’une délibération cadre en conseil municipal ! », s’inquiète l’élue qui interroge.
« Quels seront les services publics les plus impactés par les restrictions budgétaires, quelles économies sont attendues ? »
Autant d’incertitudes qui se superposent « en fond d’écran » sur ce débat d’orientation budgétaire. Pour Marie-Josée Salat, l’affaire est pliée, cette délibération sera « un coup pour rien ». « Il ne s’agit que de déclarations d’intentions, de grandes idées qui ne sont pas budgétées, dépourvues de tableaux comparatifs et sans calendrier. » Selon l’élue, les orientations du budget 2017 sont, de fait, complètement neutralisées. « Tout est obéré par le plan d’austérité alors que ce devrait être une feuille de route politique où l’on dit ce qu’on va faire, comment on va le faire et avec quel budget on va le faire ! »
L’opposition de gauche et Matthieu Chamussy à l’unisson
Un avis globalement à l’unisson de celui de Matthieu Chamussy, le président du groupe Les Républicains – UDI et Société civile, pour lequel « le document présenté pour le DOB n’est qu’un plaidoyer pour le plan de sauvegarde ». L’élu ne nourrit-il d’ailleurs pas exactement les mêmes incertitudes que celles de l’opposition de gauche quand il affirme que « la municipalité navigue à vue » et que le « vague subsiste quant aux montants des économies qui seront réalisées et les secteurs potentiellement impactés » ?
L’élu s’inquiète. « Ce sont les orientations budgétaires de mi-mandat, ce qui n’est pas décidé aujourd’hui qui ne verra pas le jour dans ses limites », souligne-t-il. « Ce que révèle ce conseil de lundi, c’est le contraste entre les certitudes de cette municipalité et l’absence de boussole sur les questions qui déterminent l’avenir de Grenoble et de ses habitants », conclut, un peu dépité, le président de groupe.
« Si vous avez six francs, six sous, viendez parce que, nous, on n’a pas une thune ! »
Quant au projet de rénovation de la tour Perret, Matthieu Chamussy dénonce un nouveau coup de communication. « On parle “d’environ” cinq ans de travaux, ce qui nous emmène au prochain mandat. Il n’y a pas de date de début des travaux, pas de date d’avant-projet sommaire… », critique-t-il. Concernant leur financement, l’élu n’est guère plus tendre. « Et ensuite on va dire aux Grenoblois : “Oyez, Oyez, si vous avez six francs, six sous, viendez parce que, nous, on n’a pas une thune !” », brocarde l’élu.
Anouche Agobian, conseillère municipale du groupe Rassemblement de gauche et de progrès, est plus dans le consensus. Reconnaissant là « un beau projet », l’élue tempère néanmoins. « Attendons quand même d’avoir clairement, encore une fois, communication du budget de cette opération », déclare-t-elle prudemment.
Sur le PADD, Marie-Josée Salat compte intervenir « pour demander un peu plus d’humilité dans sa présentation et ne pas donner le sentiment que la majorité a découvert les choses à partir de mars 2014 ». Selon cette dernière, il y a à Grenoble un vrai héritage – une référence évidente à la municipalité précédente – de ce point de vue-là. « La Ville a été souvent primée pour ses actions, notamment sur l’habitat durable, l’accessibilité… Nous insisterons bien sur ce point », affirme-t-elle. Et de déplorer cependant « de ne disposer que de très peu d’informations sur le budget et le calendrier ».
La conseillère municipale est cependant bien décidé à revenir en conseil sur les aspects de la propreté évoqués dans le PADD. « Là, on est un peu hors sol, je ne sais pas de quelle ville ils parlent. Quand je parle avec les Grenoblois, je constate qu’il y a un vrai problème avec la propreté et le traitement des espaces publics », explique Marie-Josée Salat.
« Comment ont-ils obtenu tous ces chiffres ? »
Intervenir, tel est également bien l’intention d’Alain Breuil, conseiller municipal Front national. Tout d’abord, sur le débat d’orientation budgétaire (DOB). S’il ne manque pas de saluer le choix de ne pas augmenter les impôts locaux, qui « va dans le bon sens », il tique sur les chiffres annonçant une remonté de l’épargne nette. Celle-ci passerait, selon le document du DOB, de – 8 millions d’euros à + 1 million d’euros à la fin du mandat. Autre point d’interrogation pour l’élu : l’amélioration annoncée de la capacité de remboursement de la dette, qu’il qualifie de « miraculeuse ».
Et de s’interroger : « Comment ont-ils obtenu tous ces chiffres ? » C’est bien là une des questions qu’il posera lors du conseil municipal.
Quant à l’égalité hommes – femmes, Alain Breuil ironise : « Bon, je ne vais pas ressortir le Coran cette fois-ci, c’était bon l’année dernière, c’est du one shot. » Et l’élu d’assurer que si son groupe est bien évidemment pour l’égalité homme – femme, il n’est pas « choqué qu’il y ait plus de femmes dans les services sociaux et plus d’hommes dans les services de mécanique ».
Joël Kermabon