FOCUS – Présenter des « solutions » garantissant une société plus « écologique, sociale et humaine ». Voilà l’objectif de la journée de la transition citoyenne qui s’est déroulée samedi 24 septembre à Grenoble. Organisée par le Collectif pour une transition citoyenne et l’association La Serre à orgueil, l’événement se voulait informatif mais aussi festif. Petit tour d’horizon.
« Des solutions sont là, à moi de faire le premier pas ». Tel était le thème de la journée de la transition citoyenne organisée à Grenoble samedi 24 septembre.
Objectif : montrer que des solutions locales existent pour construire une société plus « écologique, sociale et humaine ». L’événement était organisé par l’association La Serre à Orgueil et le Collectif pour une transition citoyenne, regroupant plusieurs structures : Alternatiba Grenoble, Attac 38, le collectif Roosevelt Isère, Enercoop, Terre de liens…
Dans « la continuité d’Alternatiba », des pôles avaient cette année été mis en place pour « aller à la rencontre des publics » et non plus faire « un événement concentré » comme en 2015, souligne Brigitte Neyton du mouvement éponyme. Du parc Paul Mistral au jardin de ville en passant par la place Victor-Hugo, stands informatifs et animations ont agrémenté cette journée informative et festive à dimension locale et nationale.
« Passer du pouvoir d’achat au pouvoir d’agir »
Place Victor-Hugo, plusieurs associations étaient réunies pour traiter de la finance éthique et présenter des initiatives permettant de passer « du pouvoir d’achat au pouvoir d’agir ». Parmi elles, Attac 38, Terre de liens, Les Cigales, Un toit pour tous… et la coopérative financière La Nef.
Créée en 1978 sous forme d’association, La Nef est devenue un organisme financier à statut coopératif en 1988. Son principe : « que l’argent relie les hommes », explique Jean-Claude Dupré, bénévole et sociétaire actif. Son créneau ? « Financer des projets à forte plus-value sociale et environnementale ». Sans oublier les secteurs de l’insertion, du logement social et de la culture.
Réseaux Satoriz et Biocoop, le Café des arts, Neroli Hammam, Repérages, La Bobine… De nombreux acteurs ont d’ores et déjà fait appel à l’organisme financier, objet du documentaire « La banque qui veut prêter plus ». Pour l’heure, les particuliers ne peuvent y ouvrir que des livrets d’épargne. Il leur faudra attendre 2018 pour créer un compte courant.
Autre alternative à l’honneur : le Cairn, la monnaie locale complémentaire grenobloise. Son but : « soutenir l’économie locale » car, comme son nom l’indique, elle a vocation à circuler sur un territoire donné, le bassin grenoblois en l’occurrence.
Pour Xavier, bénévole au sein de l’association Le Cairn, il s’agit d’un « outil pédagogique » d’éducation populaire qui doit permettre d’éviter « les dérives de la monnaie traditionnelle » et « faire réfléchir à quoi sert l’argent ».
Date de lancement officiel prévue : septembre 2017. Sous réserve néanmoins « que le cadre légal le permette » et qu’il y ait un nombre suffisant de partenaires, outre La Nef et les collectivités locales.
Belle affluence également pour les deux sessions de la conférence gesticulée « Tic Tac, le temps c’est de l’argent » de Philippe Cazeneuve, mettant en lumière les paradoxes de notre société et offrant une réflexion sur la répartition du temps de travail et de l’argent. L’Eléfàn, La Bonne Pioche, Enercoop… de nombreux acteurs locaux avaient fait le déplacement pour présenter leur initiative. Tout comme des militants qui ont mené des actions devant le Crédit lyonnais et la Société générale, place Victor-Hugo.
« Retrouver le rôle premier de la terre »
La journée de la transition citoyenne faisait aussi la part belle à l’agriculture urbaine, avec le thème : « Tous jardiniers, semons pour le printemps 2017 ». Au parc Paul Mistral, un jardin « Incroyables comestibles » a d’ailleurs été mis en place, suite au film Demain et à la venue de Cyril Dion [un des réalisateurs du film, ndlr] dans la capitale des Alpes.
Pour Brigitte Neyton des mouvements Alternatiba Grenoble et Incroyables comestibles, il s’agit avant tout de créer un lieu de rencontres : « C’est de la nourriture pour tous, produite par tous et à partager ». Avant d’ajouter, enthousiaste : « Les gens peuvent venir semer, se servir ». D’ailleurs, ce n’est pas un hasard s’il a été implanté « sur un lieu de passage ». Il doit permettre aux passants de se reconnecter.
Objectif : « retrouver le rôle premier de la terre qui est une terre nourricière » pour le corps, « les sens » et « le vivre ensemble », d’après l’intéressée. Plusieurs temps d’échanges étaient ainsi organisés dont deux « ateliers graines ». Certaines ont été semées dans le jardin à l’aide de bombes à graines, les autres distribuées en ville. Sans oublier la création d’une butte en permaculture et d’une cabane en osier vivant.
« A partir de là, on est sur le chemin de la souveraineté alimentaire en ville », estime Brigitte Neyton. « C’est retrouver une autonomie de production, un rapport direct avec la terre. L’association Corps Emouvance, accompagnée de musiciens, proposait par ailleurs une danse planétaire : petits et grands étaient invités à marcher ou courir en cercle pour montrer leur « engagement pour la paix et la planète ».
Brigitte Neyton s’en émeut : « Je pense profondément que c’est ça qui va nous permettre de respecter la Terre et c’est pour ça qu’aujourd’hui, pour finir la journée, il y a cette danse planétaire où on est invité à se connecter, à faire une intention pour l’humanité, pour la Terre sur laquelle on vit. »
S’en est suivie une balade accompagnée du botaniste Frédéric Gourgues de l’association Gentiana depuis le parc Paul Mistral jusqu’au jardin de ville pour rejoindre les festivités organisées autour de la « Fête de la gastronomie populaire ».
Toucher différents publics
Ateliers de soudure par L’Atelier paysan, création de meubles en bois, jeux pour tous… Une multitude d’ateliers et d’activités étaient proposées au jardin de ville pour clôturer la journée de la transition citoyenne. Sans oublier des concerts et des stands de restauration.
Mais quel bilan tirer de cette journée ? Pour Pascal Clouaire, adjoint à la démocratie locale, pas de doute le message passe : « Cette année, beaucoup plus de gens différents sont venus à la rencontre de cette journée en transition, à la rencontre des stands. » Et d’ajouter : « C’est un moment important car il permet de toucher un public qui n’a pas l’habitude de réfléchir à ces questions-là. »
L’élu estime d’ailleurs que ce type d’événement gagnerait a être organisé plus régulièrement et « partout dans la ville, dans des quartiers et des lieux où on n’a pas l’habitude » de traiter de tels sujets. Le conférencier-gesticulant Philippe Cazeneuve est plus nuancé : « Faut être réaliste, la majorité des gens [qui viennent] sont quand même déjà sensibilisés et intéressés. C’est pas parce que l’on est sur une place publique que tout le monde va venir. »
Pour l’intéressé, un renouveau est d’ailleurs nécessaire pour « sortir des militants purs et durs ». Il faut marquer les esprits : « On a beaucoup à progresser là-dedans, trouver d’autres formes que les formes classiques qui ne touchent que les militants et qui aujourd’hui sont un peu vieillissants. Il y a toute une génération qui a envie d’autre chose. »
Alexandra Moullec