FOCUS – Pas de trêve estivale pour les candidats déclarés à la primaire – ouverte au centre – organisée par le parti de droite Les Républicains. C’est ainsi qu’à trois mois du scrutin Alain Juppé a officiellement confirmé, le 21 juillet dernier, la désignation de Richard Cazenave dans le rôle de porte-parole de sa campagne pour le département de l’Isère.
Petit à petit, partout en France, les têtes d’affiche des Républicains avancent leurs pions sur le damier des primaires qui désigneront leur candidat à la candidature dans les règles pour la course à l’Élysée.
Les états-majors des différents prétendants, en pleine effervescence avant le scrutin annoncé pour le 20 novembre 2016, installent leurs courroies de transmission au cœur des départements.
C’est notamment le cas en Isère où Alain Juppé, le maire de Bordeaux vient de désigner officiellement – ce n’était plus un secret – Richard Cazenave, député honoraire et conseiller municipal du groupe Les Républicains – UDI et Société civile, comme porte-parole de sa campagne en Isère.
Le défi ? Organiser un scrutin irréprochable
Il appartiendra désormais à Richard Cazenave d”« incarner la visibilité médiatique de la campagne dans le département, [de] favoriser le ralliement d’élus à [sa] candidature et [de] faciliter le développement des comités et de leurs activité », précise Alain Juppé dans un courrier adressé au conseiller municipal, le 21 juillet dernier.
Une responsabilité que le lieutenant isérois du candidat assumera en lien avec Emmanuel Fusiller, référent national, et Éric Chassery, le coordinateur départemental des comités de soutien, dont huit actuellement en Isère.
« Mais nous espérons, au final, pouvoir en créer une douzaine pour couvrir l’ensemble du département », se prend à espérer l’élu.
« Je serai son relai, son représentant pour relayer ses propositions, ses idées. Nous allons organiser des réunions et également la venue de différentes personnalités dont notamment Jean-Pierre Raffarin, l’ancien Premier ministre de Jacques Chirac », expose Richard Cazenave.
La cible ? « Elle dépasse très largement celle des adhérents des partis politiques. Nous nous adresserons à tous les électeurs de la droite et du centre. Le défi est d’organiser un scrutin assez proche des gens, des citoyens, dans la transparence et la régularité et ce dans 173 bureaux de vote en Isère », explique le conseiller municipal.
« Ceux qui s’assoient sur leur convictions me fatiguent ! »
Sur le plan local et départemental, la multiplicité des candidatures Les Républicains se reflète dans la valse – hésitation ? – de leurs soutiens respectifs, à travers ce qui ressemble à un jeu de chaises musicales.
C’est ainsi que Matthieu Chamussy, le voisin de Richard Cazenave sur les bancs de l’opposition municipale, qui s’était rangé aux côtés de François Fillon lors des élections à la présidence de l’UMP en 2014, s’est rallié à Bruno Le Maire. L’élu justifie son choix par un besoin urgent de renouvellement dans les rangs du parti.
« C’est l’occasion pour nous de mettre du neuf dans la maison. Avec Pierre Gimel, nous avons fait le choix, pour cette primaire ouverte à droite, du candidat des idées, du candidat du renouveau. »
Avec l’aide de Pierre Gimel, vice-président Les Républicains du Conseil départemental, Matthieu Chamussy conduit depuis le début de l’année la campagne de Bruno Le Maire en Isère, en soulignant « ses qualités humaines et sa détermination ».
Selon Pierre Gimel, c’est le bon choix. « J’ai travaillé avec Juppé, soutenu Fillon, mais aujourd’hui j’ai choisi Bruno Le Maire. Bruno est celui qui incarne le mieux les valeurs auxquelles je suis attaché. Il ne transige pas. Ceux qui s’assoient sur leurs convictions me fatiguent ! », tranche-t-il, convaincu.
Un appel à parrainer la candidature de Nicolas Sarkozy
Quant à François Fillon, l’ancien ministre peut compter sur le soutien du sénateur-maire de Domène, Michel Savin appuyé par Frédérique Puissat, première vice-présidente Les Républicains du département, également maire de Château-Bernard, et par Vincent Chriqui, maire Les Républicains de Bourgoin-Jallieu et conseiller départemental.
Là aussi, on est persuadé d’avoir misé sur le bon cheval, c’est du moins l’avis de Vincent Chriqui. « C’est un réformateur qui porte un projet pour la France. […] Autour de lui, se montera une équipe resserrée qu’il dirigera avec calme. Car c’est un homme de sang froid. Certains ont pu y voir un défaut, pour ma part, je trouve que c’est une qualité essentielle pour un président de la République », déclarait l’élu courant janvier 2016 sur le site des Républicains 38.
C’est sur Nicolas Sarkozy – qui doit annoncer sa candidature avant la fin du mois d’août – que mise pour sa part le comité d’appel à sa candidature en Isère. C’est ainsi que Alain Moyne-Bressand, député et maire de Crémieu, Alain Carignon, ancien maire et ministre, et Thierry Kovacs, le maire de Vienne, appellent à « parrainer » l’ancien chef de l’État. Pour ces trois signataires, l’engagement de Nicolas Sarkozy est absolument indispensable « pour un pays sans cap ni chef, qui est à la dérive au plan économique, absent de la scène internationale, et paralysé dans son action politique ».
Tous les candidats n’obtiendront pas leurs parrainages
Cependant, sur les treize candidats potentiels ou déclarés, tous ne franchiront pas l’étape de la collecte des parrainages. Certains s’en plaignent, notamment Nadine Morano qui dénonce, dans une interview accordée à RTL ce 8 août, des « primaires assez mal organisées ». Ce que ne manque pas de déplorer Richard Cazenave. « Ils se présentent comme des victimes que l’on veut exclure de la présidentielle. En réalité, beaucoup de ceux qui aujourd’hui se déclarent candidats n’obtiendront pas leurs parrainages », commente le porte-parole d’Alain Juppé.
La multiplicité des candidatures au sein des Républicains ne revient-elle toutefois pas, pour le parti, à se tirer une balle dans le pied avec le risque d’attaques personnelles ?
« C’est ce que certains redoutent et c’est ce qu’il faut essayer d’éviter […] Vous verrez que dans nos propositions, nos prises de positions, il n’y a pas d’agression contre les personnes », assure l’élu. Et de prédire, quelque peu circonspect : « Mais ce ne sera pas le cas de tout le monde ! »
Si Richard Cazenave ne nie pas le danger, il n’en considère pas moins que l’enjeu est de taille et que ce pré-scrutin est incontournable. « S’il n’y avait pas les primaires, le risque serait de ne pas se retrouver au second tour », conclut-il sentencieusement.
Joël Kermabon