ENQUÊTE – Faut-il revoir la politique de gestion du loup en France ? Alors que le gouvernement s’apprête à porter le quota de loups à abattre de 36 à 42 et que la France a demandé son déclassement en tant qu’espèce protégée, deux attaques coup sur coup à Chichilianne, sur les contreforts du Vercors, replacent le grand prédateur au cœur de l’échiquier politique. Au risque de s’égarer en chemin. Car les tirs, non seulement désorganisent les meutes, mais augmentent les attaques.
À Chichilianne, la tension monte. Après l’attaque d’un premier troupeau de brebis dans la nuit du 6 au 7 mai dernier, une seconde attaque s’est, au petit matin du 14 mai, soldée par la mort de douze bêtes*.
Pour le maire de cette petite commune du Trièves située au pied du mont Aiguille sur les contreforts du Vercors, la responsabilité du loup ne fait aucun doute. Pour les services de l’État, qui n’ont pas encore confirmé la thèse du canidé, non plus… Et pour cause, depuis la fin des années quatre-vingt-dix, une meute s’est installée sur les hauts-plateaux du Vercors, partageant son territoire entre l’Isère et la Drôme.
Le maire de Chichilianne demande une autre gestion du loup
Le loup a donc refait une apparition remarquée en Isère. Alors que les troupeaux s’apprêtent à gagner les alpages, que le gouvernement est sur le point de passer le quota de loups à abattre de 36 à 42**, que la France s’est singularisée en demandant à l’Europe le déclassement du prédateur comme espèce protégée***, faut-il revoir la politique de gestion du loup dans l’Hexagone ?
C’est ce que réclame le maire de Chichilianne. À quelques jours de l’arrivée de 6.000 moutons sur la commune, sonnant le début de l’estive, Yann Souriau a pris son bâton. Pas de pèlerin, ni de berger. Mais d’élu et surtout de représentant du plan Loup pour les maires de l’Isère. Car Yann Souriau compte bien battre le rappel des troupes pour faire bouger les lignes.
« Le loup, cela ne concerne pas que Chichilianne ! Il faut sortir du saucissonnage des territoires et des responsabilités, il faut une gestion globale, pas au cas par cas », pointe le premier magistrat. Son objectif ? Peser pour faire changer les lois et les politiques mises en œuvre en rejoignant l’union pour la sauvegarde des activités pastorales et rurales. Cette association, née fin 2015, ne cache pas son soutien au projet du gouvernement de rehausser le quota de loups à abattre. L’élu déterre-t-il la hache de guerre ?
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