FOCUS – Tout juste nommée secrétaire d’État à la Ville, Hélène Geoffroy a choisi de visiter le quartier de la Villeneuve de Grenoble, l’un des 200 quartiers d’intérêt national concernés par le Programme national de rénovation urbaine. Un déplacement surprise au cours duquel la ministre s’est rendue à l’agence Pôle emploi Vigny-Musset, avant de rencontrer le conseil citoyen d’Échirolles.
Fraîchement issue du remaniement ministériel du 11 février, Hélène Geoffroy, la nouvelle secrétaire d’État à la Ville, n’aura pas tardé à prendre contact avec le terrain. Elle s’est rendue ce vendredi 19 février à la Villeneuve, quartier emblématique du renouvellement urbain.
Quatrième ministre de la Ville du quinquennat Hollande, mais aussi maire de Vaulx-en-Velin dans la banlieue de Lyon, la ministre intervenait dans le cadre de la politique de rénovation urbaine du quartier. Mais également pour promouvoir la parole des habitants au sein des conseils citoyens.
Grenoble, « un endroit où le partenariat fonctionne bien »
Pourquoi ce choix de Grenoble pour un premier déplacement officiel ? « J’ai fait le choix de Grenoble avec sa métropole et ses villes parce que c’est un endroit où le partenariat fonctionne bien et où les dynamiques sont bien lancées », déclare Hélène Geoffroy. « Il fallait aussi que je puisse m’appuyer sur ce qui fonctionne pour ensuite aller voir d’autres endroits où il faut continuer à “impulser”, où les alchimies sont moins évidentes », poursuit-elle.
L’accompagnaient dans cette visite, entre autres personnalités, Jean-Paul Bonnetain, préfet de l’Isère, les députés Michel Destot et Michel Issindou, Renzo Sulli, maire d’Échirolles, Élisa Martin, première adjointe au maire de Grenoble, et Catherine Rakose, élue déléguée au secteur 6 de Grenoble.
La Villeneuve, quartier emblématique de la rénovation urbaine
Le quartier de la Villeneuve était déjà inscrit dans le cadre du premier programme de renouvellement urbain. Celui-ci avait notamment permis la démolition de 85 logements, la reconstruction hors site de 104 logement sociaux, la réhabilitation d’équipements publics ou encore la transformation d’anciennes écoles.
Le quartier figure également dans la liste des 200 quartiers d’intérêt national dévoilée le 16 décembre 2014 par Myriam El Khomri, alors secrétaire d’État à la Ville et Patrick Kanner, ministre de la Ville, de la jeunesse et des sports.
C’est donc un deuxième pan du programme de rénovation qui est dès lors amorcé.
Premier objectif de la visite ministérielle : « montrer l’importance qu’il y a de tirer un trait d’union, au service des habitants, entre ces deux programmes », comme le précisait un communiqué du ministère de la Ville de la jeunesse et des sports.
Une aubaine pour l’emploi dans le quartier ?
Qui dit rénovation dit chantiers de construction. Donc, en toute logique, des opportunités d’emploi et d’insertion pour les habitants. Autant dire une aubaine dans un quartier où le taux de chômage atteint les 20 %.
Qu’en sera-t-il en réalité ? Sachant que l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru) préconise « qu’au moins 5 % des heures travaillées devront profiter aux habitants des quartiers », ne sera-t-on pas un peu loin du compte ?
C’est dans ce contexte que Hélène Geoffroy a tenu à rencontrer les acteurs de l’agence Pôle emploi Vigny-Musset et d’autres partenaires concernés par l’emploi sur le périmètre de la métropole grenobloise.
Ces derniers lui ont présenté les mesures mises en place pour favoriser l’emploi des habitants issus des quartiers prioritaires. L’occasion pour la ministre de s’entretenir avec Mercedes Garac, responsable de la Mission locale d’Échirolles, qui nous résume la teneur de cet échange.
Ne pas stigmatiser les quartiers
Pour Hélène Geoffroy, il ne faut pas stigmatiser les quartiers, porteurs d’avenir. « Je suis là aussi pour dire que les habitants de ces quartiers réussissent comme les autres et qu’ils ont une énergie même plus grande. Car c’est une obligation, quand on vient d’un quartier populaire, d’être plus énergique et plus innovant », affirme-t-elle.
La ministre s’est ainsi entretenue avec six habitants du quartier, employés en contrat d’insertion sur un un chantier concernant 2000 logements au 50 galerie de l’Arlequin. Avant qu’Éric Ruiz, chef de projet Anru à Grenoble-Alpes Métropole ne lui en présente les principales caractéristiques.
Les conseils citoyens, fers de lance de la politique de la Ville ?
Deuxième objectif de la visite de Hélène Geoffroy : promouvoir les conseils citoyens issus de la loi de programmation pour la ville et la cohésion urbaine, dite loi Lamy, du nom d’un des prédécesseurs de la nouvelle secrétaire d’État. Votée en février 2014, elle vise à construire avec et pour les habitants.
Espaces de réflexion et d’action, ces conseils citoyens sont censés « permettre aux habitants d’être parties prenantes et de co-construire les projets et les politiques publiques déployés dans leurs quartiers ». Du moins, est-ce le vœu du gouvernement.
Histoire de prendre la température, une rencontre-débat était organisée avec des membres du conseil citoyen d’Échirolles – également concernés par le nouveau programme de renouvellement urbain.
À l’issue de ce long échange, Hélène Geoffroy s’est exprimée sur cette forme de démocratie participative, en souhaitant qu’elle fasse tâche d’huile un peu partout en France.
Une visite surprise diversement appréciée
Cette visite surprise n’aura pas laissé indifférents, loin de là, les habitants du quartier qui ont vu débouler le cortège officiel sans avoir été réellement prévenus. C’est du moins ce qui ressort de l’article du Crieur de la Villeneuve qui n’hésite pas à parler de « langue de bois » lorsqu’il évoque les déclarations de la secrétaire d’État. Sans oublier de fustiger « une visite tellement surprise que la plupart des acteurs de la Villeneuve ne l’ont su qu’au dernier moment ! »
Généralement critique vis-à-vis de la politique gouvernementale actuelle, Élisa Martin, première adjointe du maire de Grenoble, s’est cette fois-ci montrée relativement séduite par le discours de la ministre.
Joël Kermabon