FOCUS – Jean Therme vient de transmettre le flambeau à Stéphane Siebert, 56 ans, nouveau directeur de la recherche technologique du CEA depuis le 1er janvier 2016. Un changement dans la continuité, du fait de l’expérience de son successeur dans l’industrie et la recherche et de la proximité des deux hommes.
Nouvelle année et nouvelle direction. Depuis le 1er janvier 2016, Stéphane Siebert remplace officiellement Jean Therme à la direction de la recherche technologique du Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) à Grenoble.
S’il reste relativement peu connu du grand public, du fait de sa discrétion, Stéphane Siebert a occupé des postes clés tant dans le domaine scientifique que de la politique grenobloise.
Diplômé de l’École centrale Paris en 1981, entré en 1984 comme ingénieur-chercheur au service Piles du CEA de Grenoble, avant d’être nommé directeur des grands projets de la direction de la recherche technologique du CEA à Grenoble (CEA-Tech*) en 2007, il est désormais à la barre de l’un des cinq pôles du géant national de la recherche.
Des liens étroits avec Michel Destot
De 1989 à 1995, il participe à la création et au développement de Corys, société essaimée du CEA par Michel Destot, lui-même alors ingénieur dans le centre. La spécialité de cette entreprise ? La simulation en temps réel de centrales nucléaires et thermiques, de réseaux et de systèmes ferroviaires.
Nommé directeur des services techniques à la ville de Grenoble en 1995, suite à l’élection de Michel Destot, il deviendra ensuite directeur général des services, puis en 2008, adjoint « aux Jeux olympiques et au développement durable ». Sans oublier un poste d’administrateur de la société d’économie mixte InnoVia Grenoble durablement, notamment en charge de l’aménagement de la Presqu’île.
Sur le plan personnel, Stéphane Siebert est également de longue date le compagnon de Geneviève Fioraso, députée socialiste, ancienne adjointe à l’économie de Michel Destot, ex-ministre puis secrétaire d’État chargée de l’enseignement supérieur et de la recherche sous la présidence de François Hollande. Une situation qui a d’ailleurs valu à Geneviève Fioraso, en août 2014, d’être déchargée par décret de toute décision concernant la direction de la recherche technologique du CEA, son compagnon en étant alors le directeur délégué.
Stéphane Siebert, dauphin de Jean Therme
Jean Therme n’étant pas homme à laisser place au hasard, il a, pendant un an, préparé son dauphin, nommé directeur-adjoint de la recherche technologique à ses côtés en 2015. Un accompagnement qu’il prolonge à présent sous l’étiquette de conseiller spécial auprès de Stéphane Siebert. À charge pour ce dernier de consolider le bilan de son prédécesseur, en charge de la recherche technologique de 2003 à 2015.
Pendant son mandat, Jean Therme a en effet contribué au développement d’infrastructures technologiques majeures au service des entreprises innovantes : Minatec, l’Alliance, Minalogic, Nanotec, Nanobio, Clinatec, campus Giant, Nano 2017…
Les très nombreux brevets déposés par le CEA ne sont d’ailleurs pas étrangers au classement de Grenoble par le magazine Forbes comme cinquième ville la plus innovante au monde en 2013.
« Aujourd’hui, le taux de collaboration avec les industries est inégalé. Près de 80 % des industriels du Cac 40, plus de 500 PME et ETI ont sollicité les compétences des chercheurs grenoblois du CEA. Une dynamique qu’il a complètement accélérée », selon le CEA Grenoble.
Qui ne manque pas de rappeler que l’organisme a essaimé plus de 50 startups technologiques ces dix dernières années et que le CEA-Tech comptabilise désormais plus de 145 partenaires internationaux.
L’homme qui murmurait à l’oreille des politiques
En fin connaisseur de la chaîne de l’innovation, l’ingénieur physicien, diplômé de l’Institut national polytechnique de Grenoble (INPG) a, de fait, largement contribué à son échelle à rapprocher recherche et industrie. Notamment en s’attaquant à son maillon faible, la construction de produits démonstrateurs d’innovation, en aval de la recherche fondamentale et en amont du lancement des produits.
Une stratégie visiblement payante puisque pas moins de 4500 chercheurs travaillent désormais au CEA-Tech alors qu’ils n’étaient que 1900 il y a quatorze ans. Parmi les principaux secteurs d’application de la structure : les micro et nanotechnologies, les biotechnologies et les nouvelles technologies de l’énergie.
Persuadé que l’innovation technologique reste un levier majeur pour relancer l’emploi, Jean Therme a toujours su trouver des oreilles attentives parmi les élus des territoires rhônalpins.
Mais aussi des gouvernements successifs sur les moyens de déployer le modèle grenoblois dans les autres régions françaises.
Il concentre désormais tous ses efforts sur le développement de la production et du stockage d’énergie, notamment dans le domaine du solaire et de l’hydrogène. Délégué aux énergies renouvelables auprès de l’administrateur général du CEA depuis 2010, il était ainsi encore reçu le 6 novembre dernier à l’Élysée par le président de la République en amont de la Cop21.
Maintenant qu’il a passé le relais à Stéphane Siebert, charge au nouveau directeur de la recherche technologique de faire connaître son projet. Prochain rendez-vous à l’occasion des vœux au personnel fin janvier 2016.
Véronique Magnin avec Paul Turenne
* CEA-Tech regroupe les trois instituts Leti, Liten, List et l’Institut CEA Tech en région.