DROIT DE SUITE – Le 9 décembre dernier, l’association du centre social Chorier Berriat interpellait ses adhérents, suite à une baisse importante de sa subvention municipale qui mettait son existence en péril. Bruno Fave, président de l’association, attendait alors une nouvelle réunion – et de nouvelles propositions – des élus. Plus d’une semaine après, la situation semble loin d’être résolue.
« La volonté de poursuivre le dialogue. » Tel est le message que veut faire passer Élisa Martin, première adjointe en charge du parcours éducatif. L’élue a suivi de près le dossier de l’Association du centre social Chorier Berriat (CSCB), qui a fait tiré la sonnette d’alarme après une baisse drastique de sa subvention municipale.
« Je reconnais mon erreur : nous avons instruit [dans le cadre du redéploiement des financements liés à l’enfance, ndlr] cette association comme les autres, type MJC ou maison de l’enfance. Or, elle n’est pas de la même nature : elle a un pied dans le socioculturel et un autre dans l’animation sociale globale. »
« Comme nous ne sommes pas bornés, nous nous en sommes rendu compte et avons mis l’élu du CCAS, Alain Denoyelle, dans la boucle, afin de nous asseoir autour d’une table avec cette association et de lui faire une proposition qui lui redonne de l’oxygène sur le plan financier. »
« Proposition » ou « opération comptable » ?
La proposition en question est technique : l’association et le CCAS cogéraient la maison des habitants Chorier Berriat, incluant un poste de directeur qui “coûtait” au CSCB 35.000 euros par an. Séparer les deux structures, en mettant fin à la cogestion, soulagerait donc l’association de ce coût.
Cependant, les services sociaux se désengageraient du financement d’un poste d’agent d’accueil mutualisé, qui pèse environ 13.000 euros par an. Ainsi, par soustraction, « l’oxygène » financier proposé par la mairie représenterait la somme annuelle de 22.000 euros.
« Des économies… pour qui ? », ironise Bruno Fave, qui dénonce une simple « opération comptable » et estime que l’association devra, de toute manière, dégager le salaire d’un nouveau directeur. « Ce ne sont pas des économies, ce sont des dépenses supplémentaires. Mais cela allège le CCAS de 35.000 euros. Le problème de fond n’est pas résolu. »
« Au bord du dépôt de bilan »
Le contraste entre la sérénité affichée d’Élisa Martin et l’inquiétude de Bruno Fave est saisissant. Quand on lui parle d’oxygène, le président de l’association du CSCB ne mâche plus ses mots : « On va respirer sous terre ! Nous sommes au bord du dépôt de bilan. Il nous reste deux possibilités : soit mettre la clé sous la porte, soit réduire le personnel de moitié pour devenir un tout petit centre de loisir, avec un directeur et une animatrice. »
Dans tous les cas, le licenciement d’une partie des six salariés de l’association semble inéluctable. « Si on ne licencie pas, il n’y aura plus d’argent dans les caisses au mois de juin 2016. Et si on licencie, on mange les réserves de l’association avec les primes de licenciement », se désole Bruno Fave, au bord du découragement.
Tandis qu’Élisa Martin nous explique ne pas vouloir « perdre la qualité du dialogue » et attendre la réponse de l’association « sans trop d’inquiétude », le président du CSCB évoque une « terrible ambiance » au sein de sa structure et certains salariés « au bord de la dépression ».
« Déni total de la réalité »
Et Bruno Fave de tancer vertement la municipalité : « Monsieur Piolle et Madame Martin sont très contents de la situation qu’ils sont en train de gérer dans le déni total de la réalité. Bien sûr, ce ne sont pas eux qui vont devoir signer les dernières fiches de paye des salariés qui restent sur le carreau ! »
« Ils n’ont pas envie qu’il y ait des associations d’habitants dans les centres sociaux. À moins que cela ne leur coûte rien… Pas question pour la mairie de mettre un centime dans l’accompagnement d’habitants. Ça interroge ! », estime encore le président.
« Je n’ai plus rien à dire à Élisa Martin. Elle gèrera elle-même les quatre-vingts enfants du centre de loisir et les 400 familles qui n’auront plus d’interface associative. Je pense qu’elle aura du pain sur la planche », conclut-il avec amertume.
Le sort – ou le devenir – de l’association sera connu au mois de janvier 2016, au cours duquel une assemblée générale extraordinaire est d’ores et déjà programmée.
Florent Mathieu
N.B. du 20 décembre 2015, 13 heures :
Suite à la parution de l’article, Alain Denoyelle, adjoint au maire de Grenoble délégué à l’action sociale et vice-président du CCAS, et Élisa Martin, 1ère adjointe au maire de Grenoble chargée du parcours éducatif et de la tranquillité publique, ont souhaité apporter deux précisions :
– « En aucun cas le CCAS de la ville de Grenoble ne gagnera d’argent suite aux évolutions de l’activité de l’association. En cas de fin du coportage du poste de direction, le CCAS se retrouvera à assurer seul ce salaire sans contrepartie.
– Dans tous les cas, la place de l’association au sein de la maison des habitants Chorrier-Berriat est assurée. Son rôle, ses activités et les liens avec celles portées par la ville seront formalisés dans une convention d’objectifs. »
A lire aussi sur Place Gre’net :
MDH Chorier Berriat : la mixité sociale sacrifiée sur l’autel des économies ?