EN BREF – Le maire de Grenoble a formulé, cette semaine, une proposition pour investir dans la transition énergétique, malgré des finances locales « à bout de souffle ». Une idée qu’il a développée, ce mercredi 23 septembre, lors de la 15e Conférence des villes organisée par l’Association des maires des grandes villes de France (AMGVF), sur le thème “Climat, territoires et moyens financiers”.
Le maire de Grenoble, Eric Piolle, a créé la surprise ce mercredi 23 septembre à l’occasion de la 15e Conférence des villes, organisée par l’Association des maires de grandes villes de France, à l’Hôtel de Ville de Paris. Son idée ? Mettre en œuvre un Green new deal.
Selon lui, il est en effet urgent que l’État remette à plat le système de comptabilité publique, afin de débloquer les finances locales pour engager la transition énergétique. Il propose ainsi à l’État de signer un Plan d’action pour la confiance et la transition énergétique (Pacte).
L’édile grenoblois est revenu au micro de France 3 Alpes sur la situation de blocage que vit Grenoble, à l’instar de très nombreuses communes et collectivités en France :
« L’État vient nous dire “On vous réduit vos dotations de 20 millions en années pleines. Cela représente 40 millions sur trois ans… D’un autre côté, on aimerait bien que vous investissiez, on est prêt à vous prêter de l’argent”. Mais en fait, moi [la Ville de Grenoble, ndlr], je ne peux pas emprunter plus ! ».
Plaidoyer pour une nouvelle comptabilité
« Oui ! », affirme Eric Piolle, les villes peuvent investir dans la transition énergétique… A condition de sortir de la dette publique tous les emprunts liés aux investissements de type écologique : rénovation de bâtiments publics, construction de systèmes de production d’énergie renouvelable, etc. De son point de vue, ces investissements ne sont pas des « dettes » mais du profit. Il faudrait donc les encourager, plutôt que les empêcher.
Et le maire de Grenoble de poursuivre son plaidoyer en faveur d’un Plan d’action pour la confiance et la transition énergétique : « Ces investissements sont bons pour l’emploi tout de suite, bons pour nos finances aussi, même si ce sont des rendements à long terme, et ils sont bons pour l’environnement ! ».
Un tour de passe-passe comptable qui appelle encore toutefois quelques éclairages techniques, avec la possible intervention de tiers-investisseurs. En clair, un transfert de la charge financière vers des tiers à même de la supporter avant qu’ils ne bénéficient des retours sur investissements avec une marge.
« On est en train de perdre du temps et ce temps-là ne reviendra pas… », a mis en garde Eric Piolle, ce mercredi. Reste maintenant à voir si ce New deal à la sauce verte sera du goût de l’État.
Séverine Cattiaux
Du New Deal au « Green New Deal »
Quid de l’expression « Green New Deal », employée cette semaine par le maire de Grenoble ? L’expression voit le jour, pour la première fois, en 2007, dans le New York Times. Depuis, elle a été reprise par différents groupes, dont les députés européens écologistes. Pour eux, le Green New Deal doit être une « stratégie globale ». « Au lieu d’imposer une austérité préjudiciable au niveau social et environnemental, le Green New Deal propose de re-réguler l’industrie financière et de canaliser d’importantes sommes d’argent vers des investissements verts… », lit-on sur le site dédié au Green New Deal des députés européens écologistes.