EN BREF – Un quatrième virus vieux de 30.000 ans a été découvert dans le sous-sol sibérien. Après Megavirus, Pandoravirus puis Pithovirus, Mollivirus sibericum confirme ce que les chercheurs redoutaient : le permafrost garde intacts des micro-organismes vivants insoupçonnés. Inoffensifs pour l’homme ? Jusque-là, oui…
Après Megavirus – CNRS en 2003, Pandoravirus – Pour la science en 2013, Pithovirus en 2014, un quatrième virus dit “géant”, soit de la taille d’une bactérie*, a été déterré des couches profondes du permafrost sibérien. Mollivirus sibericum confirme ainsi ce que les chercheurs redoutaient : dans le sous-sol gelé de la Sibérie, des virus préhistoriques, vieux de 30.000 ans, peuvent se réveiller.
C’est aux côtés de Pithovirus, dans le même échantillon de permafrost, que les chercheurs**, dont des scientifiques du laboratoire Biologie à grande échelle du CEA/Inserm/Université Joseph-Fourier de Grenoble, ont extrait Mollivirus.
Pour autant, rien à voir avec Pithovirus. Seuls points communs : une taille et une résistance à l’épreuve du temps peu courantes.
A part ça, que ce soit pour vivre ou se multiplier, Mollivirus se rapproche davantage des virus courants, type Adenovirus, Papillomavirus ou Herpesvirus.
Bref, il s’agit bien là d’un nouveau type de virus. Géant certes, mais à part.
On en sait encore peu sur ces micro-organismes mais la porte est ouverte et, pour les chercheurs, le sous-sol sibérien est loin d’avoir révélé toutes ses surprises. « Mollivirus laisse présager une diversité énorme », soulignait un des coordinateurs de l’étude, Jean-Michel Claverie, sur France Inter mardi 8 septembre 2015.
Pour déterrer Pithovirus et Mollivirus, les scientifiques ont creusé jusqu’à 30 mètres de profondeur, remontant jusqu’à 30.000 ans, jusqu’à l’extinction de l’homme de Neandertal. Demain, l’idée est d’aller plus profond pour remonter plus loin encore. Jusqu’à 600.000 ans, voire un million d’années.
D’autres virus sommeillent-ils encore ?
D’autres virus sommeillent-ils encore ? Vraisemblablement. Reste à en évaluer la dangerosité. La Russie n’a jamais caché sa volonté d’exploiter les ressources du sous-sol sibérien. En libérant des routes maritimes, le dérèglement climatique va permettre d’acheminer sur place de quoi extraire pétrole et autres minerais. Et remonter à la surface des couches de sédiments vieilles de plusieurs milliers d’années, réveillant d’autres micro-organismes endormis.
Avec quels risques ? Si Pithovirus comme Millovirus s’avèrent inoffensifs pour l’homme, la résurgence de virus aujourd’hui considérés comme éradiqués – comme celui de la variole, dont le processus de réplication est similaire à celui des Pithovirus – ne relève désormais plus de la science-fiction.
Patricia Cerinsek
* Les virus ont une taille qui les situe tout en bas de l’échelle des dimensions. En moyenne, la taille d’un virus ne représente que le millième de celle d’une bactérie.
** L’équipe est constituée des chercheurs du laboratoire Information génomique et structurale (CNRS/Aix-Marseille Université), du laboratoire Biologie à grande échelle (CEA/Inserm/Université Joseph Fourier) et du Genoscope (CNRS/CEA)
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