FOCUS - Quasiment inconnu du grand public un mois plus tôt et devenu mondialement célèbre le 12 novembre 2014 pour son atterrissage sur le noyau de la comète 67P/Tchourioumov-Guérassimenko, le robot Philae a mené depuis de sérieuses investigations sur le terrain, à plus d’un demi-milliard de kilomètres de la Terre. Un exploit rendu possible par la coopération de scientifiques de huit pays européens, dont ceux de l’observatoire des sciences de Grenoble. Les premiers résultats ont été publiés dans la revue Sciences, le 31 juillet 2015.
Huit articles publiés dans la prestigieuse revue Sciences. C’est ce qu’il a fallu pour rendre compte des premiers résultats d’analyse des mesures collectées pendant les 63 heures qui ont suivi la séparation du robot de la sonde interplanétaire Rosetta, à 9 h 35 (heure de Paris), le 12 novembre 2014.
L’essentiel des données est issu des investigations réalisées in situ par l’atterrisseur Philae et ses dix instruments de mesures embarqués. Le complément provient des observations effectuées depuis le vaisseau spatial Rosetta, qui orbite à une vingtaine de kilomètres de la comète.
Les résultats, riches en informations inédites, mettent en évidence un certain nombre de différences par rapport aux observations des astres réalisées jusqu’ici à distance, ainsi qu’aux modèles existants.
Vingt ans pour un premier rendez-vous cométaire inédit
Dans le domaine spatial encore plus qu’ailleurs, savoir est question de temps. Ainsi, une vingtaine d’années a été nécessaire à l’agence spatiale européenne (Esa) pour déployer cette mission de rendez-vous cométaire inédite, nommée Rosetta comme la sonde.
L’expertise nécessaire, l’Esa est aussi venue la chercher dans la capitale des Alpes. Des scientifiques grenoblois ont ainsi contribué à la collecte des données par Philae et Rosetta.
Chercheurs de l’observatoire des sciences de l’univers de Grenoble (Osug) au sein de l’Institut de planétologie et d’astrophysique (CNRS/Université Joseph-Fourier), ils sont notamment responsables de l’un des instruments embarqués à bord des deux robots. Il s’agit du radar Consert, chargé de donner accès à la structure interne du noyau cométaire et qui a permis aussi de localiser Philae sur Tchouri. Rien d’étonnant donc qu’à Grenoble un grand écran ait été dressé dans le hall de l’hôtel de Ville, le 12 novembre 2014, pour suivre l’atterrissage acrobatique du petit robot sur le noyau de la comète.
Les raisons ne manquaient pas de s’y rendre
Les motivations pour se rendre sur la fameuse comète surnommée Tchouri étaient nombreuses. Celle-ci n’est, en effet, pas une vulgaire “boule de terre glacée” qui brille à l’approche du Soleil.
Comme toutes ses consœurs, elle gravite éloignée de l’étoile pendant l’essentiel de son existence et n’a pratiquement pas évolué depuis sa création. Elle constitue donc un témoin privilégié des conditions qui prédominaient lors de la naissance du système solaire. Si l'on osait une comparaison, Tchouri est l'équivalent d'un fossile pour les archéologues.
En projetant de l’étudier in situ, les scientifiques espèrent donc en apprendre plus sur les premiers temps du système solaire et de la Terre.
Va-t-on aussi trouver sur Tchouri les maillons manquants qui permettraient de lever des incertitudes sur les origines de la vie et confirmer les théories actuellement en vigueur ?
Un « accométage » riche d'enseignements
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