Un ouvrier du bâtiment et des travaux publics BTP porte une échelle sur un bâtiment en construction à Grenoble. © Fanny Chatchate

Crise du BTP : la faute à Piolle à Grenoble ?

Crise du BTP : la faute à Piolle à Grenoble ?

ENQUÊTE - La crise du BTP a pris un tournant politique en ce début d’année 2015. Alors qu'en avril les acteurs du secteur interpellaient les élus locaux pour pallier l’urgence de la situation, Eric Piolle – qui s’est pourtant clairement positionné en faveur du mouvement – n’a pas été épargné par les critiques. Quelle est la part de responsabilité du maire grenoblois ? Le point dans ce quatrième et dernier volet.

 

 

 

Une grue au dessus d'un bâtiment en construction avec un ouvrier à Grenoble. © Sidonie Hadoux

© Sidonie Hadoux

 

Gel de la Zac Esplanade, arrêt des travaux d’élargissement de l’A480, coup de frein au prolongement de l’A51, abandon des travaux de rénovation du stade Lesdiguières… Les décisions prises ou soutenues par Éric Piolle lors de sa première année de mandat sont encore dans toutes les têtes. Le responsable de la crise du BTP serait donc tout désigné.

 

Car ces décisions sont autant de “mauvais signaux”, selon Jacques Chanut, président de la Fédération française du bâtiment (FFB), qui s’est exprimé lors de la réunion-débat organisée par la Fédération du BTP de l’Isère, le 2 avril dernier à Grenoble.

 

« Dans un secteur aussi fragile, l’équilibre est primordial. Il ne faut pas d’idéologie politique », a-t-il confié, à l’issue de son débat avec Éric Piolle. L’échange avec l’édile grenoblois avait été tendu. Ce dernier – interrogé à deux reprises par le responsable national sur son soutien à l’occupation par les “zadistes” du site de la forêt de Chambaran censé héberger un Center parcs – avait éludé la question, préférant critiquer « une bulle tropicale ».

 

 

 

Une grue élévatrice charge des poutrelles au premier étage d'un bâtiment en construction à Grenoble. © Sidonie Hadoux

© Sidonie Hadoux

« C'est pas moi, c'est l’État ! »

 

 

Face à cette critique radicale d’un représentant du BTP, Eric Piolle réitérait la position qu’il avait prise lors de la manifestation du secteur, le 11 mars dernier, en renvoyant la balle au gouvernement et en dénonçant la baisse des dotations de l’État : « L’austérité et la politique récessionniste qui font diminuer les dépenses des collectivités locales – celles-là mêmes qui portent la commande publique – ont des conséquences concrètes ».

 

Pure démagogie, selon Michel Destot, député de la 3e circonscription de l’Isère qui fut maire de Grenoble durant trois mandats. « Les dotations de l’État ne sont qu’une partie des recettes des collectivités. De plus, sur de nombreux projets, il y a le concours du conseil départemental ou de l’État. » Un avis partagé par un politique local socialiste : « On a perçu comme une provoc’ la réponse d’Eric Piolle qui dit “C’est pas moi, c’est l’État”. Gouverner c’est choisir. Il faut assumer ses choix d’arrêter des projets ».

 

Jean Papadopoulo, maire de Four, dans le nord du département, et président de la communauté de commune de la Porte de l’Isère (Capi), estime quant à lui que cette situation oblige à l’inventivité : « Je prends les dotations de l’État comme la météo. Il faut s’adapter à avoir moins de marges de manœuvre. Nous devons trouver des façons d’investir autrement ».

 

 

 

La responsabilité de l’État

 

 

Parmi les opposants d'Eric Piolle à la municipalité, aucun ne conteste l’impact de la baisse des dotations de l’État sur la Ville. Difficile de faire autrement alors qu'en 2015 elle représentera près de - 5,7 millions d’euros à Grenoble et devrait nettement se poursuivre d’ici à 2017. « Dans les trois prochaines années, Grenoble va perdre 40 millions d’euros de dotations de l’État », appuyait ainsi le maire lors de la manifestation du 11 mars.

 

Panneau sur une grille d'un chantier bâtiment et travaux publics sur le chantier de la gare à Grenoble. © Sidonie Hadoux

© Sidonie Hadoux

Il trouve même, de ce côté-là, un allié plutôt inattendu en la personne d’Alain Breuil. Le conseiller municipal FN affirme que le maire de Grenoble ne pouvait pas tellement agir autrement : « La Ville est très endettée. On ne peut pas augmenter les impôts, ni tailler trop dans les dépenses. L’une des rares pistes, c’est la baisse de l’investissement. Ce qu’il faudrait, c’est une relance au niveau national ». Un point de vue que contestent les autres opposants municipaux.

 

De fait, la baisse de l’investissement pour le lancement de projets, entre autres dans le BTP, n’est pas évaluée de la même façon par tous. Et les élus grenoblois se livrent à une véritable guerre des chiffres. La question est brûlante puisque le secteur des travaux publics dépend à 70 % de la commande des collectivités. Selon le périmètre choisi, les élus locaux arrivent à différents résultats qui tendent, soit à minimiser, soit à exagérer la baisse des investissements de la Ville.

 

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