DIAPORAMA SONORE – Tous les vendredis après-midi, des inconditionnels du bal se retrouvent à la Maison des habitants Chorier-Berriat. Robert, DJ, est à la sono. Il annonce les tubes au micro. Quant à André, Liliane, Michel, Micheline, Max, Élisabeth… ils sont en piste. Infatigables, ils enchaînent valses, pasos et boléros. Le temps s’est comme arrêté. Seul le plaisir de la danse compte. L’allégresse n’a pas d’âge.
Dans les coulisses du bal
Entre deux danses, nous discutons avec Annie, l’une des bénévoles de l’après-midi, tout comme Hélène, Monique, Jacques ou encore Marie. Tous s’occupent de l’organisation du bal, mais aussi des concours de belote, des goûters et des repas à thème “faits maison”.
« Le bal de Chorier-Berriat existe depuis 1976, nous explique Annie. Il accueillait jusqu’à une centaine de participants à l’apogée de sa fréquentation… Puis les personnes sont moins venues. Les gens ont vieilli. On essaye de maintenir l’activité mais avec un peu de difficultés. On aimerait qu’ils reviennent danser, mais les jeunes retraités ne viennent plus. Ils ont d’autres activités ! » Micheline a bien son idée pour attirer du monde : « Il faudrait plus de publicité ! ». Annie acquiesce mais soulève un autre problème : « Les gens n’arrivent plus à se garer dans le quartier ! ».
Nous échangeons quelques mots avec Louis, responsable du secteur Personnes âgées à la Maison Chorier-Berriat. Il nous présente Robert, le DJ, 83 ans. Celui-ci s’affaire à régler la sono. « J’adore l’accordéon. Dans le temps, j’en jouais ! », lance-t-il. Près de la sono, il a posé une liste de titres, soigneusement écrite à la main, qu’il va diffuser dans l’après-midi.
Les danseurs et danseuses vont en avoir pour leur argent (3 euros). Le programme est copieux : entre les pasos, les rumbas, les cha-cha-chas, les boléros, les tangos, les fox, les bostons, les valses dont la fameuse Valse des oiseaux (bande-son du diapo-sonore) et même des slows et des rocks.
Nous parlons avec Marie-Jo, animatrice du centre communal d’action sociale (CCAS), qui participe au bal. Elle nous explique sa mission : « J’invite les danseurs… et les danseuses à danser. Car il est vrai que les messieurs sont moins nombreux que les dames. Les gens viennent danser ici pour passer un moment convivial, se changer de leur quotidien, prendre un verre. Et j’aime moi aussi danser ! ».
C’est la pause. Nous prenons un café avec Éliane, 83 ans. Elle est d’humeur joyeuse, même si elle perd un peu l’équilibre, nous confie-t-elle : « J’ai l’âge aussi…». Elle nous raconte sa vie, ses joies, des anecdotes qui ne manquent pas de sel. Elle rit. Le mari d’Éliane ? C’est Robert, le DJ. « Cela fait bien vingt ans qu’on fait la musique ici. Et bénévolement ! » tient-elle à préciser.
« Pendant la guerre, c’était interdit de danser »
Les danseurs du bal ont découvert la danse à l’âge où les enfants d’aujourd’hui pianotent sur leur tablette… A 12 ans pour Éliane : « Mes parents aimaient beaucoup danser ». Élisabeth guinche, elle aussi, depuis toujours. Elle se souvient avoir appris les premiers pas en cachette, dans la salle de bain de sa grand-mère, à l’insu des Allemands.
Quand on demande à André pourquoi il apprécie ces après-midi dansants, il évoque avec émotion son premier grand souvenir de la danse, associé à la Libération… « Pendant la guerre, c’était interdit de danser. Quand il y a eu la Libération de Grenoble, le 22 août 1944, la première chose qu’ont tout de suite fait les associations a été d’organiser un bal. J’avais 13 ans. C’est le premier bal que j’ai fait, avenue Alsace-Lorraine. On était un petit groupe. On a essayé de danser comme les grands. » Soixante-dix ans plus tard, André n’a rien perdu de son entrain !
Séverine Cattiaux, Nathalie Damide Baldji, Christian Rausch