DÉCRYPTAGE – Installé à proximité de la friche Allibert, le camp de l’avenue Esmonin à Grenoble abrite aujourd’hui environ 350 personnes. La majorité sont des Roms, ressortissants ou non de l’Union européenne. Parmi eux, 200 enfants, la plupart en âge d’être scolarisés. De la primaire au lycée, les cursus scolaires de ces jeunes demeurent chaotiques, entravés par la barrière de la langue et la grande précarité de leurs conditions de vie.
« Quand on interroge les gens sur la raison de leur venue en France, beaucoup nous disent que c’est pour offrir un meilleur avenir à leurs enfants et parce que l’école, en France, c’est bien » explique Solène Lagarde, chargée de mission enfance et jeunesse au sein de l’association grenobloise Roms action. « L’école en Roumanie est un calvaire au quotidien pour les Roms. Leur mise à l’écart est scandaleuse. Les familles sont donc ravies de ce qui est proposé en France et, généralement, la scolarisation fait partie des premières demandes des parents. »
Un travail de recensement difficile
En France, où la scolarisation est obligatoire, la demande des familles est prise en compte. Cependant, il faut distinguer au sein même du site de l’avenue Esmonin deux populations, comme le rappelle Alain Denoyelle, président du CCAS de Grenoble.
La centaine de personnes hébergées, depuis décembre 2013, dans l’enceinte du camp géré par le CCAS sont connues et suivies. « Nous connaissons le nom de ces personnes et nous nous sommes assurés que tous les enfants étaient scolarisés et suivis auprès des écoles » explique l’élu.
La situation des familles dont on distingue les baraquements depuis la route est, elle, bien différente. Elles sont venues s’installer d’elles-mêmes autour de l’aire d’accueil du CCAS et sont beaucoup moins connues des services sociaux. « Il y a eu le même travail, fin août, d’inscription des enfants en prévision de la rentrée. Il est fait aussi en cours d’année mais ce n’est pas facile à gérer avec les nouveaux arrivants de l’automne », concède le président du CCAS.
« La maraude du CCAS fait un état des lieux régulier pour repérer les occupations, les arrivées et les départs. Mais il s’agit plus de constatations que de suivi de situations. » Quant aux associations qui travaillent sur le terrain en soutien au CCAS, comme Roms action, elle jouent donc un rôle important dans le suivi de ces familles.
Scolarisation de secteur : un casse-tête administratif
Si, malgré les difficultés, la grande majorité des enfants du camp avenue Esmonin est scolarisée, les tout petits, en âge d’être à la maternelle, ne le sont généralement pas, les parents préférant les garder avec eux. Restent aussi entre 15 et 17 enfants en attente d’affectation au primaire*, la principale problématique étant le manque de place sur l’ensemble des écoles du secteur.
« La ville de Grenoble a été en recherche de solutions pour ces enfants dont les dossiers avaient été déposés fin janvier, début février » précise Solène Lagarde, qui rappelle que 200 enfants habitent sur le secteur. « Il arrive que 17 enfants roms soient scolarisés dans la même école… »
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