REPORTAGE VIDÉO – Mardi 23 décembre, le juge des référés se prononcera sur la poursuite, ou non, des travaux de défrichement préalables à la construction du Center Parcs des Chambarans. Quatre recours en suspension des travaux, déposés par les opposants au projet, posent la question de la légalité des arrêtés préfectoraux qui ont autorisé le démarrage du chantier.
Le Center Parcs de Roybon va-t-il voir le jour ? Le juge des référés du tribunal administratif de Grenoble se prononcera mardi 23 décembre sur la poursuite des travaux de défrichement préalables à la construction du complexe touristique de Pierre et Vacances. Pour rappel, celui-ci doit accueillir à l’été 2017 dans les Chambarans un millier de cottages autour d’une bulle tropicale chauffée à 29° C.
Quatre requêtes ont été déposées sur le bureau du juge par la Fédération de pêche de la Drôme, la Frapna et l’association locale Pour les Chambarans sans Center Parcs (PCSCP). Toutes demandent la suspension des travaux au vu de la légalité de deux arrêtés préfectoraux. Ces derniers, qui ont donné le coup d’envoi du chantier, autorisent le projet au titre de la loi sur l’eau et permettent la destruction d’une cinquantaine d’espèces protégées et leur habitat.
« 240 000 euros de subventions publiques »
Devant le tribunal, ce jeudi 18 décembre, une centaine de pro Center Parcs, et autant d’opposants, ont attendu calmement la fin de l’audience et le jugement mis en délibéré, sous l’œil vigilant d’une compagnie de CRS.
Mais, dans les rangs, on ne décolérait pas. « C’est un projet qui relève d’un autre temps », jugeait Pierre Mériaux, conseiller régional Europe Écologie Les Verts. Et l’élu de pointer l’obole versée par les collectivités locales, avec le soutien de l’État. « On arrive à 240 000 euros de subventions publiques par emploi créé ! C’est un gâchis phénoménal ! »
Quels poids vont peser les 370 millions d’euros d’investissement et la promesse de 468 emplois équivalents temps plein ? Comme le résumait Stéphane Péron, le président de PCSCP, « va-t-on réduire l’intérêt général à uniquement des emplois précaires ?»
Réalisation JK Production.
76 hectares de zones humides détruites
Le 20 octobre, le préfet avait donné son feu vert aux travaux du Center Parcs, passant outre l’avis défavorable (mais consultatif) de la commission d’enquête publique. Au cœur de l’étude ? Des dizaines d’hectares de zones humides sacrifiées, mais combien exactement ?
Soixante-dix avait calculé le promoteur. Cent vingt, avait rectifié le commissaire-enquêteur dont le rapport a mis au jour les astuces utilisées par Pierre et Vacances pour échapper aux obligations réglementaires.
N’empêche, au final, c’est le chiffre de 76 hectares de zones humides détruites qui a été retenu par le préfet, au grand dam des associations de protection de l’environnement. Un chiffre volontairement sous-estimé ?
Étude sur l’eau “fausse” pour les partisans
Pas pour les partisans du Center Parcs. « Cette étude sur l’eau est fausse, menée par des gens qui sont juges et partie », affirmait un habitant en marge de l’audience. Le président de la commission d’enquête publique, Gabriel Ullmann, a un temps fait partie du conseil d’administration de France nature environnement (FNE), la fédération qui chapeaute les associations de protection de l’environnement. Mais, comme les deux autres experts de la commission d’enquête publique, il est nommé par le préfet…
Que décidera le juge mardi ? S’il autorise la poursuite des travaux en attendant que le dossier soit jugé sur le fond (ce qui peut prendre plusieurs mois), le magistrat prend le risque d’une escalade de la contestation. Qu’il décide de suspendre les travaux, et c’est la pérennité du Center Parcs isérois qui est en jeu.
Car, pour Pierre et Vacances, le calendrier est serré et après plusieurs années de procédures, la patience peut avoir des limites. Reste que derrière le projet des Chambarans, d’autres Center Parcs patientent. Dans le Jura, en Saône-et-Loire, les opposants fourbissent aussi leurs armes.
Joël Kermabon et Patricia Cerinsek
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