FOCUS – L’Assemblée nationale a approuvé, vendredi 24 octobre, l’expérimentation d’hôtels hospitaliers en France. Déjà mis en œuvre à l’étranger, ce dispositif porté par le député de l’Isère Olivier Véran sera expérimenté pendant trois ans en France et peut-être même au CHU de Grenoble. Sorte de « sas » entre l’hôpital et le domicile des patients, ce système constitue une alternative à l’hospitalisation complète et présenterait plusieurs avantages.
Que diriez-vous de dormir à l’hôtel, la veille ou le lendemain d’une opération, plutôt que de passer la nuit à l’hôpital ? L’hôtel, situé à proximité de la structure hospitalière, pourrait même vous accueillir plusieurs nuits, si besoin. Le concept est sur le point de devenir réalité et sera prochainement expérimenté en France, sur une période de trois ans.
A l’initiative de ce projet ? Olivier Véran, député socialiste de la première circonscription de l’Isère. L’amendement a été voté la semaine dernière à l’Assemblée nationale. « Le but de ces hôtels hospitaliers est d’améliorer l’accueil pré et postopératoire. L’idée est que ce soit le moins médicalisé possible, tout en étant proche des hôpitaux, en cas d’urgence » explique le rapporteur du volet maladie de la loi de financement 2015 pour la Sécurité sociale.
Moins de maladies nosocomiales… et de saturation des lits
Ce dispositif permettra « de diminuer le temps d’exposition du patient au risque d’infection nosocomiale. On sait en effet que plus la durée de séjour à l’hôpital est prolongée, plus le risque d’infection augmente » ajoute Olivier Véran. Et ce ne sera, selon lui, pas le seul point fort du système. « Ces hôtels hospitaliers offriront un cadre plus agréable aux malades qui pourront être accompagnés par un proche » note-t-il.
L’expérimentation diminuerait, enfin, le coût de l’hospitalisation, tout en libérant des lits dans les établissements surchargés. « Il y aurait moins de saturation des lits et, à terme, cela pourrait permettre une restructuration de certains hôpitaux ».
Une économie de 18 à 23 millions d’euros
Ces hôtels hospitaliers bénéficieront essentiellement à la chirurgie ambulatoire et aux patients qui habitent loin de l’hôpital ou qui vivent seuls. « Avec ce dispositif, les femmes enceintes qui présenteront une grossesse à risque ne seront plus hospitalisées deux semaines avant leur accouchement mais pourront être installées dans ces hôtels hospitaliers. Elles seront donc plus proches de la maternité en cas de complication ».
« En France, les hôpitaux qui feront le choix de cette expérimentation bénéficieront d’accompagnements financiers » ajoute l’élu. Les structures seront en effet financées par la région, grâce au fonds régional d’investissement. De son côté, la Sécurité sociale pourrait prendre en charge les frais d’hébergement des malades. L’économie susceptible d’être réalisée pourrait aller de 18 à 23 millions d’euros.
Un dispositif importé de l’étranger
L’hôtel hospitalier n’est pas une nouveauté en soi. Les États-Unis et l’Allemagne ont déjà adopté le concept pour faire des économies sur le budget santé.
En France, deux établissements ont fait le choix de l’expérimentation, dont l’hôpital de l’Hôtel-Dieu à Paris, où les équipes médicales ont testé l’accueil en hôtel durant un an. Et, à en croire le député isérois, les retours sont plutôt positifs. « 85 % des malades qui en ont bénéficié se sont dits satisfaits, bien qu’ils n’aient pas été remboursés par l’Assurance maladie. Le personnel médical regrette d’ailleurs de ne pas avoir poussé cette expérimentation au-delà d’un an » explique-t-il.
A quand l’hôtel hospitalier au CHU de Grenoble ?
L’hôpital de la Tronche pourrait-il profiter de cette expérimentation pour tester, à son tour, l’hôtel hospitalier ? C’est une possibilité, selon le député socialiste. Olivier Véran affirme avoir déjà soumis l’idée à la direction de l’établissement, qui s’est montrée ouverte à la proposition. « Tous les CHU, ainsi que les maternités reculées devraient monter des projets et nous devrions avoir beaucoup de retours. L’avantage de cette expérimentation, c’est qu’il n’y aura pas de modèle unifié sur tout le territoire ». Un décret précisera toutefois prochainement le cadre et la mise en œuvre de l’évaluation.
Maïlys Medjadj