REPORTAGE VIDÉO – Un musée à ciel ouvert, offert au regard des passants du 5 au 19 mai : le projet Reg’Art, c’est une centaine d’affiches publicitaires de la ville remplacées par des créations originales d’artistes amateurs. Ouvrez l’œil, ce n’est pas de la pub !
Grenoble, ville d’art ? Une chose est sure, les expositions collectives urbaines s’y succèdent. Après Urban Expo et ses affiches d’artistes dans les arrêts de tram, c’est au tour du projet Reg’Art d’investir le mobilier publicitaire urbain. Si vous rencontrez une “sucette Decaux” sur votre chemin, prenez le temps d’en regarder les deux faces. Une œuvre d’art pourrait bien s’y être installée pour une halte temporaire !Des images joyeuses et poétiques dans la ville
Apporter la culture au plus proche du quotidien des citadins, tout en renforçant le tissu social de la ville. Tel était l’objectif ambitieux que s’étaient fixé les initiateurs du projet Reg’Art dès 2013. La publicité occupe habituellement des espaces non contraints, alors que la culture se voit confinée dans des espaces spécialisés. Partant de ce constat, le projet devait permettre à la culture de se propager en “squattant”, le temps d’une exposition, les espaces publicitaires urbains. Modifier le quotidien des citadins tout en les faisant réfléchir, en parsemant la ville d’images joyeuses et poétiques.
Réalisation JK Production.
Un projet pérennisé
La nouvelle donne des élections municipales aura permis de lever les incertitudes sur la reconduction du projet. « Le nouveau maire de Grenoble à décidé de pérenniser l’exposition. Nous craignions qu’elle ne soit pas renouvelée mais nous avons l’assurance aujourd’hui qu’elle le sera tout au long de son mandat » affirme Carld Neuris, qui prend la relève de l’organisation. Il faut dire que la ville de Grenoble est le partenaire principal de l’opération. La municipalité a ainsi financé l’impression des affiches et permis leur affichage. Histoire de marquer le coup, Eric Piolle est venu inaugurer l’exposition au cours d’une balade en vélo de panneau en panneau, ce vendredi 9 mai. L’association Reg’Art a pu bénéficier, par effet de bord, d’une couverture média conséquente et officialiser son partenariat avec la ville. « Cette initiative existait déjà l’année dernière. Il y aura donc continuité de l’action publique, comme nous l’avions dit pendant la campagne », affirme l’élu. Et d’enfoncer le clou : « la reconnaissance du pouvoir politique change aussi un petit peu et se marque fortement sur ces initiatives-là ». De là à penser aux promesses de campagne où il était question de combattre la pollution visuelle dans la ville… il n’y a qu’un pas.Il faut le voir pour le croire !
L’organisation a souhaité n’imposer que très peu de contraintes aux artistes qui souhaitaient participer. Seul un thème leur a été donné : « Il faut le voir pour le croire ». Selon Nabil Tazi, coorganisateur, ce dernier devait « laisser une place conséquente à la créativité, à l’originalité pour avoir des œuvres hors du commun ». Toutes les formes d’art étaient acceptées – peinture, photographie, collage, sculpture, des textes même – pourvu qu’elles soient prises en photo afin de pouvoir en tirer des affiches. Près de 200 artistes ont été contactés, 60 dossiers complets validés et 48 œuvres sélectionnées. « Les critères de sélection étaient, avant tout, l’adéquation au thème et ensuite l’originalité de la création » précise Chloë Pilon, coorganisatrice.Un jeu de piste urbain
Les œuvres, une fois imprimées, ont été affichées de manière aléatoire dans les cent panneaux mis à disposition par la mairie de Grenoble. Au départ, personne ne savait où seraient localisées les affiches. D’où le jeu de piste urbain : les œuvres, une fois repérées par le public ou les créateurs, sont géolocalisées via une carte intégrée au site web du projet Reg’Art régulièrement mis à jour.
Plusieurs animations sont prévues autour des œuvres jusqu’au 19 mai. Notamment, une balade avec des enfants roms organisée par une association d’élèves de Sciences Po. L’objectif, selon Nabil Tazi : « favoriser l’ouverture culturelle ».
Cette exposition pourrait encore faire des émules dans d’autres villes de France. A l’étranger, une expérience a déjà eu lieu à Londres et un projet similaire est prévu à New-York.
Joël Kermabon
Un projet étudiant Zone Art de Gem. Mais aussi par les équipes étudiantes de BDA Phelma et Artagem ainsi qu’Un tramway nommé culture. Afin de préparer l’édition 2015, l’équipe a collaboré avec son futur organisateur, Carld Neuris de l’association Seve. « Le but initial de ce projet était qu’il n’y ait pas de sédentarisation du thème et de l’organisation » explique ce dernier. « Il faut qu’il y ait une pluralité dans les points de vue et la réalisation et que ce ne soit pas les mêmes choses qui soient vues dans Grenoble d’année en année ».C’est déjà la deuxième édition du projet Reg’Art, les plâtres ayant été essuyés en 2013. Raphaël Poulain, alors étudiant à Grenoble INP, avait initié ce projet d’exposition urbaine collective. Il est porté cette année par Chloë Pilon, étudiante à Grenoble école de management (Gem), et Nabil Tazi, étudiant à l’INP à travers l’association