FOCUS – Le compostage, procédé qui permet la transformation de certains déchets alimentaires en engrais naturel, se développe massivement dans l’agglomération grenobloise depuis environ cinq ans. Et ce malgré les contraintes environnementales nécessaires à sa mise en place et le faible budget annuel alloué par la Métro.
Le tri des déchets est devenu l’une des préoccupations majeures de nos sociétés contemporaines. Après le recyclage du verre puis celui du papier, le compostage semble de plus en plus en vogue actuellement en milieu urbain. Très utilisé en milieu rural depuis de nombreuses années, ce procédé permet la dégradation biologique de la matière organique. Il s’applique essentiellement aux déchets agricoles et agroalimentaires. Des matières organiques accumulées (épluchures de légumes, feuilles mortes, résidus de jardinage) qui se dégradent en humus, un engrais naturel. 6 000 composteurs individuels dans l’agglomération Depuis 2008, Grenoble-Alpes métropole (la Métro) a entrepris une véritable politique de promotion de ce procédé de dégradation. « Aujourd’hui, l’agglomération grenobloise compte pas moins de 63 sites de compostage partagés, dont 11 en établissement scolaire » se félicite Cécile Polge de Combret, en charge de la prévention des déchets à Grenoble-Alpes métropole. A l’occasion de la semaine internationale du compostage collectif, qui se tient du 5 au 11 mai, divers ateliers de démonstration ont attiré de nombreux curieux un peu partout dans l’agglomération grenobloise. Une façon de convertir les citadins, la population rurale étant déjà très au fait de ce procédé. « Depuis 2008, nous avons vendu plus de 6 000 composteurs individuels dans l’agglomération. La condition nécessaire était de disposer d’une parcelle de terrain. Aujourd’hui, les 63 sites de compostage partagés que nous avons installés offrent la possibilité aux citadins qui vivent en appartement de recycler eux-aussi leurs déchets organiques. » Un développement qu’elle attribue à la responsabilisation individuelle : « Le compostage partagé fonctionne très bien en milieu urbain car il est l’alternative pour une famille qui a toujours fait du compostage chez soi et qui s’installe en milieu urbain. Les citadins, eux, sont séduits par la dimension citoyenne et écologique du compostage. »De l’engrais gratuit à la clé
Car au final, quel est l’intérêt du compostage ? « Au niveau individuel, les poubelles sont plus propres car les déchets fermentescibles ne pourrissent pas pendant des jours au fond d’un sac plastique. Collectivement, le compostage apporte de la convivialité entre les voisins, qui vont partager et échanger autour du thème du jardinage ou de l’environnement. Avec ce procédé, on recrée du lien social. »Avec quel usage pour le compost ? « Servir d’engrais gratuit pour des membres de la famille ou des amis qui disposent d’un espace vert. » Curieusement, Cécile de Combret n’évoque pas l’intérêt économique sous-jacent à cette pratique. En effet, le compostage permet de réduire le tonnage de déchets envoyés à la décharge pour être incinérés ou enterrés. Aujourd’hui, un Grenoblois produit en moyenne 538 kg de déchets par an, parmi lesquels environ 242 kg sont recyclés ou transformés, grâce notamment au compostage.
Composter en famille
Si ces sites rencontrent un certain succès, tout le monde ne se sent pas forcément concerné. « Nous n’avons pas fait d’étude sociologique poussée pour connaître les usagers de ces sites mais nous savons que le profil type des personnes adeptes du compostage sont des familles avec des enfants car les enfants aiment y aller pour regarder les petites bêtes qui s’y développent et ils s’amusent à brasser les déchets une fois de temps en temps avec leurs parents. Les personnes âgées se sentent également très concernées. En revanche, de manière générale, nous avons remarqué que les étudiants par exemple sont bien moins enclins à faire ce geste. »
Pour Cécile de Combret, le potentiel de développement du compostage collectif est fort, même s’il existe des contraintes environnementales à l’installation d’un site au sein d’une copropriété. Il est nécessaire de disposer d’un espace vert d’au moins 3m². Un espace dérisoire, selon elle : « L’espace n’est pas un problème. 3m² représente une bordure de copropriété. Parfois, un bout de cour est suffisant ! S’il y a un espace de terre ou un espace vert, on peut faire ça même à côté d’un local à vélos ! La plupart des copropriétés peuvent le mettre en place. »
Le lombricompostage dans les cartons
Côté budget, seulement 100 000 euros sont alloués annuellement par la Métro au compostage, sur les 45 millions d’euros dédiés à la gestion des ordures. Un montant finalement assez faible qui montre bien que le compostage n’est pas encore en tête des priorités de comportement en matière de tri de déchets. Cécile de Combret évoque pourtant les futurs projets de la Métro dans le domaine du compostage : l’installation de nouveaux sites dans les mois à venir au sein des copropriétés de l’agglomération grenobloise, mais aussi la mise en place d’opérations de “lombricompostage”, un procédé qui permet de composter dans son appartement. La Métro a prévu en outre une formation gratuite pour les intéressés ainsi que la vente à coûts réduits de bacs lombricomposteurs.Étienne Chaudagne