Depuis quelques années, je croise régulièrement Fabienne Swiatly sur ma route de lectrice, sans jamais me lasser de sa voix singulière. Actuellement en résidence à la Maison de la poésie Rhône-Alpes, elle poursuit un chemin littéraire où le travail tient une place insistante. Le boulot, le cambouis, l’usine… tout ce à quoi elle donne une couleur bleue, d’un bleu profond et tenace.
Gagner sa vie – Fabienne Swiatly
© Fabienne Swiatly
Travailler le bleu
Le gris de l’usine et le bleu du travail, Fabienne Swiatly y revient sans cesse, dans la photographie d’abord, où elle saisit de préférence un monde presque entièrement disparu. Friches, bâtiments délaissés, pauvres traces…ƒ Elle y revient actuellement à l’occasion de sa résidence à la Maison de la poésie Rhône-Alpes, qu’elle a intitulée justement « Au boulot ! ». Pour un projet d’exposition, elle récolte en ce moment des bleus de travail (il est toujours possible de lui en faire parvenir**). Elle s’étonne que la littérature, et la poésie en particulier, nous laisse précisément si peu de traces du monde ouvrier, de ses espaces, de ses émotions. Et de citer, a contrario le Journal d’un manœuvre du regretté Thierry Metz, ou À vrai dire, journal de travail d’Antoine Emaz. Avec la volonté sans fin d’être « avec ceux qui se taisent ou qui sont réduits au silence »***. Elle nous promet pour dans quelque temps une restitution de cette quête d’un peu de bleu profond entre les plis de la littérature.Malgré le ricanement des oracles
La Fulgurance du geste