DÉCRYPTAGE – Baisse des indemnités des élus, création de quatre groupes politiques, attribution des conseillers municipaux délégués, désignation des représentants de la ville de Grenoble dans de nombreux organismes… Retour sur les principales décisions prises lors du conseil municipal du 14 avril et les débats qu’elles suscitent déjà.
Ce fut un véritable marathon. Ce deuxième conseil municipal aura duré pas moins de sept heures trente. Il faut dire que l’ordre du jour était particulièrement chargé. A commencer par le vote de la baisse de 25 % des indemnités attribuées aux élus de la ville de Grenoble. Une mesure-phare figurant dans les engagements de campagne de la liste d’Eric Piolle qui a été entérinée par 42 voix contre 17. L’enveloppe globale allouée passe ainsi de 1 155 000 euros à 864 000 euros. Soit une économie de 291 000 euros par an. Pour rappel, ces indemnités avaient été augmentées de 25 % au tout début du troisième mandat de Michel Destot en 2008. « Les règles qui s’appliquent à la vie de monsieur et madame tout-le-monde doivent aussi s’appliquer à la vie publique » a expliqué Eric Piolle. Et celui-ci de juger que « dans la vraie vie, une augmentation de 25 %, […] cela n’existe pas ».- 23 % pour les indemnités du maire
Tous les élus ne seront cependant pas logés à la même enseigne. Les baisses les plus importantes concernent ceux les mieux indemnisés, au premier rang duquel le maire (- 23 %) et ses adjoints (- 19 %). Les conseillers municipaux avec délégation voient, quant à eux, leurs indemnités baisser de 9 %, tandis qu’elles restent inchangées – à hauteur de 304 euros – pour les conseillers sans délégation, qu’ils soient dans la majorité ou dans l’opposition. Rappelons également que cette mesure s’accompagne de la diminution du nombre d’adjoints et du nombre de conseillers délégués.Mesure jugée démagogique par l’opposition
Une mesure que d’aucuns jugent inutile, si ce n’est démagogique. Comme Denis Bonzy, candidat malheureux à la mairie de Grenoble avec sa liste Société civile, qui a réagi sur son tumblr Grenoble agglo, en posant ironiquement la question : « A quand la gratuité de l’exercice de la fonction d’élu… ? » Et de dénoncer « une logique très “particulière” qui dénote d’abord le fait de céder à la démagogie ambiante, sans rien régler des sujets de fond ». Au cours de cette séance, Eric Piolle a par ailleurs informé le conseil municipal de la création de quatre groupes politiques : le groupe Rassemblement citoyen, de la gauche et des écologistes, comportant 42 élus et présidé par Claus Habfast et Laurence Comparat ; le groupe Rassemblement de gauche et de progrès (huit élus) présidé par Jérôme Safar ; le groupe UMP-UDI et société civile (sept élus) présidé par Matthieu Chamussy ; et le groupe FN comptant deux élus et présidé par Mireille d’Ornano. En complément des vingt adjoints, dont le nom avait été communiqué dès le premier conseil municipal, le maire a également précisé la répartition des élus par secteur et nommé dix conseillers municipaux délégués.“Un sectarisme sans précédent”
Le conseil municipal a aussi désigné les représentants de la ville de Grenoble dans un certain nombre d’organismes exerçant dans les domaines de la culture, de l’eau, de l’énergie, du développement économique, ou encore du logement. Des désignations qui n’ont pas manqué de soulever des réactions dans l’opposition. A commencer par celle de Matthieu Chamussy. « La majorité Parti de Gauche-EELV a fait preuve d’un sectarisme sans précédent. Ainsi, l’opposition de droite a été exclue de nombreux organismes, tels que l’association du Palais des sports, la SEM (ndlr : société d’économie mixte) Minatec, le bailleur social Actis, la Compagnie de chauffage, le Marché d’intérêt national, l’office de tourisme, etc. » Mais pour le président du groupe UMP-UDI et société civile, c’est bien dans le champ de l’action culturelle que la majorité en place a « le plus révélé sa volonté de main mise absolue » : « pour la première fois de leur histoire, le conservatoire régional de région, la MC2 et l’orchestre de chambre Les musiciens du Louvre-Grenoble ne verront aucun élu de droite siéger dans leurs instances de gouvernance », affirme-t-il dans un communiqué. « Si ce comportement hégémonique dissimule un projet politique idéologique dans le domaine de la culture, la majorité municipale doit s’attendre de notre part à un combat acharné » met-il en garde. Et celui-ci de demander à Eric Piolle de revenir sur ces désignations lors de la prochaine séance du conseil municipal. Quant à Jérôme Safar, il a dès lundi soir réagi sur Twitter, sur ce même choix de la majorité : « Première à #Grenoble, majorité ouverte donc plus aucun membre de l’opposition dans les conseils du conservatoire et musiciens du Louvre ! ». Paul TurenneRépartition des élus par secteur : - Secteur 1 : Sonia Yassia (conseillère municipale déléguée) - Secteur 2 : Antoine Back (conseiller municipal délégué) - Secteur 3 : Laetitia Lemoine (adjointe) - Secteur 4 : René de Céglié (conseiller municipal délégué) - Secteur 5 : Thierry Chastagner (adjoint) - Secteur 6 : Catherine Rakose (adjointe)
Liste des conseillers municipaux avec délégation : - Olivier Bertrand, conseiller municipal délégué aux animations, événements et temps festifs - Salima Djidel, conseillère municipale déléguée à la restauration scolaire, l’alimentation locale et bio - Christine Garnier, conseillère municipale déléguée à l’accessibilité - Pierre Mériaux, conseiller municipal délégué au tourisme et à la montagne - Yann Mongaburu, conseiller municipal délégué à l’intercommunalité - Anne Sophie Olmos, conseillère municipale déléguée au contrôle de gestion - Martine Jullian, conseillère municipale déléguée au patrimoine et mémoire.