Depuis l’automne 2008, sur l’initiative du Dr Olivier Jenny, l’Unité de consultations et de soins ambulatoires (UCSA)1 m’a confié l’animation d’une séance hebdomadaire de Yoga et relaxation à l’intention des quelque 350 personnes détenues à la maison d’arrêt de Varces. Retour d’expérience.
© André Weill
Un noyau dur stable
Bouddha immobile à l’Ashram des Amis de Hauteville. © André Weill
Le yoga postural
Inscription Om Shanti tracée dans la poussière. © André Weill
Le cœur éthique du yoga, c’est la non-violence
Pratiquer le yoga, en prison comme ailleurs, c’est se donner une chance – trop souvent minimisée, mais toujours bien réelle – de repérer les pulsions de violence et les orgueils de toute puissance. Je ne connais ni les histoires ni les dossiers de ces élèves. Cela m’évite la tentation du discours bienveillant mais inopérant. A Varces comme avec mes autres élèves, les séances sont faites d’ateliers qui conduisent à prendre conscience, ressentir, voir, écouter l’être qui agit là sur le tapis et non pas celui que le mental croit ou imagine.© André Weill
© André Weill
Intérieur du Samadhi de Ma Ananda Môyi à Kankhal en Inde, dans l’état de Uttarakhand. © André Weill
Siddhârta en méditation à l’ashram des Amis de Hauteville. © André Weill
Mal à fixer sur un point. Je pense à plusieurs choses. J’ai les yeux qui piquent. » « J’ai du mal à me concentrer, c’est mieux avec un contrôle de la respiration. » « Difficile de rester dans le moment, j’appréhende ce qui va se passer. » « J’ai l’impression d’être attaché et que je vais me noyer. » « C’était assez facile, ça ne pose pas de problème. A quoi ça sert de faire ça ? » Les difficultés propres à l’activité yoga Pour de nombreuses et pertinentes raisons propres au milieu pénitencier, le règlement intérieur est lourd et contraignant. Il est compliqué de mettre en place une activité régulière, quelle qu’en soit la nature. En ce qui concerne le cas particulier du yoga, il me faut traverser neuf portes de sécurité pour accéder à la salle polyvalente.
A l’intérieur du Samādhi de Mâ Ananda Moyî à Khankal en Inde. © André Weill
Les établissements pénitentiaires en France Ils sont répartis en deux catégories : les maisons d’arrêt, qui concernent des personnes en attente de jugement. Et les établissements pour accomplissement de peine. Au premier février 2014, il y a avait au total 67 820 personnes détenues en France7. A la même date, 35 670 agents de l’administration assuraient le fonctionnement des établissements. Soit à peu près un agent pour deux personnes détenues.
La santé en prison « La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social ». Cette définition est celle de l’Organisation mondiale de la santé. Elle implique que tous les besoins fondamentaux de la personne soient satisfaits, qu’ils soient affectifs, sanitaires, nutritionnels, sociaux ou culturels. Comme chaque établissement en France, la maison d’arrêt de Varces est jointe à un établissement de santé, en l’occurrence le CHU de Grenoble. Celui-ci est en charge, au sein de la prison, de la politique de prévention et d’éducation à la santé, des consultations et des soins courants aux personnes détenues. Des locaux et des équipements spécifiques sont mis à sa disposition.1 Unité de consultations et de soins ambulatoires 2 Yves Mangeart – CLC Eybens – Avril 2011 3 Service de probation et d’insertion professionnelle 4 80 % des personnes détenues seraient sous médicaments psychotropes. 5 Yves Chauchaix, animateur en éducation pour la santé 6 Pranayama : respiration intense 7 Source « CFDT Magazine » N°402 avril 2014