REPORTAGE VIDÉO – Après Vienne et Bourgoin-Jallieu, Manuel Valls était à Grenoble ce jeudi 20 mars pour soutenir le candidat socialiste Jérôme Safar. A la préfecture, il a pu dialoguer avec les pompiers en grève, puis s’est rendu au Village olympique, non loin de la Villeneuve. Un choix loin d’être anodin alors que le quartier est récemment passé en ZSP (Zone de sécurité prioritaire).
Peur de manifestations ou de perturbations liées à la venue de Manuel Valls ? Toujours est-il que le lieu de rendez-vous a été communiqué très tardivement à la presse. C’est en raison de « retards accumulés » qui auraient perturbé le déroulement du déplacement du ministre, nous expliquera-t-on plus tard. Difficile à croire… Les réseaux sociaux sont en effet restés muets pendant plusieurs heures, alors que pour d’autres déplacements de ministres, ils étaient, a contrario, copieusement alimentés. Le ministre est finalement arrivé accompagné de Michel Destot, le maire sortant de Grenoble, et d’André Vallini, le président du Conseil général.“Je suis là, à côté de Jérôme…”
Avant une déambulation dans le quartier à la rencontre des habitants et des représentants associatifs, le ministre improvise un point de presse et justifie sa venue. « Le sens de ma visite, c’est mon amitié pour Jérôme Safar et Michel Destot. Nous nous connaissons depuis longtemps. Le sens, c’est que cette équipe municipale renouvelée poursuive son chemin. […] Moi je suis très heureux d’être ministre et de pouvoir travailler demain avec le maire, Jérôme Safar, d’une des plus grandes villes de France » déclare-t-il. « Grenoble a toujours été innovante dans tous les domaines, économiques, sociaux, éducatifs, et il faut que ça continue. C’est pour ça que je suis là, à côté de Jérôme. »Réalisation : JK Production
Sécurité : poursuivre un travail au service des habitants
Sur le choix, symbolique, d’un quartier sensible comme le Village olympique, le ministre explique : « non, il ne faut rien cacher des difficultés rencontrées dans les quartiers populaires ». Et de tempérer : « mais beaucoup de choses sont en voie de réparation, grâce à l’action de la municipalité, de l’État. […] Ça nous donne uniquement l’obligation de poursuivre ce travail au service des habitants qui parfois subissent une injustice supplémentaire » conclura-t-il. On n’oubliera pas que c’est ce même Manuel Valls qui, en octobre 2012, annonçait la classification en ZSP du quartier de la Villeneuve. Ce dernier complétera d’ailleurs ses propos un peu plus tard. Lors d’un discours devant les habitants, il promet : « je reviendrai prochainement pour faire un bilan sur la ZSP. Je suis convaincu que, dans ces quartiers, vous allez réinventer la politique de la ville qui s’est essoufflée, faute de moyens ».« Je ne sens aucune envie de droite »
Sur la questions des élections municipales, Manuel Valls est très optimiste. Se plaçant au niveau national, il prédit d’un air entendu : « Les sondages ne font pas l’opinion. Il y aura des surprises, vous verrez. Il y en aura beaucoup, des bonnes surprises ! ». Et d’expliquer : « j‘ai bien entendu parler d’une « vague bleue » , mais je ne sens pas ça. Aucune envie de droite perceptible, un climat actuel nauséabond à cause de toutes les affaires qu’elle traîne, la droite. Je sens surtout que les électeurs ont envie qu’on ne les trompe pas. ». Le ministre se dit confiant : « je connais la force des équipes socialistes. En attendant, il faut continuer le porte-à-porte et les réunions publiques, rien n’est joué ! ».Une déambulation quelque peu perturbée
La traversée du quartier du Village olympique se révèle quelque peu houleuse. Certains habitants prennent le ministre à partie. Il s’agit de militants de Grenoble en valeur, une liste concurrente. Ces derniers se disent déçus d’avoir voté pour un président de gauche qui ne les a pas écoutés. C’est pour cette raison qu’ils ont rallié la liste conduite par Lahcen Benmaza. Pour eux, Manuel Valls, qui représente le gouvernement, est donc clairement “l’ennemi”. S’ensuit une bousculade. Quelques invectives fusent. Les militants brandissent des affiches de Lahcen Benmaza.Réalisation : JK Production
Entre temps, le ministre est entré dans la salle, où l’attendent habitants et représentants associatifs. Objectif de la réunion : échanger et répondre aux questions « sans aucune pression médiatique pouvant intimider les gens et fausser le débat ». La presse est invitée à sortir. Près d’une heure plus tard, Jérôme Safar et Manuel Valls sortiront et prononceront un discours de clôture devant les militants socialistes du quartier et les habitants. L’occasion pour le ministre d’évoquer au passage « ceux qui se sont sentis humiliés par un reportage de la télévision et, il y a quelques années, par un discours qui a meurtri non seulement Grenoble mais tout le pays ». La cible est clairement identifiée. La salve contre Nicolas Sarkozy et son célèbre discours de Grenoble rencontrera un franc succès auprès d’un auditoire déjà conquis. En marge de la venue du ministre, un rassemblement de protestation était organisé place Félix Poulat par la fédération UMP de l’Isère. Ce vendredi Manuel Valls s’est également rendu dans la Drôme pour soutenir Alain Maurice, maire PS sortant de Valence en mauvaise posture. Joël Kermabon