REPORTAGE – Ils sont sept associés à avoir ouvert, en janvier dernier, le Café vélo dans le quartier Berriat. L’originalité du lieu ? Un bar collé à l’atelier permet de réparer son vélo, tout en buvant une bière ou en mangeant bio et local à moindre prix.
La rue est morne, comme le bâtiment qui abrite le café. Les lieux sont presque déserts. Pas de quoi enlever le sourire à Jessy. Cheveux longs attachés et petites lunettes, celui-ci s’entretient avec Jean-Noël, seul client ce soir. Ce dernier raconte sa découverte. « J’ai trouvé ce lieu dans le journal. Je fais 15 km par jour et mon vélo a des problèmes de freins. Je n’avais pas envie de le réparer moi-même. Donc je suis venu ici. » Il regarde sa note et sourit. « Là, j’ai payé cinq euros pour deux bières et deux euros pour mes freins », se réjouit-il avant de repartir, conquis. Jessy travaille au polygone scientifique et vient donner un coup de main pour faire tourner le tout nouveau café. Accessoirement, il répare une machine à café qui fait des siennes. Il présente les pièces défectueuses à son amie, près du bar. « Il aime bien la mécanique », lance-t-elle, un brin moqueuse. Tous deux appartiennent au groupe de sept associés qui ont monté le café vélo avec 24 000 euros et après dix mois de réflexion. « On savait que le local allait se libérer. Comme le loyer n’est pas élevé, on en a profité pour lancer ce café ». Avant, le restaurant Les bas côtés habitait les lieux. Des réunions politiques alternatives y étaient organisées. « Il y avait une épicerie bio et une bibliothèque » se souvient Jessy. Nourriture bio et locale Tous passionnés de vélos, ils ont fait le café vélo à leur image. Une bicyclette rouge comme enseigne, un deux roues éclaté au mur, des toilettes pour le moins atypiques. Et un atelier accolé au bar. Les associés sont des proches de l’association Un p’tit vélo dans la tête. Mais dans cet atelier, ce sont les gérants qui réparent. Le client ne peut pas toucher seul son bicycle. « Ceux qui veulent réparer leur vélo tout seuls, on les envoie au P’tit vélo dans la tête. Et parfois, ce sont eux qui nous envoient des clients. » Bien qu’il n’y ait qu’un diplômé du cycle parmi les fondateurs des lieux, Jessy l’affirme « finalement, nous sommes tous capables de régler les petits soucis des vélos. » Le café vélo reste un café. Mais les gérants tentent de proposer des produits en accord avec leurs valeurs. « La nourriture servie est bio et locale » explique Sylvain, l’un des associés. Le midi, c’est un repas à 10 euros. « Je ne crois pas qu’on trouve ça ailleurs à Grenoble » s’amuse Jessy. « On vise des prix bas. Notre technicien a regardé les prix de la concurrence et il a estimé qu’il pouvait les diviser par deux. C’est pareil pour la nourriture », continue-t-il, avant de conclure : « Bon, c’est vrai que notre chiffre d’affaires est faible mais on va trouver des solutions. » Le but serait non pas d’augmenter les prix, mais le nombre de clients. Alors les associés essaient d’imaginer de nouvelles activités. « On veut faire des expositions centrées autour du cycle » évoque Jessy. Des expositions artistiques donc, mais aussi commerciales. Un concept à creuser. Un client demande en coup de vent : « On peut amener ses propres pièces ? ». « Bien sûr » répond Jessy. Même si, à terme, les associés aimeraient vendre des pièces de rechange et même des bicyclettes. Une autre piste de développement pour ces créateurs pleins d’idées. Jean-Baptiste Auduc Jessy nous raconte pourquoi il a eu envie de lancer ce concept.Café vélo, au 59 rue Nicolas Chorier Ouverture du mardi au vendredi : 9h – 14h30 puis 17h30 – 21h Samedi : 9h – 19h Téléphone : 09 84 15 23 25