ÉVÉNEMENT – En désignant l’éditeur Rue des écoles comme repreneur, le tribunal de commerce de Paris a mis fin, le 10 février, aux craintes du personnel et des Grenoblois de voir fermer l’emblématique librairie Arthaud. Cette dernière peut se réjouir d’être dans le bon panier, celui des 34 magasins du groupe Chapitre qui seront repris. Elle doit désormais retrouver un fonctionnement normal sous l’impulsion de son nouveau propriétaire, après une baisse d’activité liée à la menace de fermeture.
Cette fois c’est certain, Arthaud ne fermera pas. Le tribunal de commerce de Paris a en effet validé, ce lundi 10 février, l’une des trois offres de reprise de la librairie ancrée dans le patrimoine grenoblois. Les onze mois de mobilisation des employés, des élus et des habitants n’auront pas été vains.
Trois candidats étaient en compétition pour succéder à Chapitre : l’éditeur de livres scolaires Rue des écoles, Muriel Bignon, représentante d’Interforum qui travaille depuis vingt ans avec Arthaud et la papeterie Buro+. Le premier a finalement remporté la mise, malgré l’avis exprimé le 7 février par le comité d’entreprise en faveur de Muriel Bignon. « Je crois que c’est l’aspect financier qui a fait pencher la balance » juge Fabrice Eyraud, délégué CFDT. Et celui-ci de préciser : « Ils sont capables de débloquer des sommes énormes sans avoir recours à l’emprunt ».
Suite au comité d’entreprise, la CFDT avait exprimé ses craintes de voir figurer une provision de 200 000 euros dans le dossier de Rue des écoles. Une somme qui pouvait laisser craindre des licenciements, selon Fabrice Eyraud. « Le juge a demandé à quoi servirait cette provision, rapporte le délégué syndical. Monsieur Sylvestre a répondu qu’il n’avait pas de raison de s’en servir car, avec tout ce qu’il voulait mettre en place, le chiffre d’affaires serait suffisant. Il a assuré qu’il n’y aurait pas de licenciements ».
Projets ambitieux à l’appui
L’enseignement est au cœur du projet que souhaite mettre en place Rue des écoles : « Ils veulent mettre l’accent sur le numérique, faire des animations avec les enfants et aussi avec les professeurs » explique le délégué CFDT.
Depuis les premières menaces de fermeture de la librairie, la mobilisation des Grenoblois et des salariés d’Arthaud n’a jamais faibli. Et ce sous diverses formes : création d’une association, pétition rassemblant plus de 66 000 signatures, organisation d’un concert de soutien, publication de deux bandes dessinées qui ont connu un franc succès. Sans compter l’ouverture d’un blog.
Michel Destot s’est, pour sa part, réjoui de la décision du tribunal de commerce de Paris, évoquant « une excellente nouvelle pour Arthaud, ses salariés et les Grenoblois ». Le maire de Grenoble se montre optimiste quant à l’avenir de la librairie. « J’ai toute confiance en Rue des écoles et en son président, Monsieur Philippe Sylvestre que j’ai eu l’occasion de rencontrer, pour développer d’ambitieux projets pour Arthaud, en préservant les emplois comme tout ce qui fait sa spécificité ».
Une reprise au bout du bout
Au niveau national, 34 librairies sur 57 ont, à ce jour, été reprises. Soit 750 personnes sur les 1 200 réparties entre les différents établissements. Un bilan en demi-teinte pour Fabrice Eyraud : « C’est encore trop, même si c’est un petit peu moins que ce que l’on pensait ». Pour autant, tout n’est pas fini pour les 23 librairies restantes. « Il se peut que d’autres soient reprises avec moins de monde, ce qui permettrait de sauver des emplois. Ce chiffre peut encore diminuer » veut croire Fabrice Eyraud.

© Véronique Serre / placegrenet.fr


