DÉCRYPTAGE – Depuis l’hospitalisation dimanche de Michael Schumacher, suite à un accident de ski, l’effervescence médiatique est à son comble au CHU de Grenoble. Un traitement de l’information qui suscite la critique sur les réseaux sociaux. A commencer par Twitter, où les utilisateurs ridiculisent la mise en scène médiatique et les spéculations sur son état de santé.
© Joël Kermabon – placegrenet.fr
Reportage vidéo de JK Production
Pression médiatique
Plus tôt dans la journée ce mardi, la famille du pilote a remercié “l’équipe de médecins qui fait tout son possible pour aider Michael”, ainsi que “tous les gens qui ont dans le monde entier souhaité sa guérison”. Une information relayée par la manager du septuple champion du monde de formule 1, Sabine Kehm, dans un courrier électronique. Mais, face à l’impatience des médias présents sur le site du CHU, celle-ci a aussi réclamé que ces derniers “respectent leur intimité”. Dans une interview accordée hier au journal 20 Minutes, le neurologue Patrick Chauvel avait déjà souligné la pression médiatique qui régnait depuis dimanche autour de l’hospitalisation de Michael Schumacher et de son état de santé. “Les journalistes qui attendent à la porte avec leurs micros, pour l’environnement familial, ce n’est pas terrible. Il y a aussi plus de pression pour donner de l’information, mais l’administration hospitalière sait très bien le faire”, expliquait alors le neurologue.Les chaînes d’info en continu ridiculisées
Sur le réseau social Twitter, les témoignages de soutien se sont multipliés depuis l’arrivée de l’Allemand, dimanche, au CHU de Grenoble. De la part d’anonymes mais aussi de personnalités du monde du sport ou de la politique plus ou moins proches de Michael Schumacher. Ce mardi 31 décembre, c’est François Fillon, connu pour être un passionné de sports automobiles, qui s’est illustré par un tweet amical.Pensées pour mon ami Michael Schumacher qui se bat pour gagner la course de sa vie.
— François Fillon (@FrancoisFillon) 31 Décembre 2013
Mais beaucoup d’utilisateurs sont aussi exaspérés par la mise en scène médiatique de l’événement. Les chaînes d’information en continu, telles que BFMTV et ITélé, en ont ainsi pris pour leur grade.
Merveilleux ce ralenti sur le décollage de l’hélico qui a évacué Schumacher qui passe en boucle sur BFM. Ca c’est de l’info, wow. — Charly M. (@SeriousCharly) 31 Décembre 2013
Sur BFM TV, la libération du P.Georges est importante, mais un peu moins tout de même que le bulletin de santé de M. Schumacher… — Bruno Bouvet (@bbouvet7574) 31 Décembre 2013
Zapper sur @itele apprendre qu’une « inquiétude mondiale » existe … Guerre ? Crise éco ? Réchauffement climatique ?Non santé de Schumacher — Dan_Dhombres (@Dan_Dhombres) 31 Décembre 2013
J’ai attendu BFMTV et iTélé à l’hôpital pour vous tenir au courant de ma santé, mais celle de Michael Schumacher est plus importante… — Géographe en carton (@Khlement) 31 Décembre 2013
Le CHU de Grenoble pris en otage
“Depuis hier, il y a environ deux fois plus de journalistes”, témoigne un reporter dépêché au CHU de Grenoble. “Les moyens techniques sur place sont impressionnants. Les médias viennent de toute la planète ». Problème : les journalistes présents sur le site ont tendance à reporter leur impatience sur les médecins. “Certains questions sont parfois un peu stupides. Elles poussent les médecins dans leur retranchement et cherchent à tirer des phrases sensationnelles sur l’état de santé de Michael Schumacher”, explique le journaliste, qui insiste sur le côté “sordide” du traitement médiatique de l’affaire par certains médias. Cet après-midi encore, un homme, probablement journaliste, s’est aussi déguisé en prêtre pour tenter de s’approcher de la chambre où est hospitalisé le champion allemand.Un journaliste se déguise en prêtre pour tenter de voir Schumacher http://t.co/I3Xt7j8bk3 — Flash Presse (@FlashPresse) 31 Décembre 2013
Sur certains comptes, des utilisateurs exaspérés par la situation ont pour leur part fustigé l’instrumentalisation de l’hôpital public.
C’est un CHU qui a été choisi pour tenter de sauver Schumacher, un hôpital public. Non non, pour rien… — Marc uhry (@marcuhry) 31 Décembre 2013
Pensée pour #Schumacher, exilé fiscal, aujourd’hui entre les mains de l’hôpital public. — Hervé G. (@rvgtweets) 31 Décembre 2013
Schumacher décédé avant l’heure
Point d’orgue de cette agitation médiatique : le dérapage de certains internautes qui, sans scrupules, ont pris les devants en créant des pages Facebook intitulées “R.I.P Michael Schumacher’’, alors l’état de santé de l’ancien pilote de formule 1 était jugé critique. Des pratiques qui n’ont pas manqué de susciter également l’ironie chez certains utilisateurs de Twitter :Histoire d’être les « premier » au cas où … La page d’hommage à Michael Schumacher vient d’être créé … https://t.co/2XZIDB3eMt #Abject — Vincent (@VinsRo) 29 Décembre 2013
Mise à jour du 2 janvier 2013 : La situation a évolué depuis le 1er janvier. Plusieurs médias espagnols en ligne dont Eurosport ont alors évoqué « l’expulsion » des médias du parking où ils se trouvaient jusqu’à présent pour couvrir l’événement. Une situation qui fait visiblement suite à l’agacement de certains médecins du CHU et de la famille de Michael Schumacher. Ce jeudi 2 janvier, le service de communication de la direction du CHU confirme l’information. « Il fallait apaiser l’accès au site et à l’entrée de l’établissement. C’est pourquoi nous avons demandé aux journalistes de déplacer leurs véhicules sur un parking, situé à proximité immédiate des urgences, parking qui leur est dédié. Ce transfert a été réalisé pour des raisons de sécurité ». La direction précise par ailleurs que son « service de sécurité a été renforcé ». A cette heure, le ballet des journalistes continue. Ce matin, une retraitée a d’ailleurs exprimé son mécontentement à leur égard, comme le relate un article du Monde relayé sur Twitter (ci-dessous). Faute de nouvelles informations de la part des médecins du CHU sur l’état de santé de Michael Schumacher, les médias s’interviewent désormais entre eux.#Schumacher « Vous les journalistes, vous attendez tous qu’il soit mort » lance Monique au CHU de Grenoble. http://t.co/24e2q2Jpzn
— Stéphane Mandard (@StephaneMandard) 2 Janvier 2014