Dans les pas de l’alpiniste anglais Chris Bonington, huit jeunes grimpeurs âgés de 15 à 18 ans se préparent à entreprendre l’ascension des montagnes d’Écosse. Emmenés par l’école d’aventure du Club alpin français Grenoble-Isère, ces quatre garçons et quatre filles peaufinent leur préparation, tant physique que logistique. En attendant le grand saut, en août 2014, rendez-vous aux Rencontres du cinéma de montagne de Grenoble du 18 au 22 novembre 2013.
Ils sont huit jeunes grimpeurs de l’école d’aventure du Club alpin français (Caf) Grenoble-Isère. Quatre garçons et quatre filles âgés de 15 à 18 ans qui se préparent à se frotter au rocher écossais. Le fil conducteur qui les mènera au pied des tours de grès marines comme dans les montagnes de l’île de Skye ? Chris Bonington, célèbre alpiniste anglais qui a réalisé des premières en Écosse dans les années 60 et qui est notamment l’auteur de la première ascension du pilier central du Freney,dans le massif du Mont-Blanc. Un an de préparation Au programme : dix jours de grimpe, du 11 au 20 août 2014 mais pas seulement. Car le projet, encadré par deux professionnels de la montagne et deux bénévoles du Caf, s’apparente à une mini-expédition. Une année de préparation est nécessaire pour mener à bien le voyage. Aux classiques séances d’entraînement au mur et sur les falaises de la région vient se greffer l’apprentissage des techniques d’assurage et de protection propres à ce type de grimpe qu’est le terrain d’aventure. Au programme également, connaissance du milieu montagnard, organisation logistique, recherche de financements, actions à mettre en œuvre pour se faire connaître… Rendez-vous aux Rencontres du cinéma de montagne Il y a donc une vie avant la grimpe. Et ça aussi, cela s’apprend. Les jeunes se relaieront ainsi, toute la semaine, pour parler de leur projet et vendre des gâteaux sur le stand du bureau des guides et accompagnateurs de Grenoble, à l’occasion des Rencontres du cinéma de montagne du 18 au 22 novembre 2013 au Summum de Grenoble. Implication et motivation de rigueur ! Quand bien même certains d’entre eux affichent déjà un solide bagage technique – 6b, 6c voire 7a en falaise – ils vont devoir apprendre à composer avec le profil et les contraintes de l’escalade à l’anglo-saxonne. Place au terrain d’aventure En Écosse, le point culminant, qui est aussi le plus haut sommet du Royaume-Uni, c’est le Ben Nevis et ses 1344 mètres. Évidemment, vu des Alpes, pas de quoi donner le vertige. Mais les apparences peuvent être trompeuses… Là, pas de calcaire grenoblois ni de solide granite chamoniard. Place aux tours de grès les pieds dans l’eau et leur cortège de mouettes, pas toujours sympathiques. Place aux embruns et à une météo pas souvent conciliante. Et gare aux inconnues qui peuvent surgir, comme ces essaims de moucherons que l’on dit particulièrement agressifs. Là, pas de jolies lignes régulièrement spittées, entendez jalonnées de protections fixes et solidement ancrées dans le rocher. Place au terrain d’aventure et à l’esprit anglais ! Ici, c’est le grimpeur qui place et enlève ses protections, découvrant et laissant derrière lui, une nature à peu près vierge. « Il faudra explorer » Les jeunes vont devoir apprendre à manipuler « friends » (coinceurs mécaniques) et autres coinceurs pour pouvoir s’assurer durant leur ascension. Ils vont devoir aussi apprendre à lire le rocher. « Dans les Alpes, quand on grimpe sur coinceurs, on va à Chamonix, où l’on trouve de belles fissures bien visibles », explique Julien Chaussidon, brevet d’État escalade et canyon et initiateur du projet, aux côtés du guide de haute montagne Benoît Chanal*. « En Écosse, il faudra explorer et être plus imaginatif sur la façon de placer les protections. » Les jeunes vont apprendre à découvrir une autre façon de grimper, mais aussi une autre façon de voir la montagne. Car l’éthique britannique, c’est une grimpe avec peu d’équipements en place, voire sans. Éthique, esthétique… C’est aussi un entraînement à la montagne. « Ce n’est pas le même jeu », continue Julien Chaussidon. « L’itinéraire, ce n’est pas forcément la ligne droite ! » Les jeunes grimpeurs vont découvrir un autre terrain de jeu, fait de tours rocheuses et de courses d’arêtes. Le voyage les emmènera sur les Sea stacks (écueils rocheux) des côtes du nord de l’Écosse, mais aussi dans les réputées montagnes de l’île de Skye et sur l’incontournable Ben Nevis. En point d’orgue : l’escalade de « Old man of Hoy », la plus haute tour marine du Royaume-Uni. Cent trente sept mètres de terrain d’aventure cotés 6a+ et 6b, où la météo a vite fait de faire grimper les cotations. 47 ans après Chris Bonington, les Français n’ont pas choisi les parois les plus hautes. Mais pas les plus accessibles non plus. Patricia Cerinsek * Élisabeth Renard, responsable escalade au Caf Grenoble, et Alexandre Quelin, grimpeur au Caf, complètent l’encadrement de façon bénévole. Retrouvez le groupe sur leur blog : cafgi-jeunes.overblog.com/sur-les-traces-de-chris-boningtonChris Bonington, de l’Écosse à l’Himalaya Écrivain, photographe, conférencier, Chris Bonington est avant tout un alpiniste reconnu par ses pairs pour ses nombreuses ascensions et son engagement en montagne. Auteur de la première ascension britannique de l’Eider, il fut le chef d’expédition de la première ascension de la face sud de l’Annapurna, à l’époque considérée comme la plus difficile en Himalaya. A son actif également, la première ascension de la face sud-ouest de l’Everest en 1975, le sommet de l’Everest dix ans après, ou bien encore la Tour centrale du Paine en Patagonie. Et, à bientôt 80 ans, il continue d’enfiler ses chaussons… d’escalade