DÉCRYPTAGE – Téléphones portables, micro-ondes, tablettes numériques, Wi-fi, baby-phones… les ondes électromagnétiques sont devenues omniprésentes. Ont-elles des effets sur notre santé ? Alors que les études se multiplient, et parfois se contredisent, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) vient de publier un rapport sur le sujet. L’occasion de revenir sur le cas de Grenoble, où a été menée une expérimentation pour réduire le niveau d’exposition.
Des « effets biologiques », notamment sur le sommeil et la fertilité mais « pas de risques sanitaires avérés ». Des recommandations visant à systématiser les études préalables à toute implantation d’antennes-relais mais pas de nouvelles valeurs limites d’exposition aux ondes électro-magnétiques… Intitulé « Radiofréquences et santé », le rapport de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), attendu en début d’année puis finalement sorti le 15 octobre, aurait-il accouché d’une souris ? Il est, en tout cas, pour le moins contradictoire… Réalisé à partir de 300 études scientifiques internationales menées jusqu’en 2012, celui-ci reprend, à quelque chose près, les conclusions d’un précédent document paru en 2009. Tentant, tant bien que mal, de ménager la chèvre et le chou, le rapport est jugé pour le moins « frileux » par les associations, qui réclament que soit appliqué le principe de précaution face à des technologies dont l’impact sanitaire reste méconnu. L’Anses appelle à la prudence « Pour l’Anses, il n’y a jamais de preuves suffisantes pour aller vers une prévention indispensable », pointe Jacqueline Collard, présidente de l’association Santé environnement en Rhône-Alpes (Sera). L’Anses continue donc de recommander… Comme en 2009, le téléphone portable est déconseillé aux enfants. Comme en 2009, le kit mains libres est recommandé pour les gros utilisateurs. Comme en 2009, les valeurs limites d’exposition aux ondes des antennes-relais restent fixées à 41 et 61 V/m. Des normes que l’on sait complètement dépassées… « On comprend bien que, vu l’intérêt économique que représente le téléphone mobile, à savoir 5 % du PIB, il semble inenvisageable de limiter son expansion », continue Jacqueline Collard. « Mais comment voir le déploiement de la 4G sans qu’aucune étude d’impact ne soit réalisée, d’autant que pour certains l’exposition serait fortement augmentée ? » Si on lit bien le rapport de l’Anses, les risques existent. Ils sont d’ailleurs inscrits noir sur blanc : « plusieurs publications évoquent une possible augmentation du risque de tumeur cérébrale, sur le long terme, pour les utilisateurs intensifs de téléphone portable », résume le collège d’experts. En l’état actuel des connaissances, il suffirait en réalité de trente minutes par jour, à partir de dix ans d’utilisation. Mais les associations sont, elles, beaucoup plus prudentes : « Il faut utiliser le portable avec précaution », assure Jacqueline Collard. « Et en limiter fortement l’utilisation aux moins de 18 ans. » L’expérimentation grenobloise classée sans suite
Pourtant, des solutions existent. On sait ainsi qu’en multipliant le nombre d’antennes-relais il est possible de baisser les valeurs d’exposition de la population, sans que la qualité de la réception ne s’en ressente. Grenoble en a d’ailleurs fait l’expérience, comme le rappelle Jacqueline Collard. « L’expérimentation menée à Grenoble a montré que l’on pouvait passer à des niveaux d’émission de 0,6 V/m ». Mais depuis, rien de nouveau, là non plus. A Grenoble, la 4G se déploie même à toute vitesse avec, dans son sillon, des débits toujours plus rapides et son corollaire, des ondes plus puissantes. Alors les associations dénoncent la multiplication des antennes-relais et le manque de transparence des opérateurs, qui va de paire avec une absence de concertation. « On peut baisser les valeurs d’exposition », poursuit la présidente de Sera. « On n’est pas obligé de regarder un match de foot au fin fond de sa cave ! ». Manière de pointer les contradictions, des usagers cette fois. En attendant, pour l’association Sera, ce rapport de l’Anses, fruit de deux ans de travaux menés par seize experts, n’a guère fait avancer la connaissance ou si peu. A part immiscer un peu plus de doutes concernant la validité d’expertises longues et coûteuses. D’autant que l’Anses a annoncé deux autres rapports pour 2014. Un consacré aux électro-sensibles, l’autre aux enfants. Y verra-t-on un peu plus clair, alors que tablettes numériques, consoles vidéo et autres Wii inondent le marché des jouets sans qu’aucune étude préalable ne valide leur innocuité ? Pas sûr. Patricia Cerinsek
Des « effets biologiques », notamment sur le sommeil et la fertilité mais « pas de risques sanitaires avérés ». Des recommandations visant à systématiser les études préalables à toute implantation d’antennes-relais mais pas de nouvelles valeurs limites d’exposition aux ondes électro-magnétiques… Intitulé « Radiofréquences et santé », le rapport de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), attendu en début d’année puis finalement sorti le 15 octobre, aurait-il accouché d’une souris ? Il est, en tout cas, pour le moins contradictoire… Réalisé à partir de 300 études scientifiques internationales menées jusqu’en 2012, celui-ci reprend, à quelque chose près, les conclusions d’un précédent document paru en 2009. Tentant, tant bien que mal, de ménager la chèvre et le chou, le rapport est jugé pour le moins « frileux » par les associations, qui réclament que soit appliqué le principe de précaution face à des technologies dont l’impact sanitaire reste méconnu. L’Anses appelle à la prudence « Pour l’Anses, il n’y a jamais de preuves suffisantes pour aller vers une prévention indispensable », pointe Jacqueline Collard, présidente de l’association Santé environnement en Rhône-Alpes (Sera). L’Anses continue donc de recommander… Comme en 2009, le téléphone portable est déconseillé aux enfants. Comme en 2009, le kit mains libres est recommandé pour les gros utilisateurs. Comme en 2009, les valeurs limites d’exposition aux ondes des antennes-relais restent fixées à 41 et 61 V/m. Des normes que l’on sait complètement dépassées… « On comprend bien que, vu l’intérêt économique que représente le téléphone mobile, à savoir 5 % du PIB, il semble inenvisageable de limiter son expansion », continue Jacqueline Collard. « Mais comment voir le déploiement de la 4G sans qu’aucune étude d’impact ne soit réalisée, d’autant que pour certains l’exposition serait fortement augmentée ? » Si on lit bien le rapport de l’Anses, les risques existent. Ils sont d’ailleurs inscrits noir sur blanc : « plusieurs publications évoquent une possible augmentation du risque de tumeur cérébrale, sur le long terme, pour les utilisateurs intensifs de téléphone portable », résume le collège d’experts. En l’état actuel des connaissances, il suffirait en réalité de trente minutes par jour, à partir de dix ans d’utilisation. Mais les associations sont, elles, beaucoup plus prudentes : « Il faut utiliser le portable avec précaution », assure Jacqueline Collard. « Et en limiter fortement l’utilisation aux moins de 18 ans. » L’expérimentation grenobloise classée sans suite
Pourtant, des solutions existent. On sait ainsi qu’en multipliant le nombre d’antennes-relais il est possible de baisser les valeurs d’exposition de la population, sans que la qualité de la réception ne s’en ressente. Grenoble en a d’ailleurs fait l’expérience, comme le rappelle Jacqueline Collard. « L’expérimentation menée à Grenoble a montré que l’on pouvait passer à des niveaux d’émission de 0,6 V/m ». Mais depuis, rien de nouveau, là non plus. A Grenoble, la 4G se déploie même à toute vitesse avec, dans son sillon, des débits toujours plus rapides et son corollaire, des ondes plus puissantes. Alors les associations dénoncent la multiplication des antennes-relais et le manque de transparence des opérateurs, qui va de paire avec une absence de concertation. « On peut baisser les valeurs d’exposition », poursuit la présidente de Sera. « On n’est pas obligé de regarder un match de foot au fin fond de sa cave ! ». Manière de pointer les contradictions, des usagers cette fois. En attendant, pour l’association Sera, ce rapport de l’Anses, fruit de deux ans de travaux menés par seize experts, n’a guère fait avancer la connaissance ou si peu. A part immiscer un peu plus de doutes concernant la validité d’expertises longues et coûteuses. D’autant que l’Anses a annoncé deux autres rapports pour 2014. Un consacré aux électro-sensibles, l’autre aux enfants. Y verra-t-on un peu plus clair, alors que tablettes numériques, consoles vidéo et autres Wii inondent le marché des jouets sans qu’aucune étude préalable ne valide leur innocuité ? Pas sûr. Patricia Cerinsek
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