DECRYPTAGE – Après plus d’un an d’arrêt, le site industriel du producteur de papier recyclé Vertaris, basé à Voreppe, est sur le point de redémarrer. La Communauté du Pays voironnais qui s’était battue pour éviter le démantèlement de l’entreprise vient en effet tout juste de conclure un accord avec un consortium suisse. Ce dernier va investir 53 millions d’euros pour produire de la pâte à papier recyclée haut de gamme et de l’énergie renouvelable.
Coup de théâtre à Voreppe : le site du papetier Vertaris qui avait déposé le bilan en juillet 2012, va connaître une nouvelle vie. Activapro AG, consortium suisse, intermédiaire de fonds d’investissement nord-américains, prévoit d’investir 53 millions d’euros sur le parc d’activités de Centr’Alp et de créer 70 emplois. Avec un objectif clairement affiché : devenir un acteur majeur en Europe de la production de pâte à papier recyclée de haute qualité. Et pour cause : le marché est plus que jamais porteur. La demande de papier recyclé ne cesse de croître, du fait d’une réglementation environnementale de plus en plus contraignante et du désir des multinationales de diminuer leur empreinte carbone. Preuve de cet intérêt, le groupe Véolia se serait porté acquéreur, selon une source proche du dossier. Mais la multinationale se serait finalement fait coiffer au poteau sur la dernière ligne droite. Le succès de ce rachat ne doit cependant rien au hasard. Il résulte de l’opiniâtreté de deux anciens dirigeants de Vertaris, Jean-Carlos Fernandes et François Vessière, ainsi que des élus du Pays Voironnais. Tous voulaient que ce site reprenne vie, étant convaincus que la qualité de l’outil industriel et les savoir-faire acquis laissaient envisager sa reconversion dans l’économie verte. C’est l’Agence française pour les investissements internationaux et son relais à Grenoble, l’Agence d’étude et de promotion de l’Isère, qui ont ensuite rendu la chose possible. L’épisode Vertaris Pour mémoire, la société Vertaris créée fin 2009 sur l’ancien site des papèteries Matussière et Forest à Voreppe avait suscité beaucoup d’espoirs avant de capoter. L’idée de départ, qui consistait à produire du papier extra-blanc recyclé, était bonne mais un ensemble de facteurs avait alors concouru à sa perte. L’envolée du prix de la pâte à papier – de plus de 80% en un an – et le manque de soutien des banques avaient, en particulier, été fatals à l’entreprise souffrant d’une sous-capitalisation depuis son origine. En juillet dernier, suite à la liquidation de la société Vertaris un an plus tôt, la Communauté du Pays voironnais a acquis l’ensemble des machines et installations. Les élus entendaient ainsi éviter le démantèlement de ce site industriel performant, en prévision d’un éventuel redémarrage. Une stratégie qui s’avère aujourd’hui payante, puisqu’elle vient de céder à la société Activapro AG l’ensemble de l’outil industriel pour un montant de 1,5 million d’euros. En septembre 2010, le Pays voironnais avait déjà racheté le terrain de 15 hectares et près de 70 000 mètres carrés de bâtiments pour permettre au projet Vertaris de démarrer. Des bâtiments et un terrain également revendus à Activapro AG, à hauteur de 3,75 millions d’euros.Un outil de désencrage unique
L’usine de Voreppe n’a pas été choisie par hasard. Elle dispose d’un outil de désencrage unique en France et de l’un des plus performants d’Europe permettant même de recycler de vieux papiers usagers. Une machine de séchage, aujourd’hui installée en Suède, viendra par ailleurs compléter ce dispositif. A terme, le site devrait également produire de l’énergie renouvelable. Une installation de cogénération biomasse permettra en effet de fournir de l’électricité grâce à la chaleur produite sur l’unité de production. De quoi créer douze emplois supplémentaires. Muriel Beaudoing et Paul TurenneUne histoire mouvementée Septembre 2008 : liquidation judiciaire du groupe papetier Matussière et Forest, basé à Meylan, prononcée par le tribunal de commerce de Grenoble. 720 salariés sont licenciés, dont 230 à Voreppe. A cette occasion, la Communauté du Pays voironnais perd 2,5 millions d’euros de taxe professionnelle. Novembre 2009 : création de la société Vertaris qui permet le réemploi de 120 salariés sur le site de Voreppe. Septembre 2010 : acquisition par la communauté du Pays voironnais de l’ensemble immobilier du site industriel. Septembre 2011 : placement en redressement judiciaire de Vertaris, la société n’étant plus en capacité de payer ses fournisseurs. Juillet 2012 : liquidation judiciaire de Vertaris par le tribunal de commerce de Grenoble. Juillet 2013 : acquisition de l’outil industriel par la communauté du Pays voironnais. 11 octobre 2013 : la société suisse Activapro AG annonce qu’elle va redémarrer l’activité du site et créer 70 emplois en investissant 53 millions d’euros.